Séances Générales 1941 de Zofingue Neuchâtel

Séances Générales 1941 de Zofingue Neuchâtel

janvier, 1941
Marlène / Imp. Lith. H. Messeiller
Stéphane Thurnherr

Carte postale, non voyagée, éditée à l’occasion des Séances Générales 1941 de Zofingue Neuchâtel.

Dans les avis tardifs de la FAN l’Express du 4 février 1941, on trouve ceci :

« Ce soir à 20 h. 15, au Théâtre UNIQUE REPRÉSENTATION DE ZOFINGUE : Les Plaideurs, de Racine et une MONTURE LOCATION AU MENESTREL »

Dans l’édition du lendemain, on trouve le compte-rendu suivant :

« AU THEATRE Les « générales » de Zofingue Quand J'étais bellettrien — les Zofinglens m'en voudront-ils de commencer ainsi ce compte-rendu ? — un de mes rêves secrets était de faire Jouer les «Plaideurs » par la société à laquelle j’appartenais. Mais le temps n'était pas aux pièces de la période classique. A vrai dire, de nos prédécesseurs en avaient tant usé — je ne dis nullement abusé — que nous éprouvions une sorte d'ivresse à nous ruer vers autre chose. Il me semblait cependant que les « Plaideurs »... Voici que Zofingue, fort joliment ma foi, monte cette comédie étincelante pour laquelle je sens revenir toute ma prédilection d'antan. Bellettriens d'il y a dix ans, mes frères, rendons les armes à Zofingue 1941 qui (sur ce point seulement, bien entendu !) nous a nettement battus. Quelle heureuse idée d'abord de nous avoir lu la préface que Jean Racine a mis à sa comédie ! Ce souverain génie savait aussi être un grand esprit, Jugeant intelligemment et avec goût de son art et de toutes les choses du théâtre. L'alliance du génie et de la raison est rare à une époque d'intégral déséquilibre : on ne saurait donc assez l'apprécier ; comme l'on ne saurait assez apprécier aussi que ce grand tragique se soit mué, pour une fois, en grand comédien, il n'est pas de trait dans les « Plaideurs » qui ne porte et qui, touchant un ridicule, n'engendre aussitôt le rire. Et quelle charge, grands dieux! quelle cinglante et toujours ironique satire des juges et des avocats de ce temps I On frémit en songeant à quel point le malheureux qui, aujourd'hui, s'abandonnerait à sa verve de la sorte, aux dépens de notre solennelle magistrature, serait honni de toute la société pensante. Tel est, après tout, le fruit d'un siècle et demi de libre pensée...

Zofingue a enlevé la pièce avec un entrain jamais en défaut. Elle a su rendre, à souhait, ce mouvement endiablé qui,,d'un bout à l'autre, est celui de la comédie et cela grâce à une équipe de jeunes acteurs vraiment excellents. Notons, en particulier, que dans le rôle de « L'Intimé» B. de Montmollin fit preuve d'un réel talent, plus spécialement à l'endroit où il se mua en avocat. Le juge Dandin (H. Bauer) et le plaideur Chlcaneau (Ch. Jacot) trouvèrent fort bien la note comique qui convenait. Quant à Léandre (J.-J. Bolli) et à Petit-Jean (J.-P. Luther), ils se tirèrent très honorablement d'affaire. Soulignons que Zofingue est revenu, pour les rôles féminins, à la grande tradition estudiantine des travestis, laquelle est fort amusante. Autant la comtesse (E. DuBois) qu'Isabelle (R. Châtelain) firent merveille. Ce dernier, ou plutôt cette dernière trouva même le moyen d'être... parfaitement jolie ! On serait injuste enfin si l'on ne mentionnait pas que tout le mérite de la mise en scène revient à M. S. Puthod, professeur au Conservatoire . Que dire de la monture ? Peut-être un peu inégale, elle fut en tout cas amusante et, sous nos yeux , défilèrent tour à tour les agents de la D.A.P., Diogène, le chercheur d'hommes, M. Gonzague de Reynold, M . Pierre Laval et M. Willkie, de honteux accapareurs, un Italien et un Anglais, puis M. Jean Kiehl ! C'est faire montre à coup sûr d'un grand éclectisme dans le choix des victimes.»

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  • Renata Roveretto

    Cher monsieur Stéphane Thurnherr

    Merci pour cet excellent partage qui fait revivre des souvenirs aussi à moi avec vos rigolades de travestis. Oui cela me ramènée en France dans l'arrière pays de Marseille et dans la région de Cassis ou ayant planté la tente, je m'étais un soir retrouvée avec mes amis déjà pas trop mâle dans leur savoir vivre, et là ils étaient déguisés en partie avec mes fringues sans parler du peu de maquillage que j'avais avec moi. Au final on s'était fait notre pièce de théâtre en plein air avec des photos très colorés prise par un jeune homme qui s'éclatait de rire avec nous... Mais voilà ou sont ils passés ces photos ? Mystère !

    Amicalement Renata

Stéphane Thurnherr
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8 juin 2024
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