Harriel de Lovelace

Harriel de Lovelace

24 janvier 2016
Rémy Glardon

MONUMENT INSOLITE DU CIMETIÈRE D'AUBONNE

Le tombeau de Harriel de LOVELACE, décédée à Aubonne le 27 novembre 1864

Le monument élevé à la mémoire de Harriel de Lovelace doit être certainement parmi l'un des premiers à avoir été érigé sur le bas de la parcelle dévolue au nouveau cimetière de la ville, après la désaffectation de celui du Poyet en 1863.

L'originalité du tombeau provient de l'existence d'une statue en posture de prière (orant) face à une croix posée sur le sarcophage proprement dit, qui lui confère un aspect inhabituel dans notre contrée. La singularité de ce monument par rapport aux autres sépultures du lieu, représentatif de la statuaire dans l'esprit du XIXème siècle, font qu'il apparaît sans nul doute comme l'un des ornements du cimetière de la ville, dont il constitue l'un plus anciens monuments funéraires. La concession de trente ans accordée à l'origine par la Municipalité d'Aubonne à la fille de la défunte, ainsi que la particularité du monument, lui ont certainement valu d'être épargné par les désaffectations successives du nouveau cimetière de la ville.

Pour des raisons de santé, elle vint faire un long séjour en Suisse, d'abord à Rolle, puis à Aubonne, où elle trouve un logement à Trévelin.

La défunte, Harriel de Lovelace, était originaire du comté de Kent, en Angleterre, où elle a vécu et où elle eut le malheur de perdre successivement son mari et deux de ses enfants. Pour des raisons de santé, elle vint faire un long séjour en Suisse, d'abord à Rolle, puis à Aubonne, où elle trouve un logement à Trévelin

Sa fille, Georgina de Lovelace (qui est représentée sur le monument) vint la rejoindre et demeura à Aubonne jusqu'en 1867. Après la mort de sa mère, survenue le 27 novembre 1864, à Aubonne, elle fit ériger un monument funéraire imposant, sculpté par Frédéric Dufaux, de Genève ; qui représente la fille, Georgina, priant pour le repos de l'âme de sa mère, Harriel de Lovelace.

Lors de la désaffectation de cette partie du cimetière d'Aubonne, le tombeau a été conservé à son emplacement originel, conformément au vœu de Georgina de Lovelace, fille de la défunte.

Le monument funéraire comprend un sarcophage sous la forme d'un cercueil, surmonté de la sculpture en grès de la fille de la défunte, pieds et tête nus, agenouillée sur un coussin, les mains jointes dans une attitude de prière. (Orant)

L'achat de la concession

Dans une lettre du 27 avril 1867, Georgina de Lovelace demande à la Municipalité d'Aubonne l'autorisation de placer un monument sur le tombeau de sa mère et de lui vendre le terrain afin que cette tombe puisse y demeurer à perpétuité.

A Messieurs les membres du Conseil communal d'Aubonne,

Messieurs,

Je viens vous adresser une prière qui part du plus profond de mon âme...c'est pour vous solliciter de me vendre le terrain où repose le Corps de ma Mère adorée pour que le Monument funèbre que j'ai fait construire en sa mémoire & qui est destiné à être placé sur le Caveau, puisse y rester à perpétuité & que rien ne soit ni touché ni déplacé quand même avec le temps tout aux alentours subirait un changement.

Si le corps de ma bien-aimée Mère repose ici sur une terre étrangère, c'est que la distance était trop considérable pour le faire transporter en Angleterre où nous avons nos deux vastes caveaux de famille.

Le petit croquis que vous recevez ci-joint avec la description du monument, ne vous donneront qu'une très faible idée de la beauté de cet ouvrage d'art dont la valeur est estimée à six mille Francs environ.

Vous savez combien le lien entre Parents & Enfants est cher et sacré à nos cœurs, & tout ce qu'on doit souffrir quand on a perdu comme moi, Père, Frère et Sœur, & qu'après avoir concentré toutes ses affections sur ma Mère chérie, de voir aussi cette consolation enlevée, restant ainsi Orpheline sur une terre étrangère où nous étions venues pour le rétablissement de sa santé déjà ébranlée par des pertes cruelles.

En exauçant cette prière - en me vendant le terrain où repose le Corps de ma Mère bien-aimée, (car l'âme est au ciel), vous soulageriez par tout ce qui est dans votre pouvoir cette douleur profonde d'une plaie qui ne se cicatrisera jamais...ne repoussez pas à l'Orpheline ce soulagement & le ciel vous rendra mille & mille fois le bienfait accordé

C'est donc en votre bonté, Messieurs, que je mets toute ma confiance - tout mon espoir - & en attendant, veuillez, je vous prie, agréer l'expression de ma considération la plus parfaite ainsi que de mes sentiments bien distingués.

Textes gravés sur le tombeau

Ce monument funèbre a été élevé par l'orpheline dont la statue est le portrait, sculpté par Fr. Dufaux, Genève.

« DANS CE CAVEAU REPOSE HARRIEL DE LOVELACE, VEUVE, LA MEILLEURE DES MERES, DECEDEE LE 27 NOVEMBRE 1864 DANS LA PAIX DU SEIGNEUR, ARROSEE DES LARMES DE SON ENFANT. »

« LA OU LES LARMES CESSERONT DE COULER, OU LA JOIE REMPLACERA LA DOULEUR, NOUS SERONS UNIES POUR NE PLUS NOUS QUITTER ET DIEU COURONNERA NOTRE BONHEUR

GEORGINA DE LOVELACE

L........QU'EN TOI *** MAINTENANT IL EST MON PARTAGE A TOUJOURS

DIEU ETERNEL, ROCHER DE MON COEUR ET *** PSAUME LXXIII, VERSET 25,8,26

LA MORT DES *** BIEN-AIMES DE L'ETERNEL *** EST PRECIEUSE

DEVANT SES YEUX *** PSAUME XXI VERSET IV

Le sculpteur, Frédéric Dufaux

Frédéric Dufaux, sculpteur genevois, né en 1820 aux Ponts-de-Martel (canton de Neuchâtel), mort à Genève en 1871 ; fut élève de Louis Dorcière pour le modelage et de Jules Hébert pour le dessin d'académie.

Bien que sculpteur industriel pour le bâtiment, de même que pour la décoration du mobilier ou de panneaux décoratifs d'intérieur, Dufaux a produit quelques œuvres d'art fort typiques parmi lesquelles on peut citer les deux lions de la campagne Favre, la Grange aux Eaux-Vives, une statue de femme dans la campagne Gérébstoff aux Charmilles, une statue de pêcheur dite « Le Séchoteur » au musée Rath, une statue de de Sausure et de Jacques Balmaz pour un hôtel de Chamonix.

Parmi les bustes qui décorent la façade de l'Athénée, à Genève, trois sont l'oeuvre de Dufaux; il a également produit le buste de G. Eynaud, en marbre, qui se trouve dans l'escalier de l'Athénée; le buste de Mlle G. Eynard, le buste deMme Ariane Revilliod au musée de l'Ariana, et le buste de Lasalle.

Enfin, trois bustes exécutés l'année de sa mort pour la salle des Cinq-Cents, à l'Université de Genève ; une statuette en plâtre du portrait de François Diday, au Musée Rath. Dans le cimetière d'Aubonne, on peut voir le portrait statue de Miss Lovelace agenouillée sur la tombe de sa mère.

François Dufaux est le père de Frédéric Dufaux-Rochefort, peintre et sculpteur genevois.

Informations tirées du site albona.ch avec l'aimable autorisation de son administrateur. http://www.albona.ch/lovelace.htm

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Rémy Glardon
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8 janvier 2017
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