J.S. Bach, BWV 871-2, W.A. Mozart KV 405-1, Lionel ROGG, clavecin, Quatuor Bulgare, HM 739
J.S. Bach, BWV 871-2, W.A. Mozart KV 405-1, Lionel ROGG, clavecin, Quatuor Bulgare, HM 739
BACH chez MOZART - 6 fugues pour clavecin de Bach et leurs transcriptions pour quatuor à cordes de Mozart, Lionel ROGG, clavecin, Quatuor Bulgare, Harmonia Mundi HM 739
En 1968, Harmonia Mundi publia un disque assez particulier avec 6 fugues du „Clavier bien tempéré“ de Johann Sebastian Bach - interprétées au clavecin par Lionel ROGG - et leurs transcriptions pour quatuor à cordes de Wolfgang Amadeus Mozart interprétées par le Quatuor Bulgare, cinq de ces transcriptions étant précédée de préludes pour quatuor à cordes d'anonymes viennois d'avant 1796:
Un insert accompagnant le disque en donne une courte description:
"[...] À la fin du XVIIIme siècle et au début du XIXme, on avait perdu le souvenir de bien des oeuvres de Bach, qu’elles datassent d’Arnstadt, de Weimar ou de Leipzig: mais le «Clavier bien tempéré» ne tomba jamais dans l’oubli: c’était le seul point de jugement sur Bach et de comparaison avec Mozart et Beethoven: on le jouait toujours, et on le citait comme une oeuvre d’art exemplaire. Certes, la signification de l’oeuvre était influencée par les données esthétiques du temps, toutes dominées par le goût de la sensibilité, de l’«Empfindsamkeit», du rococo et du «Sturm und Drang» - et il en allait de même par l’interprétation: le «Clavier bien tempéré» parvenait ainsi au XXme siècle à travers le pianoforte, le piano puis le premier clavecin moderne, avant qu’on découvre l’intérêt du clavecin baroque. L’influence de Bach sur la musique de la fin du XVIIIme siècle passe donc principalement par le Prélude et Fugue qui en tant que possibilité instrumentale atteignait ses sommets dans le «Clavier bien tempéré».
Il existe six Fugues de Bach transcrites par Mozart pour quatuor à cordes. Elles sont encore inédites. Les cinq premières sont connues dans la bibliographie comme numéro 405 du catalogue Köchel, la sixième vient d’être découverte: c’est la XXIIme en si bémol, que Mozart a commencé de transcrire pour quatuor mais en la transposant en ut mineur. Il conserve d’ailleurs en général les tonalités de Bach - le n° 4 est transposé en ré mineur. Pour la sixième fugue, le travail de Mozart est arrêté vers le tiers et la partition a été continuée par son contemporain Anton Stadler.
Dès 1781, le baron Van Swieten réunissait les musiciens viennois pour leur faire connaître Bach: il provoqua ainsi la transcription de toutes les fugues du «Clavier bien tempéré, IIme partie», et d’autres encore. Et pour introduire ces fugues en quatuor - ou en trio, ou en quintette - les transcripteurs composèrent des préludes originaux dans la langue de leur temps. Il nous reste ainsi des documents intitulés par exemple «Sonata di Seb. Bach» ou «Quartetto di Seb. Bach» composés de Préludes de la fin du XVIIIme siècle et de fugues de Bach. Les auteurs de préludes s’effacèrent toujours devant le nom de Bach. Mais à la qualité de leur musique, on peut bien penser que ce n’étaient pas n’importe quels petits maîtres. Nombre de musicologues pensent avec le découvreur et le réalisateur de ces oeuvres, Raymond Meylan (*), que Haydn ou Mozart entrèrent en ligne de compte pour un ou deux préludes. Il existe une thèse qui a trait à ce problème, celle de Warren Kirkendale (**); mais la musique en est encore entièrement inédite: les préludes ont été copiés par Raymond Meylan directement à Vienne et à Melk. Ce disque présente donc un maillon essentiel à notre connaissance de J.S. Bach dans l’histoire de la musique à travers le témoignage de musiciens tels que Mozart et ses contemporains. [...]"
[*] Il n'est pas mentionné si Raymond MEYLAN, flûtiste, musicologue et compositeur vaudois - est l'auteur de ce texte, mais ceci me semble très probable.
Raymond Meylan, un portrait cité de cette page du site patrinum.ch
[**] «Fuge und Fugato in der Kammermusik des Rokoko und der Klassik. Eine historische, quellen- und stilkundliche Studie zum Repertoire in den Ländern der habsburgischen Krone», Warren Kirkendale, Universität Wien, 1961, publiée en 1966 chez Hans Schneider, Munich-Tutzing. Voir sous ce lien pour un condensé publié dans le «Journal of the American Musicological Society, Vol. 17 No. 1, Spring, 1964, pp. 43-65». Voir aussi sous ce lien pour une courte présentation de cette thèse publiée dans le «Journal of the American Musicological Society Vol. 20 No. 3, Autumn, 1967, pp. 501-504». Voir sous ce lien pour une autre présentation.
Quelques précisions sur le Quatuor Bulgare:
En 1956, Dimo Dimov et Alexandre Thomov, violons, Dimitre Tchilikov, alto et Dimitre Kosev, violoncelle, tous des jeunes musiciens, fondèrent le Quatuor Bulgare - aussi nommé Quatuor Dimov. Après avoir obtenu un second prix au Concours Leó Weiner à Budapest en 1963 et un second prix à Liège en 1964, il devient le Quatuor d'État de la Philharmonie de Sofia, aussi nommé Quatuor d'État Bulgare. L'année suivante, il décroche un premier prix à Münich, joue ensuite avant tout en France, enregistre surtout (en exclusivité?) pour Harmonia Mundi. À partir de 1972, les quatre membres du quatuor enseignèrent à l’Académie de musique de Sofia. En 1978 Nanko Dimitrov succèda à Alexandre Thomov. Dimo Dimov fut en outre ministre de la Culture du gouvernement bulgare en 1990-1991. Le quatuor fut dissous en 1993, Dimo Dimov fondant le Nouveau Quatuor Dimov de la radio nationale bulgare.
La pochette du disque Harmonia Mundi HM 739 - une simple enveloppe cartonnée avec un insert à l'intérieur: à cette époque Harmonia Mundi, ainsi que plusieurs autres de ces labels produisant des disques de coût assez modéré, préféraient investir plus dans l'enregistrement et le disque que dans la conception d'une belle pochette, politique tout-à-fait raisonnable.
L' enregistrement que vous écoutez...
Bach chez Mozart - 6 fugues pour clavecin de Bach, transcrites pour quatuor à cordes par Mozart, Lionel Rogg, clavecin, Quatuor Bulgare, Harmonia Mundi HM 739
- Fugue BWV 871-2 en do mineur et transcription KV 405-1 en do mineur 5:04
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