Dans l'été de 1898, la section Jaman (Vaud) construisit la cabane de Barberine, sur l'alpe de même nom, rive gauche de l'Eau noire, 1870 m, en maçonnerie, lambrissée à l'intérieur, toiture en bardeaux, mobilier et place pour 16 à 18 personnes. En 1905 et 1911 la cabane fut agrandie et pouvait abriter 45 personnes. Gardien, mais pas de vivres. En 1912, la section de Jaman étudia avec la section de Genève un projet de sentier allant de Sixt à Barberine par le col de Tanneverge.

A Barberine, à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, les touristes affluaient déjà dans la région. Ils rejoignaient le plateau d'Emosson par le col de la Gueulaz ou le col de Barberine, pour loger à la Cabane du Club Alpin de la section Jaman et, pour ensuite gravir les sommets environnants.

Le barrage de Barberine a été construit entre 1920 et 1925 par les Chemins-de-Fer fédéraux. La cabane de Barberine fut noyée lors de la mise en eau de Barberine.

Les adieux à la Cabane de Barberine.

Le dimanche du Jeûne, à 10 heures du matin, vingt-trois membres de la section de Jaman (Vevey) du C.A.S., étaient réunis à Barberine pour prendre officiellement congé de la cabane et de son fidèle gardien, M. Fréd. Lonfat. Quelques amis de Barberine avaient bien voulu se joindre à leurs collègues de Jaman pour la circonstance. C'étaient MM. Collet, de la section genevoise, professeur de géologie à l'Université de Genève, occupé actuellement à un relevé géologique dans la contrée; le Dr Jacot-Guillarmod, de la section des Diablerets; Ch. Jacot-Guillarmod, de la section de la Chaux-de-Fonds, membre d'honneur du C.A.S., dont le nom reste attaché à Barberine par le relevé topographique qu'il fit de la région et qui est, selon l'expression de M. Collet, « le plus beau morceau de notre carte Siegfried ».

La pluie avait fait trêve et un soleil radieux permit à l'assistance de se grouper aux abords de la cabane. Après l'exécution de la « Prière» de Jaques-Dalcroze, le président de la Section, M. Ch. Curchod, fit l'historique complet de la cabane, depuis le jour où sa construction fut décidée jusqu'à celui de la signature de l'acte d'expropriation par lequel les Chemins de fer fédéraux en deviennent les propriétaires, à partir du 1er octobre prochain. On sait que la cabane sera submergée par les eaux dès que le barrage de Barberine sera terminé.

Le moment le plus émouvant de la cérémonie fut celui où, en termes émus, le président remercia M. Lonfat et son épouse de leur fidèle et loyal gardiennage de plus de dix-sept années et leur remit, au nom de la section, une belle channe vaudoise avec dédicace. M. Lonfat eût bien aimé répondre, mais l'émotion était grande et il ne put que dire merci. Ce n'est pas seulement le gardien qui réalisait qu'en ce moment une page de son existence venait d'être tournée, mais la section de Jaman aussi, dans la personne de chacun des membres présents.

Le Comité avait heureusement fait monter là-haut quelques chauds rayons de « soleil vaudois » bien conservés dans des bouteilles que les jeunes membres de Jaman se mirent en devoir de déboucher et de transvaser dans la channe qui se mit à circuler, emplissant les verres d'un délicieux nectar qui remit bientôt un peu de joie dans les cœurs.

MM. Collet et Jacot-Guillarmod voulurent bien encore adresser quelques paroles aimables et rappeler quelques-uns de ces jolis souvenirs qui illustrent la vie d'une cabane du Club Alpin. Le « Cantique suisse » termina la partie officielle.

Tiré de : L'Echo des Alpes, Organe du Club Alpin Suisse, 1923

Une autre cabane:

Barberine, la cabane