Nouvelles Etrennes Fribourgeoises 1874page 98

DUEL D'OTHON DE GRANDSON
et de Gérard d'Estavayer
(1397)

Amédée VII, comte de Savoie, surnommé le Comte Rouge, venait de mourir subitement pendant une partie de chasse, à peine âgé de trente et un an.
On fit circuler le bruit qu'il avait été empoisonné et les soupçons tombèrent sur Othon de Grandson.
Ce seigneur avait des ennemis et des envieux à la cour du prince défunt, avec lequel il avait eu quelques difficultés, et dans cette catégorie on pouvait désigner en premier lieu Gérard d'Estavayer, qui osa même l'accuser ouvertement, comme il l'accusait depuis longtemps d'avoir déshonoré la maison d'Estavayer en entretenant des relations criminelles avec sa noble épouse la belle Catherine de Belp.
On comprend que Gérard ne voulût pas perdre une si belle occasion de satisfaire sa vengeance. Pour se dérober aux enquêtes, Othon alla chercher un refuge aux cours de France et d'Angleterre. On crut voir dans cette retraite une preuve de culpabilité.
Ses terres

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d'Aubonne et de Coppet furent confisquées, en 1393, et vendues au comte de Gruyère. Il fut cependant reconnu innocent par un'tribunal composé du roi de France et des ducs de Bourgogne et de Berry. Mais son

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implacable ennemi l'attendait.
Gérard d'Estavayer renouvela sa première accusation.
Othon la repoussa fièrement et accepta néanmoins le jugement de Dieu, c'est-à-dire le combat à outrance que lui proposait son rival. Ce mémorable combat eut lieu à Bourg en Bresse, le 7 août 1397.
Grandson, qui était âgé de plus de soixante ans, au dire d'Olivier de la Marche, fut frappé mortellement au premier choc et renversé dans la poussière.
Il tendit alors au vainqueur ses mains suppliantes; mais l'implacable Gérard les abattit d'un coup de son épée.
Le corps d'Othon, selon la tradition, fut transporté dans la cathédrale de Lausanne, où l'on a cru voir jusqu'aujourd'hui son tombeau.
Avec lui s'éteignit dans l'Helvétie occidentale l'illustre famille des Grandson.
Ce tragique événement, qui eut un immense retentissement, eut lieu au commencement du règne d'Ame VIII, ce prince de Savoie qui éleva si haut sa maison et qui porta un moment la tiare.