Oratoire des Florey

Oratoire des Florey

11 novembre 2010
,© Paul-André Florey
Michel Savioz

Historique de l'oratoire de la Confrérie des Florey dédié à Saint Georges

Exposé de Paul-André Florey lors de l'assemblée annuelle de la société du village de Vissoie, le 11 novembre 2010.

© Photos Michel Savioz

L'existence des oratoires de quartier à Vissoie est étroitement liée à la célébration de la Fête-Dieu. Cette solennité se célébrait dans le monde entier depuis 1264 sur l'ordre du pape Urbain IV (1261-1264). Mais c'est le pape Jean XXII (1316-1334) qui a institué la procession solennelle que l'on connaît encore de nos jours.

Au cours de la procession à travers les villes et les villages, voire la campagne, on s'arrête à différents endroits pour un recueillement, l'exécution de chants religieux et la bénédiction du St Sacrement. En ces lieux des reposoirs magnifiquement décorés et fleuris sont érigés bénévolement la veille par des paroissiens dévoués.

A Vissoie au cours des siècles, on a construit des reposoirs permanents qui, en fait, étaient des oratoires que l'on appelait en patois « tsapelètt-a », signifiant petite chapelle. Apparemment il en existait trois à Vissoie : L'un sur la route de Grimentz, vis-à-vis de l'église paroissiale, appelé oratoire de la « Terra » ; un deuxième se situait au-dessus de la place principale du village, adossé au grand bâtiment désigné par « maison des Florey » ; le troisième, selon Érasme Zufferey historien du val d'Anniviers, au sommet du village, au carrefour des deux chemins. Ces deux derniers furent démolis après 1895, suite à la construction du chemin autour de la colline du château qui devait servir dorénavant de parcours à la procession. Quant à l'oratoire de la « Terra » il fut démoli en 1954, lors de l'agrandissement de la route de Grimentz ; la statue fut déposée dans une niche aménagée dans le nouveau mur de soutènement, en bordure de la route, mais la société a survécu jusqu'en 1981.

Pour en venir à l'oratoire qui nous intéresse ce soir, on le désignait depuis la nuit des temps par « la tsapelètt-a di Florey » en patois, « la petite chapelle des Florey » ou l'oratoire des Florey, pour la bonne raison que ce petit sanctuaire été adossé au mur de base sud du bâtiment appelé « Maison des Florey ». En effet cette maison été habitée sur plusieurs étages par des gens portant le nom de Florey. Mais ce n'était pas un oratoire de famille, sa dénomination venait du fait qu'il était construit dans le bâtiment portant ce nom.

Il y avait une société dont faisaient partie quelques personnes du quartier qui avait la mission d'entretenir l'oratoire et de le décorer pour la solennité de la Fête-Dieu. En ce temps-là, où il y avait une association il y avait immanquablement une vigne, une cave et un procureur qui avait la mission de gérer ce bien.

Selon Guillaume Florey (1894-1984), dernier sociétaire encore vivant en 1981, il y avait la société de la « Tsapelètt-a di Florey », avec un procureur et un vice procureur, une vingtaine de sociétaires, une vigne à Sierre, une cave et une salle de réunion à proximité de la « tsapelètt-a ». Le procureur n'exerçait sa fonction que durant une année. L'an suivant, c'était le vice-procureur qui prenait sa succession. Vu le nombre restreint de membres, il arrivait que la même personne soit durant sa vie plusieurs fois nommée procureur.

C'était toujours l'enfant le plus jeune de la famille, garçon ou fille, indépendamment de l'âge, qui devenait héritier de l'appartenance à la société.

La société a été dissoute au début du XXème siècle et chaque ayant droit, dont Guillaume Florey encore enfant à cette époque, reçut le montant de septante francs. Son père, Jérôme (1847-1922) l'accompagna à cette ultime séance. Les motifs de cet abandon, toujours selon Guillaume Florey, sont dus au fait que les membres négligeaient leurs devoirs : décoration de l'oratoire pour la Fête-Dieu, entretien et travail de la vigne etc.

Après la dissolution de la société, vers 1902 ou 1903, l'oratoire fut désaffecté et démoli, la niche ouverte dans le mur, bouchée en maçonnerie. Parmi les plus anciens parmi nous ce soir se souviennent certainement des marques de cette niche, empreintes des derniers vestiges de l'oratoire.

En 1980, le bâtiment a subit des rénovations et, en accord avec les propriétaires, Édouard Florey prit l'initiative de faire revivre le souvenir de cet ancien oratoire. Il constitua une confrérie et récolta les fonds nécessaires pour reconstruire le petit sanctuaire qui fut dédié à Saint Georges.

L'inauguration eut lieu le jour de Pâques (19 avril) 1981 en présence du président de la commune Simon Epiney, du président de la SD André Melly, du dernier survivant de l'ancienne société, Guillaume Florey, de la fanfare, des membres de la nouvelle confrérie et de toute la population du village. C'est le curé Paul Bruchez qui bénit l'oratoire. Une délégation de Floret, venue du village de Marin, près de Thonon en Savoie, probablement le lieu d'origine des Florey d'Anniviers avait fait l'amitié de sa présence.

Dans les statuts de la confrérie il était prévu de se réunir une fois par année le quatrième dimanche d'avril, en relation avec la fête de Saint Georges célébrée le 23 avril.

Au cours de ces trente ans passés, l'enthousiasme des confrères a connu des beaux jours. Mais petit à petit, un membre après l'autre, chaque année nous quittait pour toujours et les jeunes ne s'intéressent plus à ce genre d'association. Dans les bonnes années jusqu'à soixante voire quatre-vingts confrères se retrouvaient pour la rencontre annuelle, Mais voilà que ces derniers temps on en comptait plus qu'une dizaine. Alors avant qu'il ne soit trop tard, que nous soyons tous morts, il fallait prendre une décision. Ce qui a été fait lors de la dernière rencontre le 25 avril dernier. A cette occasion il a été décidé de dissoudre la confrérie.

Compte tenu que l'oratoire fait partie du patrimoine culturel du village de Vissoie il semblait tout indiquait de l'offrir avec sa dot d'environ 3000 Fr à la société du village de Vissoie. Cela nous semblait plus sage que d'utiliser cette somme pour supprimer le sanctuaire comme cela avait été fait malheureusement autrefois.

Il faut rappeler ici que St Georges est l'un des patrons du village de Vissoie. Une magnifique représentation de ce saint se trouve à l'autel latéral de droite à l'église paroissiale. Et de plus, il paraîtrait, selon certaines études récentes, qu'il aurait été le patron du village avant Saint Barthélémy.

Paul-André Florey, vice-procureur de la confrérie de l'oratoire des Florey

Vissoie, le 11 novembre 2010

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Michel Savioz
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14 novembre 2010
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