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Isabelle NEF, François Couperin, 3e Concert Royal

1953
Label Oiseau-Lyre pour l'audio et les photos, René Gagnaux pour le texte
Label Oiseau-Lyre pour l'audio et les photos, René Gagnaux pour le texte

Isabelle NEF - 27.09.1898, Genève - 02.01.1976, Collex-Bossy, donc pure genevoise - étudia le piano au conservatoire de Genève auprès de Marie Panthès; après sa virtuosité elle remporta avec éclat le Prix Schumann fondé par Robert Bory. Elle se perfectionna ensuite à Paris, auprès d'Isidor Philipp, et surtout elle travailla le clavecin auprès de Wanda Landowska, avec qui elle jouera pendant une dizaine d'années, de 1925 à 1935. Isabelle Nef fit ensuite une carrière de concertiste en Europe, dans les deux Amériques, en Afrique du Sud et en Australie, aussi bien avec des oeuvres classiques qu'avec des oeuvres contemporaines: elle fut la première à jouer en Suisse le concerto de Manuel de Falla, Frank Martin lui a dédié son concerto. Elle devient en 1936 le premier professeur de clavecin du conservatoire de Genève, où elle va enseigner jusqu'à un âge avancé: elle se retire en 1975.

Isabelle NEF enregistra ce disque Éditions de L'Oiseau-Lyre OL-LD 53, OL 50031 en 1953, à Paris avec Ruggero GERLIN, un claveciniste très réputé en France. Deux oeuvres de François Couperin - dans des arrangements pour deux clavecins - au programme:

➣ Troisième Concerto Royal (recto et début du verso du disque)

La Steinquerke (complétant le verso du disque)

À noter que ce disque fut enregistré par les soins d'André CHARLIN, réputé pour la haute qualité de ses prises de son.

Dans la préface de la première édition de la partition, un exemplaire est conservé à la Bibliothèque Nationale de France - voir cette page du site Gallica, François Couperin explique en quelques lignes pourquoi il a composé ces petits Concerts, et la raison de leur titre: "[...] Ces pièces conviennent non seulement au Clavecin, mais aussy au Violon, a la Flûte, au Hautbois, a la Viole et au Basson. Je les avois faites pour les petits Concerts de chambre où Louis quatorze me faisoit venir presque tous les dimanches de l'année. Ces pièces étoient exécutées par Messieurs Duval, Philidor, Alarius et Dubois: j’y touchois le Clavecin. Si elles sont autant du goût du public qu’elles ont été aprouvées du feu-Roy, J’en ay suffisament pour en donner dans la suite quelques volumes complets. Je les ay rangées par Tons, et leur ay conservé pour titre celuy sous lequel elles étoient connües a la Cour En 1714. Et 1715. [...]"

Du Val était violoniste et membre des Vingt-quatre violons du Roi, Philidor est le fameux bibliothécaire musical de Louis XIV, hautboiste et bassonniste, Hilaire Verloge, dit Alarius, était violiste, et Dubois, bassonniste. C'est donc avec ce petit ensemble - auxquels se joignirent peut-être d’autres musiciens à l'occasion - que François Couperin créa les Concerts Royaux. Il faut donc les imaginer joués dans l’intimité du vieux Roi Soleil, en présence de Mme De Maintenon et de quelques rares courtisans.

René Gagnaux
François Couperin, 3e Concert Royal, 1ère page, Bibliothèque Nationale de France
1714
François Couperin, 3e Concert Royal, 1ère page, Bibliothèque Nationale de France

François Couperin, 3e Concert Royal, 1ère page, Bibliothèque Nationale de France

"[...] Troisième Concert: Un nouveau degré, par rapport au Second Concert: celui-ci sera plus large, plus sérieux aussi, avec une page admirable en son centre - la Sarabande - et une contrepartie pour la viole.

Prélude “Contrepartie pour la viole si l'on veut. Cette partie peut servir également pour le violon ou la flûte traversière, le hautbois, etc.”: La texture polyphonique est beaucoup plus serrée que dans les préludes précédents. L’ornementation également plus fournie, sur un développement mélodique plus riche: on a l'impression, par rapport aux deux premiers Concerts, d’une pâte qui lève et se gonfle de toute part.

Allemande: Elle aussi a plus d’étoffe; quoique marquée légèrement, ce n’est pas exactement une «Allemande légère» et se rapproche des Allemandes pour clavecins, avec en particulier sa basse mélodique et ces larges mouvements de doubles croches.

Courante: Écrite à 3/2, mais presque continûment à 6/4, avec des passages de l’un à l’autre qui apportent une incertitude rythmique très séduisante.

Sarabande grave: Voici le premier chef-d’oeuvre de la série des Concerts, avec cette rythmique cérémonielle, ses noires et blanches pointées, suivies d’une brusque révérence en double croche.

Gavotte: Sans prétention, légère et avenante après la gravité de la pièce précédente, mais toujours avec un léger voile de mélancolie.

Musette: Elle mêle la saveur d’une mélodie presque populaire à l’élégance la plus aristocratique.

Chaconne légère: Un thème bien franc pour cette chaconne française en Rondeau. On y trouvera, à nouveau, des jeux d’écho. [...]" cité des notes de Philippe BEAUSSANT publiées en 2004 dans le livret du CD AliaVox AV 9840

Le transfert de ce disque Oiseau-Lyre a été effectué par l'internaute-mélomane «vakatov» et publié sur le forum intoclassics.net: je le remercie pour sa générosité. Son repiquage était d'excellente qualité, le disque un peu endommagé, et aussi légèrement encrassé par endroits: je n'ai toutefois eu qu'assez peu à faire pour le restaurer.

L' enregistrement que vous écoutez...

François Couperin, Troisième Concert Royal, Isabelle Nef, Ruggero Gerlin, clavecins Pleyel, 1953, Paris

  1. Prélude 02:14 (-> 02:14)
  2. Allemande 04:48 (-> 07:02)
  3. Courante 04:07 (-> 11:09)
  4. Sarabande grave 03:56 (-> 15:05)
  5. Gavotte 02:18 (-> 17:23)
  6. Musette 0;02:50 (-> 20:13)
  7. Chaconne légère 03:19 (-> 23:32)

Provenance: Éditions de L'Oiseau-Lyre OL-LD 53, OL 50031, repiquage de «vakatov», restauré par mes soins

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René Gagnaux
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11 juillet 2021
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