Mon Pierre, ce héros
Mon Pierre, ce héros
Pierre Le Dû était un as du tissu, un tailleur XXL, un amuseur de galerie, un chanteur à la voix étonnante (capable de passer du grave à l'aigu avec le plus grand naturel du monde), un père de famille aimant et toujours joyeux.
Dans les années 40, alors que la guerre n’épargnait pas la Bretagne, un monde s'ouvrait pour ce Breton bretonnant né d'un père gazé à la première guerre - et mort quelques années plus tard très diminué - et d'une mère productrice artisanale de crêpes au froment et de galettes de sarrasin. Pierre a eu trois enfants avec son épouse Marie-Jeanne Tréflèze, Viviane, Marie-Christine et Philippe. La famille a vécu à Elliant (Finistère), lieu de naissance de Pierre puis Le Mans (Sarthe) à la faveur d'un déménagement professionnel (la reprise d'une boutique de vêtements faits sur mesure) avant de faire un retour en Bretagne à Rosporden. Pierre a eu une existence très rythmée par ses longues heures passées dans son atelier (il se levait vers 4 heures du matin tous les jours pour se coucher vers 23 heures, s'accordant une sieste après le repas du midi) à retoucher, découper, assembler les costumes des notables manceaux, rospordinois ou du commun des mortels bretons. Il avait une passion pour la musique, le chant, Luis Mariano, Tino Rossi et tout un tas de crooners populaires de l'après-guerre. Il aimait les voix. Comme Marie-Jeanne, son épouse. Je me souviens d'un concert exceptionnel de Céline Dion qu'ils avaient vu dans le salle Antarès du Mans. L'un des plus beaux moments de musique de sa vie, m'avait-il confié. Pierre aimait chanter en groupe. Il avait pu pousser la chansonnette dans plusieurs endroits de France et en solo à l'occasion d'une fête familiale au Pays basque français, il avait voyagé en Suisse avec sa chorale et au Canada avec son fils et sa petite-fille. Pierre était marrant, un conteur sans pareil. Capable de fasciner par ses récits de "Poum", l'alcoolique mort d'avoir bu trop d'eau ou celle plus œcuménique de l'Ankoù, personnage de la mythologie celte incarnant le mort-vivant. On a donc rigolé et frissonné avec ses histoires. On a surtout beaucoup apprécié de chanter avec lui aux banquets familiaux à Paris et surtout dans l'ouest de la France. Pierre était un fan de foot (Stade Quimpérois et AS Rosporden, puis les Bleus) et du Tour de France (Ronan Pensec surtout)... quelle ne fut pas ma joie quand j'ai réussi à le faire rencontrer son coureur préféré un jour de juillet 2006, lors d'une étape du Tour nous menant à Lorient. Pierre était mon grand-père et il aurait eu 101 ans cette année. Marie-Jeanne, Jeannette, sa femme était ma grand-mère.
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