Les Divinités [2/7] : Silène et son âne Repérage

3 décembre 2018
Guillaume Favrod

Si on le confond parfois avec Bacchus, Silène est l’une des figures mythologiques les plus célèbres des Fêtes des Vignerons.

8siem7iedem.s3.amazonaws.com/u... Silène (Fernand Lottaz), Fête des Vignerons de 1977 © Roger Monnard

Dans la mythologie antique, Silène est un satyre (mi-homme mi-bouc), né de Mercure (Hermès) ou Pan et d’une nymphe. S’il est effectivement considéré comme l’allégorie divine de l’Ivresse, il est également le père nourricier (adoptif) et le précepteur de Dionysos Bacchos (Bacchus) que les auteurs antiques présentent souvent comme l'un des plus sages philosophes.

8siem7iedem.s3.amazonaws.com/u... Silène (Albert Munier) et Dionysos-Bacchos, Fête des Vignerons de 1999 © Marcel Rieder

Silène apparait pour la première fois en 1783, en même temps que Vulcain et qu’un grand nombre d’autres personnages tels que les bacchantes (hommes travestis), les faunes et les canéphores ( jeunes femmes délivrant des offrandes aux divinités). Dès sa première apparition, il est représenté le ventre saillant, le crâne dégarni avec des cornes, portant une couronne de lierre sur la tête et une coupe de vin dans une main. Ivre, il tangue sur l'âne qui le porte, soutenu par deux porteurs.

8siem7iedem.s3.amazonaws.com/u... Silène, les faunes et les bacchantes, dessin de M. Trinquier, 1889

Silène n’a pas manqué une seule Parade et une seule Fête des Vignerons de 1783 à 1999. Le premier figurant à l’incarner est un certain M. Mery, horloger veveysan. Au 18e siècle, la Confrérie des Vignerons équipe les volontaires d'un costume rembourré de couleur chair pour donner toute sa rondeur au personnage et cacher sa nudité. Un âne est régulièrement emprunté ou loué. En 1791, la bête de somme coûte une petite fortune à la Confrérie qui est obligée d'engager des frais supplémentaires « pour la recherche de cet animal, qui avait été enlevé la veille » de la Parade.

Au 20e siècle, les figurants qui incarnent Silène ne sont vêtus en tout et pour tout que d'un pagne, d'une couronne de lierre et de la fameuse coupe, symbole de l'ivresse du personnage. Fernand Lottaz en 1977 et Albert Munier en 1999, vigneron et préfet du district de Rolle, ont marqué les esprits.

8siem7iedem.s3.amazonaws.com/u... En 1977, Fernand Lottaz incarne Silène et fait la couverture de l'édition spéciale de l'Illustré consacré à la Fête des Vignerons de 1977

Si la rougeur du visage de ces figurants, marqué davantage par le soleil ardent de l'été que l'ivresse, trahit bien le rôle du personnage, sa sagesse et sa symbolique sont bien résumées dans cette *Lettre de Noé au sieur Silène*, parue le 4 août 1977 dans l'*Est Vaudois* et signée par le journaliste, auteur et metteur en scène REB.

8siem7iedem.s3.amazonaws.com/u... Article consulté en ligne

Sources :

  • Second Manual de la Confrérie des Vignerons*, 1748-1784.
  • Sabine Carruzzo-Frey, Patricia Ferrari-Dupont, *Du Labeur aux Honneurs : quatre siècle d'histoire de la Confrérie des Vignerons et de ses Fêtes*, 1998, p. 153.
  • « La Chanson de Silène » in *Les Saisons d’Alevin : Poème de la Fête des Vignerons 1999*, 1999, pp. 116-117.

Crédits couverture : Silène, Fête des Vignerons de 1977. Photo : Marcel Imsand © Confrérie des Vignerons

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