Dardagny, la maison Leleux
Dardagny, la maison Leleux
Maison d'habitation du début du XVIIIe siècle et d'une simple demeure paysanne, elle sera transformée en une résidence bourgeoise qui sera classée le 07.01.2004. Elle a participé au rayonnement au-delà des frontières du village de Dardagny.
En 1765, la maison est rachetée par le compte Louis de Portes qui habitera le domaine jusqu'à sa mort en 1789. Durant cette période, il organisera des réceptions somptueuses. Il était de fort bon ton d'y être convié.
En 1791, la domaine est vendu à Jean-Pierre Rigaud, bijoutier-horloger à la cour de Russie, avant de diriger la mairie de Dardagny entre 1818 et 1820.
Puis la propriété passera successivement à Jean-François Giraud (1752-1812), à son fils Jacques (1780-1862) et à la fille unique de ce dernier, la peintre genevoise de talent Louise-Emilie* (1824-1885).
Cette dernière épousera le peintre français Armand Leleux, (né à Paris le 18 juin 1816 et décédé dans cette ville le 1er juin 1885). Le couple habitant Paris en l'hiver, ils reviennent à Dardagny en l'été, période durant laquelle, ils recevaient leurs amis comme Camille Corot, Théophile Gautier et sa muse Carlotta Grisi, Gustave Doré, Charles-François Daubigny ou encore Eugène Sue.
En 1860, Armand Leleux rénove complètement la bâtisse et y ajoute contre la façade sud, une élégante tour à cinq pans qui accentue son allure de "petit château" et un toit en pavillon.
Louise-Emilie et Armand Leleux décèdent à trois semaines d'intervalle. Ils sont enterrés dans le cimetière de la chapelle de Malval, concession accordée pour 99 ans par la commune de Dardagny (Journal de Genève, le 3 juin 1885).
Hélène Leleux, leur fille a continué à perpétuer la tradition, très active dans le milieu artistique en octroyant une place particulière à la musique de ses hôtes dont Massenet, Saint-Saëns, Jacques Dalcroze. Plusieurs fois mariées, elle n'a malheureusement pas eu d'enfants.
Le couple Leleux avait un fils Léon Leleux, qui fut nommé sous-préfet à Thonon en 1885 (Journal de Genève, le 27 mars 1885)
Oraison funèbre de Mme Emilie Leleux: "Tous ceux qui l'ont connue regretteront autant la femme et même plus encore que l'artiste; pour le public c'est un talent élégant et fin qui disparaît, au moment où il avait bien des chose à nous dire, bien des jouissance artistiques à nous partager" (Journal de Genève, 08.05.1885)
Cette maison sera classée au patrimoine de l'État du Canton de Genève en 2004.
Armand Hubert Simon Leleux, Bibliothèque nationale de France
* Un tableau d'Émilie Leleux lors d'une vente aux enchères (France2): on y voit Voltaire en compagnie de Mme Émilie du Châtelet.
Très intéressant, merci.