Histoire(s) de cinémathèque: Freddy Buache et Frédéric Maire (1/12)
Histoire(s) de cinémathèque: Freddy Buache et Frédéric Maire (1/12)
Il s'agit de la dernière interview fleuve filmée de Freddy Buache. Nous en proposerons treize parties d'ici à la fin du mois d'août. Il s'agit de revisiter avec le journaliste-critique de cinéma et fondateur de la Cinémathèque suisse toutes les grandes étapes de sa vie au service de l'histoire du cinéma suisse et mondial.
A l'initiative de notreHistoire.ch, la Cinémathèque suisse a réuni les deux patrons emblématiques de la Cinémathèque suisse en janvier 2019 juste avant la tenue de la FIAF à Lausanne (la FIAF étant l'événement mondial qui réunit tous les acteurs des archives du film à travers le monde). Merci à Frédéric Maire, Christophe Bolli et Maxime Morisod.
Freddy Buache est pour les cinéphiles Romands un personnage central qui a beaucoup fait pour désenclaver la création cinématographique suisse. Avec cette série la plateforme collaborative souhaite rendre hommage à son travail.
Pour la partie biographique, la fiche wikipedia de Freddy Buache décrit une première partie de son enfance à Villars-Mendraz où ses parents tiennent le Café de la Poste. Son père Frédéric Buache, né en 1897, originaire de Corcelles-près Payerne, est orphelin et placé en orphelinat à Avenches, avant qu'une famille de Villars-Mendraz l'adopte à l'âge de dix ans. Il fut gendarme à Lausanne, puis il est parti à Orbe comme gardien de prison, avant de revenir à Villars-Mendraz en raison de problèmes de santé.
Sa mère Valentine, née Jaton, est originaire de Villars-Mendraz. Ils se sont mariés en 1924 et ils ont ouvert le café-restaurant au centre du village. Une belle maison, avec une petite étable, où Freddy passe une enfance idéale. En 1933, ses parents subissent la faillite de leur café, et après avoir vécu dans un petit deux pièces dans le village, ils partent vivre à Lausanne au printemps 1934.
Sa condition de vie devient très précaire, car sa maman est sommelière et son père ne travaille quasiment plus, excepté parfois sur un chantier ou pour aller déblayer la neige. En 1937, comme il se montre doué dans sa scolarité, ses parents l'envoient au collège scientifique (il aurait préféré le collège classique, mais c'était trop loin), chose inhabituelle en raison de sa condition modeste.
D'habitude, la voie habituelle pour un cas comme lui aurait été l'école primaire supérieure, mais sa maman s'est sacrifiée pour lui payer l'écolage. Dans sa classe, il n'y a que des fils de médecins et de notables, à part Gaston Cherpillod qui est aussi fils d'ouvrier et qui en a parlé dans son livre "Le chêne brûlé".
Son premier souvenir cinématographique date du début des années 30. Une belle amazone avec une broche en serpent au revers de sa veste, projection vue dans une grange à Villars-Mendraz, puis dans les années 40, un de ses premiers chocs au cinéma fut Lumière d'été de Jean Grémillon avec Pierre Brasseur et des dialogues de Jacques Prévert.
En automne 1945, Freddy Buache visite l'exposition "Image du cinéma français" au Palais de Rumine à Lausanne. Dans un coin, à proximité d'affiches et de photos, il assiste seul à la projection sur un écran, avec un appareil 16 mm, du film Un chien andalou de Luis Buñuel qui l'impressionne énormément. À la sortie de l'exposition, l'un des artisans de la Cinémathèque française, Henri Langlois l'accoste, lui demande ses impressions et l'emmène au bistrot pour boire des verres. Ils seront suivis par des planteurs de clous de Rumine, mais aussi le président de la Cinémathèque française Jean Grémillon, et de Joseph Kosma. Henri Langlois lui dit alors que des gens cherchent à ouvrir un ciné-club, qui sera fondé à Lausanne en 1946 à la Maison du Peuple, et qui connaîtra un très grand succès.
En 1948, Freddy Buache crée, avec Charles Apothéloz, la compagnie théâtrale des Faux Nez. La même année est fondée l'association Cinémathèque suisse. Il fréquente à Lausanne le futur philosophe André Gorz qui l'initie à la philosophie existentialiste.
Journaliste et critique de cinéma, Freddy Buache tient alors la rubrique cinéma de la Nouvelle Revue de Lausanne, puis de la Tribune de Lausanne dès 1959. Il dirige deux collections à L'Age d'Homme : Cinéma vivant et Histoire du cinéma. Freddy Buache dirige la Cinémathèque suisse à partir de 1951 jusqu'en 1996. Il est l'époux de l'écrivain et journaliste Marie-Magdeleine Brumagne.
Freddy Buache est l'auteur de plusieurs livres de poèmes et d'essais. En 1985, le prix de Lausanne lui est attribué. En 1998, Freddy Buache reçoit le Léopard d'honneur lors du Festival international du film de Locarno, et en avril 2019, la médaille de membre honoraire de la Fédération internationale des archives du film, lors d'un congrès international qui s'est tenu à Lausanne. Il est mort le 28 mai 2019 à l'âge de 94 ans.
"Dis voir", l'appli
Les Romands batoillent, mais de Sierre à Saignelégier leur accent varie. Le chercheur Mathieu Avanzi lance une application mobile pour étudier la diversité du parler romand. Le projet « Dis voir » invite les utilisateurs à enregistrer leur voix sur leur smartphone, à deviner des mots typiquement romands, et à tester leurs connaissances des accents régionaux.