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Interview avec le groupe Félibres

31 août 2019
notreHistoire.ch

Telle une chanson que vous chantait votre maman alors que vous étiez bébé, « La fée de la Nivà » est là devant moi en gestation, avec ses élans vocaux moyenâgeux qui nous plongent dans une atmosphère alpestre magique. Le "tube" chanté en patois s’étale comme une caresse onctueuse sur l’ouïe… sur tout mon être. Alors que l’on en n'est même pas au stade des présentations, les quatre membres des Félibres installées sur la scène des Arsenaux répètent avec précision, avec un sens de l'harmonie et une concentration intense. La Médiathèque du Valais qui vient de rouvrir (avec notamment un département des archives cantonales plus ouvert que jamais) est un lieu qui se prête aux concerts en petit comité. L’émission « Le Kiosque à Musique » doit prendre l’antenne sur place dans ce hall d'entrée des Arsenaux confortable, à deux pas d'une exposition consacrée au membre de notreHistoire Grégoire Favre (malheureusement disparu en 2016) avec en chef d’orchestre Jean-Marc Richard. L’émission de la 1ère, dont le conseiller musical s’appelle Lionel Chapuis, a pour invité(e)s les Félibres et de quelques autres "ensembles". Les Valaisannes sont prévues d’entrée avec ce même « Fée de la Nivà ». La fille de Lionel Camille Chapuis doit elle aussi faire sonner son accordéon sur une mélopée du Brestois Yann Tiersen, l’homme qui a un jour popularisé la musique populaire française à un niveau mondial (merci Amélie Poulain, merci Goodbye Lenin »). Il y a du beau monde autour de Marc Aymon, invité d'honneur pour parler du projet en partenariat avec notreHistoire.ch "Glaneurs", un projet centré autour de la collecte de documents sur la musique de 1800 à 1970 et dont les Arsenaux sont en partie le réceptacle physique.

Revenons à ce groupe qui se prépare religieusement. "La fée de la Nivà" est jouée. Comme beaucoup de compositions signées par le trio de sœurs, on y parle de fées et de leurs pouvoirs. La musique se fait virevoltante, lumineuse. Le tambour jouée sur un beat plus ou moins léger évoque des rites chamaniques ou lourd, ou à des rythmes amérindiens sacrés. La magie opère! Des fées sylvestres qui s’en vont sous les bois écouter la nature, elles sont connectées, elles possèdent une vérité. Il y a de l'inspiration dans la composition de ce premier morceau, avec cet entrecroisement de voix de la claviériste et mezzo-soprano Françoise Gaspoz Rossier et de ses sœurs Magdeleine Rossier (chanteuse alto, percussionniste et costumière) et la Soprano Elisabeth Gaspoz qui occupe aussi le rôle de percussionniste.

Ces dames ont réalisé une création nommée « Ora » en 2016 racontant en patois d’Evolène leurs rêves de petites filles devenues grandes. "Ora" veut dire "maintenant" car leur cause revêt ce caractère urgent, leur message en patois doit être entendu maintenant, pas dans cent ans via notreHistoire.ch, maintenant en 2019. Comme un appel à transmettre aux générations futures leurs mots et contes en franco-provençal local. Françoise Gaspoz Rossier et Magdeleine Rossier avaient pensé à Aline Roy, musicienne professionnelle et enseignante à l'EJMA Valais pour renforcer le groupe, comme elles le raconteront dans ce document audio. On est du coup dans une démarche artistique "intercantonale" avec Margaret Harmer, elle-même genevoise, invitée à rejoindre "la famille" forte de son expérience de musicienne (elle enseigne à l'institut Dalcroze à Genève et produit des compositions ambient sous le label Shifting Waves).

Interview de ces quatre dames sur leur histoire familiale et amicale qui raconte les mythes valaisans mais aussi universels en patois d'Evolène. Une langue qu'on parle de moins en moins malheureusement. D'où l'importance de ce Libretto-CD de 35 fr. qui sera verni le 5 octobre www,felibres.ch. Leur musique produite dégage beaucoup d'émotion mais les photos du trio en costumes de fées dans le paysage tantôt lunaire, tantôt verdoyant du Val d'Hérens aussi. Sur ce disque "Procession des Morts" est une des compositions marquantes. "Ce sont des histoires de morts qui marchent qu'on entend depuis qu'on est petite" racontent en chœur les sœurs Gaspoz Rossier. "Mais on arrive à la lumière, on n'est pas dans le côté lugubre". Suivent des histoires de buses qui s'envolent à l'heure de célébrer l'automne ensemble sur le glacier, ou d'autres contes de fées, comme cette fée amoureuse nommée Zènuflèra éprise d'un berger nommé Mìmo qui a déjà une fiancée et qui parvient à cruellement l'éloigner en lui faisant boire du lait bouillant au soleil (on ne distingue pas la fumée au soleil). La fée à la bouche ébouillantée crie au secours. De l'autre côté de la Vallée les fées lui répondent en écho "Qui t'a fait ça?". Elle répond "Mìmo" que les fées comprennent comme "Mìma" qui veut dire "moi-même". Les fées répondent alors "Mìma tu l'â fét', mìma tu lo chènss'! ("tu ressens ce que tu t'es fait toi-même"), en gros bien fait pour toi.

David Glaser

La vidéo de "La Fée de la Nivà" est disponible à cette adresse: notrehistoire.ch/entries/04YzA...

felibres.ch. vernissage du CD Libretto le 5 octobre.

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