Vevey: la Mouette du Lac Léman de G. Courbet
Vevey: la Mouette du Lac Léman de G. Courbet
Le peintre Gustave Courbet sculpte deux bas-reliefs identiques pour un immeuble qui donne sur le Quai Perdonnet de Vevey et sur la Place de l'Ancien-Port, bâtiment construit en 1875 par l'architecte Louis Henri Maillard pour le commerçant Pierre-Vincent Nicollier-Vagnière. Ces deux médaillons, taillés dans la molasse verte, ornent aujourd'hui encore les fenêtres du deuxième étage (sur le quai Perdonnet d'un côté et vers la place de l'Ancien-Port de l'autre).
L'artiste en réalise des répliques en plâtre qu'il expose, pour les vendre, au Turnus (exposition itinérante annuelle de la Société suisse des beaux-arts), tout d'abord à Lausanne du 5 au 23 juillet 1876 sous le titre de La mouette du Lac Léman à Vevey, poesia, puis à Aarau, du 10 septembre au 1er octobre 1876, sous le titre La Mouette du Léman. Certains auteurs ont cru reconnaître Olga de Tallenay ou Madame Arnaud de l'Ariège dans cette tête de femme, mais aucune source documentaire ne vient étayer ces interprétations.
Nos vies : un siècle d’histoire des Suisses par leurs images
L'ouvrage "Sur les traces de Gustave Courbet à La Tour-de-Peilz : 1873-1877 / auteur Erard, Didier" nous apprend que la duchesse de Castiglione (Marcello) servit de modèle à ce bas-relief.
C'est une erreur. Marcello n'a pas servi de modèle, c'est une légende. Elle ne voulait plus voir Courbet pour des raison politiques après la Commune de Paris (voir sa correspondance au Archives d'Etat de Fribourg). Les liens étroits qu’entretient la duchesse avec la famille impériale l’éloignent de Courbet dont le refus de la légion d’honneur et l’engagement politique sont inacceptables à ses yeux et à ceux de sa famille. Dans une lettre de la duchesse à sa sœur, Cécile d’Ottenfels , elle écrit depuis Genève au début de l’été 1871 traitant les communards de monstres, se félicitant de l’attitude de la Belgique qui les expulse et espérant que la Suisse en fera de même. Elle ne le reverra pas en Suisse, contrairement à ce qu'écrivent des biographes qui ne citent pas leurs sources! Voir à ce propos: "Courbet/Hodler. Une rencontre", Genève, Notari, 2019, p.p. 144-45 et "G. Courbet - L'arbre (vers 1870)", fiche du Musée d'Art et d'Histoire de Fribourg MAHF, 2015-2.
Merci Monsieur Chessex pour votre information si bienvenue.