Repérage
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Georges BIZET, L'Arlésienne commentée par Ernest ANSERMET

1954
RSR resp. RTS
René Gagnaux

Illustrant ce fichier audio: Ernest ANSERMET, 1959, Photographie de Hans Wild illustrant un article paru dans la revue américaine High Fidelity-audiocraft en mars 1959, scannée et retravaillée par Claude-André Fradel

Le drame d'Alphonse Daudet, «L'Arlésienne», fut donné en première audition au «Vaudeville», le 1er octobre 1872. L'auteur en avait demandé une musique de scène à Georges Bizet, avec pas moins que de 27 numéros! Plus de la moitié sont de courts mélodrames de quelques mesures, le reste des numéros comprenant un prélude, six choeurs, des entractes et des intermezzos.

Aussi bien le drame lui-même que la musique de scène n'eurent pas vraiment de succès. Georges Bizet en tira alors une suite d'orchestre, qui fut jouée pour la première fois aux Concerts Pasdeloup, le 10 novembre 1872: son succès fut immédiat.

Dans cette suite, Bizet développe les effectifs de l'orchestre en ajoutant notamment un instrument encore tout récent, le saxophone. Il conçoit sa suite sur le plan d'une symphonie classique en quatre mouvements et, pour cela, s'éloigne de l'ordre de l'histoire. Ernest Guiraud - un des meilleurs amis de Georges Bizet - structura la Suite n° 2 sur le même principe. Pour le troisième mouvement, il utilise un menuet du troisième acte de l'opéra «La Jolie Fille de Perth».

L' Arlésienne, estampe, Adrien Marie(1848-1891). Date d'édition: 1885. Gravure sur bois 17,5 x 42 cm. Droits: domaine public. Identifiant: ark:/12148/btv1b8436611m, Bibliothèque nationale de France

Comme courte présentation, Bizet et son Arlésienne tels que présentés dans le programme du « Neuvième Concert Symphonique Populaire » de l'Orchestre de la Suisse Romande sous la direction d' Ernest ANSERMET donné le 30 décembre 1923 dans la Salle Communale de Plainpalais avec - entre autres - la 2e suite de L'Arlésienne au programme:

"[...] La musique de scène pour le drame d'Alphonse Daudet L'Arlésienne, écrite en 1872, est un témoignage éclatant de la personnalité de Bizet, ce représentant éminent de la musicalité française, dont l'art reste un modèle de naturel, de santé et de fraîcheur. «Son originalité, dit M. Alfred Bruneau, Georges Bizet ne l'avait acquise que progressivement. Ses ouvrages de début, les Pêcheurs de Perles, la Jolie Fille de Perth, témoignent de l'influence directe et dominatrice de Gounod. Dans l'acte délicat de Djamileh, dans la vigoureuse ouverture de Patrie , sa personnalité s'accuse déjà visiblement. Elle s'affirme de manière définitive dans la merveilleuse musique de L'Arlésienne, musique si mal accueillie d'abord qu'elle parut nuire à la pièce d'Alphonse Daudet et si bien comprise ensuite qu elle immortalisa cette pièce. Tout Bizet, en effet, est là avec sa vive sensibilité, son émotion profonde, son sens descriptif et expressif, son art achevé de l'instrumentation, avec au demeurant, les qualités hors ligne qui après que Carmen tomba sous l'indignation presque générale, la firent triompher aux quatre coins du monde, nous la ramenèrent invincible désormais, l'imposèrent à notre enthousiasme et à notre reconnaissance.» [...]".

L'argument tel qu'exposé dans un autre programme, celui d'une représentation de l'opéra par le Conservatoire de Musique de Genève , donnée le 20 février 1937, avec la Classe de déclamation de Jean BARD , la Classe d'orchestre de Samuel BAUD-BOVY et le choeur dirigé par Albert PAYCHÈRE:

"[...] Un jeune fermier de la Camargue, Frédéri, est tombé amoureux d'une jeune fille d'Arles. Les parents de Frédéri ont consenti au mariage de leur fils quand, par hasard, ils apprennent que l'Arlésienne a déjà eu des galants et qu'elle fait la débauche avec l'un et avec l'autre. Le gardien de chevaux, Mitifio, est l'amant du jour. Lui aussi est fou de la belle. Pour empêcher le mariage qui va se conclure, il se présente à la ferme de Castelet, que dirige Frédéri et ses parents; il demande le grand-père Francet Mamaï et lui livre les lettres de l'Arlésienne qui établissent péremptoirement que cette femme lui appartient; il ajoute qu'il est jaloux et n'entend pas qu'on lui enlève sa maîtresse par mariage ou autrement.

La démarche de ce maquignon aux airs vainqueurs a pour conséquence la rupture de l'union projetée entre Frédéri et l'Arlésienne. Rien n'est plus naturel, mais Frédéri ne sait pas se défendre contre l'obsession amoureuse qui s'empare alors de lui. Il tombe dans des idées noires. Il pense au suicide. Sa mère se désespère et cherche à le guérir en le fiançant avec une aimable enfant de Saint-Louis-du-Rhône, Vivette, qui dans le secret de son coeur, aime depuis longtemps Frédéri. Celui-ci se laisse faire; on le croit revenu à la raison. Hélas! un malheureux incident le met en présence de Mitifio; c'en est assez pour que son mal le reprenne; il rompt avec Vivette; il a sans cesse devant les yeux une vision: Mitifio qui enlève l'Arlésienne, et dans l'oreille un bruit, le galop du cheval sur lequel Mitifio emporte en ses bras sa conquête.

Une nuit il se lève, et, devant sa mère impuissante à le sauver, il se précipite du haut du grenier de la ferme. «Patron Marc, dit le berger Balthazar à un marinier sceptique qui ne croit pas que chagrin d'amour soit chagrin qui tue, patron Marc, regarde à cette fenêtre, et tu verras si on ne meurt pas d'amour». [...].

La Première suite s'ouvre sur la célèbre «Marche des rois», Prélude - Allegro Deciso, basée sur un vieux noél provençal, suivie d'un «Minuetto» rapide - le No 17 de la musique de scène - qui utilise, pour la première fois, un saxophone alto. L'«Adagietto» - le No 19 de la musique de scène - illustre la rencontre émouvante de Balthasar et de Renaude, jadis amoureux l'un de l'autre. Destiné a accompagner la fête dans la cour des Castelet du 3e acte, le «Carillon» - le No 18 de la musique de scène - termine cette Première suite.

La Deuxième suite débute par les danses de la «Pastorale», le No 7 de la musique de scène, illustrant le tableau de l'étang de Vaccarès. Après un tragique «Intermezzo» - le No 15 de la musique de scène - vient le splendide «Andante» - menuet du troisième acte de l'opéra «La Jolie Fille de Perth», que Bizet réutilisera plus tard dans son «Agnus Dei»), et enfin de la fameuse «Farandole», No 23 et 24 de la musique de scène, couronnement de cette suite.

Ernest ANSERMET a toujours aimé expliquer nombre d'oeuvres musicales aux enfants et adolescents des écoles. Cité d'un texte de René DOVAZ publié dans un bulletin de l'Association Ernest Ansermet:

"[...] Ernest Ansermet au service d'une vivante initiation musicale. Qu'on ne s'effraie pas de ces termes: les leçons ainsi enregistrées sont des modèles de ce que peut faire comprendre à un vaste auditoire. Le Victoria-Hall à Genève était la seule salle où l'on pouvait offrir à tous les collèges réunis comme aussi aux «Jeunesses Musicales» un grand orchestre et un chef capables d'affronter un public de jeunes assez captivés pour entendre de 30 à 50 minutes aussi bien une analyse de l'«Arlésienne» que celle d'une oeuvre purement symphonique comme la symphonie No 88 de Haydn [...].

J'ai personnellement eu l'occasion d'assister à toutes ces émissions et d'en constater l'effet persistant après des années. C'est ainsi que souvent, des anciennes élèves me rencontrant me rappelaient, plutôt que mes leçons, des écoutes collectives d'Ansermet leur parlant librement et toujours sans notes - des oeuvres qu'il leur faisait entendre et qu'il analysait devant son jeune public. [...] Ce sont des documents qui méritent d'être révélés - ou rappelés pour ceux qui ont eu le privilège d'assister à ces séances toujours données en public en direct. [...] Un fait me frappe en écrivant ces lignes. On a toujours trouvé naturel qu'un chef de la valeur internationale tel qu'Ansermet se prête avec la plus grande générosité - car inutile de dire qu'il acceptait cette tâche hors contrat sans aucune compensation financière - à faire naître dans le coeur des jeunes, l'amour de la Musique. Sa présence était ressentie par ces adolescents comme un grand privilège et c'en était un! [...]"

Ernest ANSERMET à Berlin, dans un studio de la RIAS, devant une assemblée de jeunes, avec leur professeur, venue assister à une répétition. Date ??: si une personne visitant cette page devait en savoir plus, toutes informations m'intéressent!

En 1954, Ernest Ansermet donna au Victoria-Hall de Genève une courte initiation à l'Arlésienne de Bizet, qui fut également diffusée à la radio, et même publiée sur un disque de l'Association Ernest Ansermet (disque 30-776, Disque No 4). Je n'ai toutefois pas encore pu trouver la date exacte de l'enregistrement, n'en connais que l'année, 1954: si une personne visitant cette page devait en savoir plus, toutes informations m'intéressent!

Georges Bizet, L'Arlésienne commentée par Ernest Ansermet, Orchestre de la Suisse Romande, Ernest Ansermet, 1954, Victoria-Hall, Genève

01. Présentation de l'Arlésienne et de son ouverture 02:49 (-> 02:49)

02. Ouverture («Marche des rois», 1ère suite) 06:46 (-> 09:35)

03. Commentaire sur le minuetto 00:23 (-> 09:58)

04. Minuetto (1ère suite) 03:01 (-> 12:59)

05. Commentaire sur l'Adagietto 00:26 (-> 13:25)

06. Adagietto (1ère suite) 02:56 (-> 16:21)

07. Commentaire sur le soir au village, carillon 00:21 (-> 16:42)

08. Le soir au village, carillon (1ère suite) 04:22 (-> 21:04)

09. Commentaire sur la Pastorale 00:39 (-> 21:43)

10. Pastorale (2e suite) 05:42 (-> 27:25)

11. Commentaire sur la Farandole 00:31 (-> 28:56)

12. Farandole (2e suite) 03:22 (-> 31:18)

Provenance: Radiodiffusion, Archives RSR resp. RTS

L' Arlésienne, estampe, Adrien Marie(1848-1891). Date d'édition: 1885. Gravure sur bois 17,5 x 42 cm. Droits: domaine public. Identifiant: ark:/12148/btv1b8436611m, Bibliothèque nationale de France

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René Gagnaux
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10 juin 2018
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