Arthur HONEGGER, Pastorale d'été, OSR, Ernest ANSERMET, 1942
Hommage à la mémoire d'Ernest Ansermet, 2019, XI
En août 1920, Arthur Honegger séjournait en vacances au pied de la Jungfrau, à Wengen (Oberland bernois). C'est là qu'il composa sa Pastorale d'été, pour une formation flûte, hautbois, clarinette, basson, cor et cordes.
"[...] Elle porte en épigraphe une courte citation d'Arthur Rimbaud: «J'ai embrassé l'aube d'été...» et déroule sa fraîche idylle dans une simple coupe ternaire A-B-A', dont le troisième volet superpose la matière des deux premiers, procédé qu'Honegger affectionne et utilisera souvent, grâce à sa maîtrise de l'écriture. L'oeuvre est un parfait exemple du sens honeggérien de la dominante: ses trois dièses à la clef semblent annoncer la majeur, mais comme elle se déroule en grande partie à la dominante de la, Honegger laisse longuement planer le doute entre cette tonalité et un mi majeur myxolydien (en mode de sol, sans sensible). Sur de paisibles figures d'accompagnement doucement ondulantes (trois motifs différents), le cor déroule sa longue et paisible mélodie. [...]
Reprise ensuite en canon, elle aboutit à un crescendo très «faunesque» menant au volet central animé (Vif et gai, mes. 48- 107), au ton principal de si bémol majeur. Un vif appel pastoral du basson suscite deux mélodies nouvelles, toutes deux hommages très nets à la Symphonie pastorale de Beethoven (auquel Honegger, seul parmi les «Six», demeura toujours fidèle): la première à la clarinette, proche du premier mouvement de cette Symphonie, la seconde, aux violons, rappelant le Trio à 2/4 de son Scherzo, sur un accompagnement staccato légèrement polytonal, seule touche «moderne» de la partition. On remarquera, entre les deux, la passagère modulation en fa dièse mineur, frisson de fraîcheur subite, comme si un petit nuage était venu voiler le soleil... Ces deux mélodies se superposent au seul fortissimo, bien modeste, de la pièce (mes. 96), à l'issue duquel on redescend doucement vers le troisième et dernier volet.
Ici (mes. 108-141) les vives arabesques [...] se superposent à la rêveuse mélodie initiale, puis, dans un climat d'indicible poésie, les appels se font de plus en plus lointains, et un enchaînement modulant admirable, qui se souvient certainement de la fin du Prélude à l'après-midi d'un faune, nous mène, par ré bémol/ut dièse et ré majeur à mi majeur [...]. Pourtant l'accord final demeure volontairement évasif: mi-si-ré-fa dièse-la, soit mi majeur sans sa tierce, mais avec le ré indiquant encore la dominante non résolue de la! [...]" Harry Halbreich, pages 426-427 de son ouvrage «Arthur Honegger - Un musicien dans la cité des hommes», Arthème Fayard, 1992**
Ernest ANSERMET, Paul HINDEMITH et Arthur HONEGGER. La photo appartient à une splendide série faite à Paris en juin 1935 par Boris Lipnitzki/Roger-Viollet: quelques-une des photos de cette série se trouvent dans la banque de données du site ParisEnImages, voir par exemple cette photo.
La «Pastorale d'été» est dédicacée «À Roland-Manuel», cette dédicace ne figurant toutefois pas sur la partition imprimée. Elle fut donnée en première audition le 17 février 1921 par Vladimir Golschmann dirigeant son orchestre, à la salle Gaveau de Paris. L'oeuvre obtint alors le prix Verley (décerné par les auditeurs eux-mêmes).
En Suisse, elle fut donnée en première audition à Genève peu après, bien entendu par Ernest Ansermet dirigeant son Orchestre de la Suisse Romande:
Extrait de la brochure-programme du site ONSTAGE.
Un bref écho dans la presse locale, rubrique Albert Paychère:
"[...] Deux oeuvres récentes, de tendances très diverses, jouées pour la première fois à Genève, ont été accueillies avec faveur: le poème pour violon et orchestre «Une vie d'artiste», de Templeton Strong, d'inspiration romantique, plaît par sa sincérité et la finesse de son détail; la «Pastorale d'été», de M. Honegger est une composition très sympathique. Les aspirations qui caractérisent le mouvement nouveau en musique s'y font jour avec une réserve pleine de délicatesse et de goût. [...] A.P." cité du Journal de Genève du 20 mars 1921, en page 4.
Arthur HONEGGER, Pastorale d'été, poème symphonique, H 31, Orchestre de la Suisse Romande, Ernest ANSERMET, 1942
Rediffusé récemment sur Espace 2, dans le volet «24 mai 1937» de la série «Poussière d'étoile - Radio-panoramique» de Jean-Pierre AMANN, c'est grâce à la générosité de la...... que nous pouvons écouter en ligne cet enregistrement: cliquer sur le logo ci-dessus pour ouvrir une nouvelle fenêtre sur la page correspondante des archives de la RTSR, avec l'audio démarrant au début de la présentation de Jean-Pierre Amann.
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Le sommaire de ce volet «24 mai 1937» de la série «Poussière d'étoile - Radio-panoramique» de Jean-Pierre AMANN:
(01:02) Arthur Honegger , Pastorale d'été, Orchestre de la Suisse Romande, Ernest Ansermet, 1942
(08:56) Arnold Schoenberg , Konzert für Violoncello und Orchester D-Dur in freier Umgestaltung nach dem Concerto per Clavicembalo von Matthias Georg Monn, Heinrich Schiff, Sinfonieorchester des Südwestfunks, Michael Gielen, Studio 5 der Südwestfunk, 10./11.12.1987
1. Allegro Moderato, 2. Andante Alla Marcia, 3. Tempo Di Minuetto
(26:34) Paul Ladmirault , Valse triste pour piano et orchestre, Colette Diard, piano, Orchestre de Bretagne, Stefan Sanderling
(32:59) Philippe Gaubert , Quatres Ballades françaises, Mélanie Boisvert, Alain Jacquon, piano, September, 2012, Salle Colonne, Paris
1. Le Départ du matelot, 2. Sur la mer, au pâle soleil, 3. S'ils gagnent batailles, 4. Le ciel est gai, c'est joli mai
(41:19) Francis Poulenc , Concerto champêtre, FP 49, version pour piano et orchestre, Francis Poulenc, piano, Orchestre Philharmonique de New-York, Dimitri Mitropoulos, 14 novembre 1948
1. Adagio. Allegro molto, 2. Andante (Mouvement de Sicilienne), 3. Finale. Presto (Très gai)
(65:48) Frank Martin , extrait du Trio sur des airs populaires irlandais, Trio Altenberg
CLIQUER sur l'un des liens ci-dessus ouvre une nouvelle fenêtre sur la page correspondante des archives de la RTSR avec l'audio démarrant au début de la présentation de l'oeuvre par Jean-Pierre AMANN, resp. - pour les oeuvres d' Honegger, de Schoenberg et de Poulenc - sur la page correspondante de Notre Histoire.
"Dis voir", l'appli
Les Romands batoillent, mais de Sierre à Saignelégier leur accent varie. Le chercheur Mathieu Avanzi lance une application mobile pour étudier la diversité du parler romand. Le projet « Dis voir » invite les utilisateurs à enregistrer leur voix sur leur smartphone, à deviner des mots typiquement romands, et à tester leurs connaissances des accents régionaux.