Restauration de l’Eglise de Môtier

Restauration de l’Eglise de Môtier

1943
J. B.
Paroisse de Môtier-Vully

Carte postale vendue au profit de la restauration du Temple de Môtier (Vully) en 1943.

La Feuille d’Avis de Neuchâtel rend compte du culte d’inauguration du Temple, après sa rénovation, le 30 juillet 1944 dans son édition du 31 juillet :

« Motier Vully

Qui se douterait que le petit village de Motier-Vully, sis sur la rive gauche du lac de Morat, au pied sud du Vully, possède, outre un cachet fort pittoresque, une ravissante petite église pleine de richesses historiques. La paroisse protestante de Môtier-Vully comprend les communes du Bas et du Haut-Vully. Elle est grande par l'étendue de ses terres, mais elle ne forme en réalité qu'une petite communauté chrétienne disséminée, il est vrai, au quatre vents des cieux. Les paroissiens sont en effet souvent fort éloignés les uns des autres. Môtier -Vully tient une certaine place dans l'histoire. N'est-ce pas lui qui a donné naissance au grand naturaliste connu dans le monde entier, Jean-Louis Agassiz, mort aux Etats-Unis en 1807.

Une modeste plaque commémorative, placée au-dessus de l'entrée du presbytère, habité depuis onze ans par l'actuel pasteur de la paroisse, M. Ch. Nicole-Debarge, rappelle à ceux qui pourraient l'avoir oublié que, dans cette maison, est né Jean-Louis Agassiz, dont le père fut lui-même conducteur spirituel de la paroisse. Mais le village de Môtier-Vully mérite qu'on s'y arrête pour une autre raison encore. Presque au milieu de la bourgade, s'étendant le long de la route qui, de Sugiez conduit à Salavaux, se trouve l'église de la paroisse. La légende ou la tradition veut que ce sanctuaire ait été dédié à saint Martin bien avant le XVIme siècle. Farel y prêcha la réforme en 1532 et c'est lui qui prépara l'introduction du protestantisme dans cette région. Tout l'édifice qui porte fièrement le poids des siècles, était devenu vétusté, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur, à tel point qu'une rénovation complète et rationnelle de tout l'édifice s'imposait. Grâce à l'initiative du pasteur actuel de la paroisse, appuyé par ses fidèles, et après de nombreuses démarches et tentatives, les fonds nécessaires ont été trouvés. La restauration fut décidée en 1943 et les travaux commencèrent aussitôt.

L'église primitive, de structure romane, date probablement du Xme ou du Xlme siècle. Elle évoque l'Abbatiale de Payerne. Le clocher, dont le revêtement en tuf trouvé sur place, a été construit au Xllme ou XIIIeme siècle, présente un cachet particulier. On a retrouvé les fondations d'une seconde église construite vraisemblablement à la même époque. De la sacristie, qui fut démolie en 1850, il ne reste que quelques traces. Quant au chœur, il fut édifié au XVme siècle.

Des parties historiques proprement dites, il ne reste aujourd'hui que le clocher et le chœur, la nef ayant été construite au XlXme siècle sur les ruines de l'ancienne église. La rénovation elle-même a porté sur l'ensemble de l'édifice. Les façades extérieures du bâtiment ont été rafraîchies, celles du clocher ont été décrépies afin de mettre à nu le tuf.

L'intérieur, tel qu'il se présente désormais, donne une impression de douce quiétude et de paix. Il faut, à ce propos, féliciter l'architecte, M. C. Jacottet, de Lausanne. Le vitrail, dont il est l'auteur et qui orne le chœur, retrace l'histoire de la révélation chrétienne dans son ensemble. Il vivifie tout l'intérieur de l'édifice. Le vieux plancher vermoulu a fait place à des dalles de pierres venant de Saint-Maurice; des bancs neufs ont remplacé ceux que l'usage avait délabré; le plafond a été refait complètement, de même que les fenêtres. Les parois du chœur ont été décrépies elles aussi pour qu'elles apparaissent dans leur aspect primitif. Faut-il préciser qu'elles étaient enfouies sous plusieurs couches de plâtre?

Et l'on pourrait encore s'arrêter longuement sur l'installation de la lumière électrique indirecte, sur l'autel, sur le chauffage à air chaud, sur la rénovation des orgues et sur l'aménagement du parc extérieur auquel ont participé les internés de la région.

Notons enfin qu'au cours des travaux destinés à renforcer les murs de base, les terrassiers ont retrouvé au centre même de l'église et aux alentours, une quantité de squelettes. On suppose qu'ils provenaient d'un cimetière situé sur le versant voisin du Vully et qu'ils ont été emportés par les ravines. On a retrouvé également dans le chœur les tombeaux des pasteurs qui ont vécu dans la paroisse au XVIIme et au XVIIIme siècles. «

Vous devez être connecté/-e pour ajouter un commentaire