Les frontières de la Suisse ne sont étanches ni aux virus, ni au mauvais goût

Les frontières de la Suisse ne sont étanches ni aux virus, ni au mauvais goût

Le panneau d'affichage public face à la Poste de Villeneuve est devenu un lieu de prédilection pour un/une ou quelques activistes qui se targuent d'être d'une volonté éthique élevée... mais au final leur mauvais goût et l'asymétrie ainsi dévoilée les discrédite, non?

Un mot me vient à l'esprit: Éthicité.

L'affiche ne fournissant pas d'informations pertinentes quand au contexte "hormis la période", je voulais savoir, vu que l'affiche diffusée en suisse comporte une croix (suisse?), si le militaire était un soldat Allemand ou Suisse, de même cette affiche interfère avec la votation du 28 novembre 2021 de laquelle va dépendre une certaine attitude sanitaire et/ou politique (finalement la loi Covid-19 est acceptée par 62,0% des votants), j'ai donc fait quelques recherches en partant d'abord du casque.

Le casque du soldat:

Le militaire illustré sur l'affiche porte un casque Allemand " Stahlhelm M35 / M40/ ou M42" , donc une des versions produite entre 1935 et 42.

La version suisse, qui étai inspirée du casque Allemand lui ressemble, mais deux détails excluent celui-ci : Le trou d'aération embouti et l'emplacement du rivet.

Ce casque fut aussi distribué à certains alliés des Allemands, par exemple à des unités roumaines dans les zones d'opérations conjointes ou aux "Betasom", unités de la marine italienne stationnées à Bordeaux.

Le marquage discriminatoire du civil:

Sur cette affiche le marquage représenté (une image historique modifiée et détournée ?) n'est pas l'étoile juive mais quelque chose s'apparentant à une croix (Suisse?).

" Les marques d’infamies " sont des signes distinctifs qui furent apposés et imposés à différentes populations, à des groupes d' étrangers et religieux au travers les peuples et civilisations au cours des siècles.

Des marques distinctives vestimentaires ou apposées sur les vêtements sont utilisées pour distinguer certains non-musulmans en terres musulmanes, les dhimmis par exemple depuis env. l'an 700, aussi des marques peuvent devoir être peintes sur les façades ou les portes de leurs maisons, pour les juifs des singes (et autres), des cochons (et autres) pour les chrétiens.

  • Si pour les juifs on trouve l'origine de leur assimilation à des animaux dans les textes coraniques, pour les chrétiens par contre cette attribution n'y s'y trouve pas, elle trouve des sources dans des commentaires et traditions coraniques anciennes.

Pour la suite viennent une profusion de marques vestimentaires discriminatoires/protectrices, comme l'utilisation de morceaux d'étoffes avec des illustrations animales, des turbans, ceintures, pièces de plomb marquées, clochettes, des chapeaux (Judenhut, coralia) et même pour les femmes le port de chaussures de couleur différentes, l'une rouge et l'autre noire ( Eh oui ! Monsieur Henri Beyle ), à l'inverse, le port de certains habits, accessoires vestimentaires, chaussures, couleurs, armes ou même le fait de monter à cheval, sont selon, interdits à ces mêmes personnes.

L'étoile juive nazie est faite dans l'idée de l'invention française qu'est la rouelle, un précédant signe discriminatoire envers le peuple juif et les sarrasins (musulmans), un "signum", fait dans les premiers temps d'une pièce de tissu ronde (principalement jaune, parfois rouge ou autre), porté de manière visible par les hommes et parfois aussi par les femmes datant de env. 1227, instigué par la décision prise lors du concile catholique Latran IV en 1215: "... afin de rendre inexcusable, dans toutes les terres chrétiennes, le crime du mélange maudit des catholiques avec les juifs et Sarrasins des deux sexes...".

L'étoile juive instaurée par les nazis est mise en place en Allemagne suite à un décret du 1er septembre 1941.

  • Entrée en vigueur le 19 sept. 1941 (Reich) « Cette mesure a pour but d’empêcher les Juifs de se camoufler pour tenter d’entrer en contact avec les Allemands. Les batailles de l’Est ont pleinement montré l’infamie des procédés juifs, ainsi que le danger universel que représente pour les peuples libres la politique juive d’anéantissement. Dans ces conditions, on ne peut plus tolérer que des Allemands risquent d’entrer en contact avec des Juifs qui dissimulent leur véritable race. La séparation entre Allemands et Juifs sera réalisée de façon aussi complète que possible dans les circonstances actuelles. Ainsi sera proclamée à la face du monde la responsabilité collective de tous les Juifs pour les abominations commises contre les aryens dans l’Est. Les Juifs du monde entier portent cette responsabilité accablante.»

L'Allemagne n'est pas le premier pays où est introduit cette marque, mais la Pologne (occupée depuis le 1er septembre 39), avec un brassard muni d'une étoile et ce à partir du 01 déc. 39. Pour la partie occupée de la France c'est l'étoile avec l'inscription "Juif" cousue sur les habits au côté gauche de la poitrine qui devient obligatoire dès le 07 juin 42.

Ne pas respecter l'obligation de s'afficher avec ce signe distinctif peut être un motif suffisant pour justifier la déportation.

Cette affiche de propagande en 2021 se sert donc d'une image qui illustre une scène ultérieure au 01 sept 1941

La Suisse, libérale et terre d'accueil:

1848 à 1914

Jusqu'à la Première Guerre mondiale, les ressortissants des Etats avec lesquels la Suisse avait conclu une convention d’établissement pouvaient sans restriction s’établir et travailler en Suisse. Dans la pratique, cette libre circulation s'étendait aussi à des Etats avec lesquels la Suisse n’avait conclu aucune convention d’établissement. Le séjour et l’établissement n’étaient alors refusés qu’en cas de menace de la sûreté et de l'ordre publics. Les tâches de police des étrangers relevaient de la seule compétence des cantons. Le début de la Première Guerre mondiale mit fin à la libre circulation pratiquée jusque-là.

(Commission fédérale des migrations)

Le statut des réfugiés en suisse:

Dev. vient.

L’affaire du tampon « J »

19 août 1938, Pour donner suite à l'afflux grandissant de réfugiés juifs fuyant l'Autriche depuis et après "l'Anschluss" , la Confédération décide de fermer les frontières à tous les réfugiés Autrichiens... mais ce même mois d'août 38, les Autrichiens, annexés à l'Allemagne, deviennent détenteurs du passeport allemand.

Le traité d'établissement conclu avec l'Allemagne en 1926 fait que pour empêcher d'entrer en suisse les juifs fuyant l'Autriche devenus détenteurs du passeport Allemand depuis le 15 août, il faudrait dénoncer ces accords et imposer un visa pour tous les allemands, la suisse dénonce donc de manière préventive ce traité le 30 août rendant le visa obligatoire dès le 1er octobre, ce qui n'est pas dans l'intérêt des Allemands dans la poursuite de leur politique d'expulsion des juifs, de même il est important que les hommes d'affaires Allemands puissent circuler sans entraves administratives. Il en résulterait peut être aussi que le IIIe Reich impose un visa aux Suisses. L'Allemagne craint aussi que d'autres États fassent de même, des négociations ont lieu en septembre à Berne et à Berlin.

Le tampon "J" devient, suite à ces négociations une formalité administrative introduite par les autorités allemandes dès le mois d'octobre 1938.

Avec l'apposition sur les passeports des Allemands de confession juive d'un "J", le contrôle et la distinction entre allemands juifs et non-juifs par les gardes frontières suisses est simplifié.

La suisse aurait dû (protocole de réciprocité) appliquer cette marque sur les passeports des juifs suisse, ce qu'elle ne fit jamais.

D'autres pays reprennent ce marquage. La Suède l'abandonna en 1942 lorsque le sort des juifs, scellé par la solution finale organisée lors de la conférence du Wannsee en janvier 42, devient une réalité trop évidente.

Avis du Conseil Fédéral le 25 nov. 1998:

  • ...Le Conseil fédéral considère que le rôle de la Suisse par rapport à la question du tampon "J" a été suffisamment explicité. Le rapport (ici en lien à: Archives fédérales suisse) présenté par le professeur Carl Ludwig, de Bâle ("La politique pratiquée par la Suisse à l'égard des réfugiés de 1933 à nos jours") apporte à ce sujet un éclairage essentiel. Ce rapport publié en 1957 révèle que la proposition soumise en 1938 par un fonctionnaire allemand du nom de Rödiger au chargé d'affaires suisse à Berlin, selon laquelle il convenait d'introduire un signe distinctif pour les citoyens du Reich de race non-aryenne, avait été retenue par la Suisse. ("J'ai l'impression que l'apposition de ce signe (le tampon "J") suffirait entièrement à nos besoins", p. 102 du rapport Ludwig)... Une autre source vient confirmer les efforts déployés par la Suisse en la matière. "Nous avons pour cette raison demandé à la délégation allemande de trouver un moyen de faire également, et le plus rapidement possible, figurer le signe distinctif sur les passeports déjà délivrés à des Allemands non-aryens vivant à l'étranger, précisément en Italie" (ibidem)...Ces faits historiques démontrent que le gouvernement suisse d'alors porte une co-responsabilité dans l'introduction du tampon "J", même si les autorités fédérales n'ont pas elles-mêmes inventé ce tampon... Le Conseil fédéral, par la voix du conseiller fédéral Kaspar Villiger, s'en est excusé tout en admettant que l'attitude qui a prévalu alors est en soi inexcusable... .

De même, le rapport de La Commission Bergier établi que l’initiative et la dynamique qui ont fini par faire aboutir à ce signe discriminatoire sont aussi du côté suisse.

Il faut bien sûr se replacer dans le contexte, mais il faut aussi savoir que l'attitude discriminatoire et raciste (je place le mot raciste parce que juif était qualifié de race...) avait trouvé sa place depuis un temps certain jusque dans l'administration Helvétique:

  • Dès 1910, le Département politique fait apposer à l'encre ou au crayon un «J», puis une étoile de David rouge entourée d'un cercle rouge, sur les demandes de naturalisation présentées par des Juifs.

Dans le canton de Vaud, des marques administratives de ségrégation:

  • L'administration vaudoise avait élaboré son propre tampon J, plus petit que celui de la Confédération. «Ce tampon apparaît déjà en 1937 (32?), avant la signature de l'accord entre la Suisse et l'Allemagne qui institue le tampon J dans les passeports des Juifs.
  • À Leysin les internés devaient porter sur leurs habits un bouton bleu ou un triangle noir.(Rapport André Lasserre)

En juillet 2000 Le Conseil d’État vaudois a exprimé sa «profonde tristesse et ses regrets» pour l'attitude des autorités cantonales à l'égard des victimes du nazisme.

Exode

L'Allemagne compte environs 523'000 juifs Allemands sur son sol en janvier 1933, soit 0,75% des 67 millions d'Allemands.

Hitler devient chancelier le 30 janvier 1933, dès ce moment et les mois suivant, env. 37'000 juifs entreprirent de fuir leur pays.

12 mars 1938 annexion de l'Autriche. Des autrichiens affluent aux frontières, tentant leur chance à pied ou à la nage. Un camp est ouvert à Diepoldsau (SG). (Source: DFAE Confédération suisse)

De même, après "La nuit de Cristal", nuit du 9 au 10 novembre 1938, plus de 120´000 juifs s'empressent à nouveau de quitter l'Allemagne.

Entre 1933 et 1939, env. 304'000 juifs ont émigré hors d'Allemagne. (frontières Allemandes de 1937)

6-15 juillet 1938, la conférence d'Évian.

Il s'agit là d'une l'initiative du Président Américain Franklin Roosevelt.

La Suisse, très réservée quand à cette initiative, est invitée à organiser la conférence à Genève, ville qui abrite le siège la Société des Nations, proposition qu'elle décline.

Finalement c'est à Évian que 32 gouvernements d'Europe de l'Ouest, d'Amérique du Nord et du sud, se réunissent afin de chercher une solution au nombre croissant de réfugiés fuyant l'Allemagne nazie et de proposer des canaux d'émigration.

La Conférence d'Évian est un échec.

...Les dirigeants du 3ème Reich mesureront là sans doute, le peu d'intérêt des grandes puissances mondiales du sort des Juifs.

Août 1938...Les autorités suisses ont des éléments de preuves que les Allemands forcent les juifs à l'exil en organisant des passages clandestins à travers les frontières et en intensifiant la répression, les forçant ainsi aussi à passer en fraude.

  • Durant la Seconde Guerre mondiale, le Conseil fédéral édicta des dispositions particulières relatives à l’entrée et au séjour de ressortissants étrangers. Entre 1938 et 1942, les règles en vigueur en matière de contrôles à la frontière furent successivement renforcées : introduction de l’obligation de requérir un visa pour les titulaires d’un passeport autrichien (1938), élargie ultérieurement à d’autres nationalités, apposition du sceau « J » sur les passeports des Juifs (1938), obligation de s’annoncer pour les étrangers (sous peine d’expulsion ; 1940). Le 13 août 1942, les frontières de la Suisse furent fermées. Seuls les réfugiés politiques et les déserteurs étaient expressément admis ainsi que les personnes disposant d’un visa de transit. (Source: Commission fédérale des migrations)

17 août 1938 Conférence des directeurs cantonaux de police: ...

- Le délégué de Thurgovie: Berne peut décider ce qu'il veut, notre canton n'acceptera aucun réfugié... .

- Le capitaine Grüniger, Chef de la police de Saint-Gall: Il est impossible de refouler des réfugiés, ne serait-ce qu'en vertu de considérations humaines. Nous devons en accueillir beaucoup.

  • Mr. Grüniger sauva plusieurs centaines /milliers de réfugiés juifs, il sera suspendu dans ses fonctions en mars 43, puis licencié et finalement socialement banni... .

- 1941 Heinrich Rothmund directeur de la division de la police du Département de justice et police de 1929 à1954:

  • Entre autres tâches, je combats aussi l'enjuivement de la Suisse depuis plus de vingt ans avec la police des étrangers et j'ai empoigné avec une particulière énergie le problème des émigrés juifs d'Allemagne.

1941...des directives orales, internes et secrètes dénommées «catégories Ruth», du nom de leur auteur, Max Ruth, premier adjoint auprès de la Division de police...fixent à douze le nombre maximal de Juifs pouvant chaque année acquérir la nationalité suisse...(Le Temps, Karl Grünberg et Anne Weill, article d'opinions 1998)

La presse et la radio suisse est sous le contrôle de l'armée au travers l'organe: Division Presse et Radio

...Si on entend de plus en plus souvent parler de déportations, de camps de concentration et de solution finale, des rapports de témoignages et photographies attestant ces propos, sont strictement censurés.

  • En 1939, à la veille de la Seconde Guerre mondiale, on recense en Suisse quatre cent deux journaux répartis par cantons et par groupes linguistiques, politiques et confessionnels...Le dépouillement des journaux suisses à l’époque de la Seconde Guerre mondiale montre que les lecteurs pouvaient être informés des crimes perpétrés par les nazis. Il permet de mettre en lumière l’information abondante alors disponible et révèle aussi l’engagement de la plupart des journaux de la Suisse romande, leur volonté de dénoncer et de protester en dépit de la surveillance dont ils faisaient l’objet (Francine Edelstein. La presse suisse pendant la Seconde Guerre mondiale face à la Shoah)

30 juillet 1942 Dans son rapport au Conseil fédéral sur l’évolution de la question des réfugiés, Jezler recommande le renforcement de la pratique du refoulement tout en constatant que les Juifs courent les pires dangers.

Le 13 août 1942, Heinrich Rothmund, le chef de la Division de police, émet dans une circulaire confidentielle du DFJP, l'ordre de renvoi de tous les réfugiés civils à la frontière, juifs compris (extrait du texte d'origine):

  • ...Ceux qui n'ont pris la fuite qu'en raison de leur race, les juifs par exemple, ne doivent pas être considérés comme réfugiés politiques. (Doivent êtres refoulés)

Montreux Palace, le 26 et 26 septembre 1942: Conférence des chefs de polices cantonales des étranger

La lecture de ce rapport est édifiante, extraits du Dr Rothmund, chef de la division fédérale de police:

  • Le Suisse n'entend pas se laisser mener par le juif... Le peuple suisse à très violemment protesté...moins par sympathie pour les juifs que parce qu'il condamne leurs persécuteurs...ils sont habitués à des conditions dans lesquelles l'instinct affairiste du juif à tendance à se donner libre cours...

...Juillet 1944...les forces alliées sortent des plages de Normandie, les Allemands se replient.

La chute du IIIe Reich est inéluctable...12 juillet 1944, de nouvelles directives de la Division de police abrogent les directives du 29 décembre 1942...ainsi que toutes les autres. Les juifs obtiennent le statut de réfugiés politiques... .

La barque est pleine

Discours du Conseiller fédéral Von Steiger, le 30 août 1942 devant 8000 délégués de la Jeune Église à Zurich-Oerlikon

  • Lorsqu’on a le commandement d’une petite embarcation de sauvetage lourdement chargée, pourvue d’une quantité limités de vivres, et que les milliers de victimes d’une catastrophe maritime appellent à l’aide, on donne l'impression d’être dur si l’on ne prend pas tout le monde à bord. Mais c’est encore se montrer humain que de mettre en garde à temps contre les espérances trompeuses et d’essayer de sauver ceux que l’on a déjà accueillis

- Durant la guerre, la Suisse a hébergé, pour un temps plus ou moins long, 295 381 étrangers en quête d’asile, dont 55 018 réfugiés civils et 59 785 enfants pris en charge par la Croix Rouge. Sur l’ensemble des réfugiés civils et des migrants, 28 242 étaient Juifs et ont bénéficié de l’accueil en Suisse,42% de ces derniers sont entrés en suisse passant par Genève.

Sur les 55 018 civils répertoriés dans les dossiers conservés aux Archives fédérales, on compte 11 524 Français.

Les demandes d’asile des déserteurs allemands, et des prisonniers de guerre français, franco-algériens ou franco-marocains évadés sont acceptées, conformément aux Conventions de La Haye, datant de 1907. Échapper au RAD (Reichsarbeitsdienst/Service du travail du Reich), à l’incorporation dans l’armée allemande, au STALAG (camps de prisonniers de guerre) est reconnu comme un motif justifiant l’asile. (Source: Exodus der elsässischen Flüchtlinge in die Schweiz (1940-1945) Daniel Morgen)

Nouvelle directive du 26 septembre 1942 (fermeture des frontières, décision fédérales, circulaire confidentielle)

Les étrangers entrés clandestinement doivent être refoulé...ne doivent pas êtres refoulés: 1. Les déserteurs...2. Les réfugiés politiques...3. Les cas dans lesquels le refoulement serait une mesure extrêmement dure...malades...femmes enceintes... réfugiés de plus de 65 ans...époux...enfants non accompagnés de moins de 16 ans...

... Les Juifs français doivent être refoulés sans exception étant donné qu'ils ne courent pas de danger dans leur pays... .

Déclaration de Joseph Spring au Tribunal Fédéral le 21 janvier 2000

  • ...Le 13 novembre 1943, nous avons traversé plein d’espoir la frontière suisse à La Cure dans le Jura...Nous avions le numéro de téléphone d’une famille à Fribourg qui devait nous aider...nous sommes dirigés vers une lumière qui semblait être celle d’une ferme...le paysan suisse...nous a amenés aux douaniers qui ont enregistré nos véritables identités...comme Henri était gravement tuberculeux - selon le certificat d’un sanatorium de Bruxelles - et comme Sylver et moi étions mineurs, nous avons espérés que les douaniers en tiendraient compte et ne nous refouleraient pas...ils nous ont ordonné de repartir vers la France...deux jours plus tard, au même endroit et de nouveau en pleine nuit, nous avons fait un deuxième essai... nous avons été repérés par deux douaniers...les douaniers suisses nous ont directement remis, à deux heures du matin, aux fonctionnaires allemands qui nous attendaient...comme j’avais un passeport français, j’ai tenté de me faire passer pour français. Le fonctionnaire allemand chargé de mon interrogatoire s’est mis à rire et m’a dit que j’étais le juif Joseph Sprung de Berlin. Il était clair que nous avions été trahis par les Suisses...Le 17 décembre, 850 hommes, femmes et enfants ont été regroupés,enfermés dans un train fait de wagons à bestiaux, envoyés à Auschwitz.... J’ai survécu à la marche de la mort d’Auschwitz à Gleiwitz en janvier 1945. J’ai survécu encore à un voyage en train dans des wagons ouverts. J’ai survécu au camp de Turmalin, puis à une autre marche de la mort dans le Harz vers Magdebourg et j’ai été libéré par les troupes américaines en avril 1945...
  • La question que je me pose est la suivante : en quoi nous trois traversant la frontière en novembre 43 avons-nous menacé la Confédération helvétique ? Pourquoi était-il nécessaire que des fonctionnaires suisses nous envoient à la mort ?

La Rose Blanche, groupe de résistants allemands, 1942 - 1943

Les enfants de la fratrie Scholl (Inge, Hans, Elisabeth, Sophie, Werner, Thilde et Ernst Gruele) ont une enfance normale, voire discrète, Luisa Magdalene née Müller, mère des six premiers enfants est infirmière, protestante et croyante.

Robert Scholl, le père, est un homme politique du Wurtemberg, pacifiste, il s'est opposé à la guerre de 1914 et a refusé de servir dans un service militaire armé. En 1932 il dirige un cabinet d'avocats en tant qu'auditeur et conseiller fiscal.

À 12 ans Hans participe au mouvement chrétien (CVJM) YMCA, en 1933, âgé de 14 ans, Hans entre dans le mouvement des Jeunesses Hitlériennes et par la suite il prend du grade dans le mouvement Jungvolk, parallèlement il participe aussi à un autre mouvement, un "bündischen Jugendgruppe".

En novembre 1937, les enfants Scholl, Sophie, Inge et Werner Scholl, accusés d'être actifs dans un "Bündischen Jugendgruppe/" mouvement de jeunesse "scout" supplanté par des groupes nazis et interdit, sont arrêtés par la Gestapo.

Sophie (16 ans) est libérée après quelques heures, Inge (20 ans) et Werner (15 ans) sont détenus et interrogés à Stuttgart pendant une semaine.

Le 11 novembre 1937, alors que Hans Scholl est stationné dans une caserne en tant que cavalier, la Gestapo perquisitionne chez ses parents et y trouve des preuves de son activité au sein de l'« Association de la jeunesse autonome allemande » interdite. Hans est interrogé, il est aussi accusé des violations du paragraphe 175 qui criminalise les actes sexuels entre hommes. Hans Scholl entretenait une relation avec Rolf Futterknecht (qui entendu comme témoin l'avoue à la Gestapo).

En décembre 1937, Hans (19 ans) est emprisonné pendant cinq semaines, il est accusé de faits d'homosexualité et d'avoir participé à un mouvement de jeunesse interdit (le même mouvement que pour son frère et ses sœurs ci-dessus). Sa mère écrit au juge pour plaider "l'immaturité innocente" de son fils, le juge accède à cette demande et interrompt la procédure, puis en 1938 une amnistie, suite à l'annexion de l'Autriche (l'Anschluss) entre en vigueur pour les peines inférieures à un mois de prison et fait ainsi abandonner les poursuites contre lui.

Le père de Hans et Sophie, Robert Scholl, opposé au parti nazi, est dénoncés en 1942 par ses propres employés pour avoir tenu des propos critiques envers le führer (le fléau de Dieu), il écope de 4 mois de prison et se voit interdit d'exercer sa profession.

C'est donc en 1942 dans le berceau du nazisme qu'est Munich que le mouvement La Rose Blanche est créé en par les étudiants Hans Scholl (24 ans) et Alexander Schmorell (25 ans), rejoints par deux étudiants en médecines, Christoph Probst (23 ans, père de trois enfants) et Willi Graf (24 ans) et ainsi que par Sophie Scholl (21 ans) sœur de Hans, Traute Lafrenz, une amie de Hans Scholl et le professeur de philosophie et musicologie Kurt Huber (orginaire de Coire), marié, père de deux enfants, qui participe pour la première fois le 17 juin 1942 à une séance de la Rose Blanche.

Les rencontres se tiennent dans l'atelier de l'architecte Manfred Eickemeyer que le peintre Wilhelm Geyer lui loue. En juin 1942 ils rédigent et impriment dans l'atelier de l'écrivain et résistant Theodor Haecker 4 tracts signés Weisse Rose en faisant référence à Schiller, Aristote, Goethe, Lao Tseu, Novalis ou encore à des passages bibliques, ils les diffusent par milliers d'exemplaires auprès des citoyens des villes du sud de l'Allemagne en appelant ainsi les étudiants et citoyens à entrer en résistance contre le régime nazi.

De 1942 à 43 leurs 6 différents tracts sont rédigés sur une machine à écrire du type "Remington Portable" et ensuite polycopiés. En décembre 42 Hans Scholl achète pour env. 240.- Reichsmark (unité monétaire Allemande entre 1924 - 1948) une poly-copieuse Roto-Präziosa d'occasion avec les 500 RM mis à disposition par Alex. En tout environ 15'000 exemplaires sont polycopiés et distribués, soit à des proches, envoyés par poste, glissés discrètement sur des véhicules, laissés sur des bancs ou dans des bottins des cabines téléphoniques ou encore envoyés à des universités en Allemagne et en Autriche. La cave du libraire Josef Söhngen sert de cache pour les tracts.

Les membres organisent aussi la collecte de pain pour les détenus des camps de concentration et apportent leur aide aux familles de ceux-ci, mais le groupe est déçu du peu d'effets engendrés auprès de la société estudiantine.

Le 18 février 1943 au matin, Hans et Sophie se rendent à l'Université Ludwig-Maximilian de Munich en transportant dans une valise brun-rouge (Sophie) et un porte-documents (Hans) 1500 à 1800 copies du 6ème et dernier tract relatant la défaite de Stalingrad et condamnant les méthodes nazies, ainsi que environ 50 copies du tract "Aufruf an alle Deutsche!", tracts qu'ils déposent/étalent dans les coursives et sur des bancs dans l'université.

  • ...Dans mon arrogance ou ma bêtise, j'ai commis l'erreur de jeter environ 80 à 100 de ces tracts du deuxième étage de l'université dans l'atrium, c'est ainsi que mon frère et moi avons été découverts. Je savais parfaitement que notre approche visait à éliminer la forme actuelle de gouvernement. (Sophie Scholl, aveux, procès-verbal)

Vers 11h15, Jakob Schmid, concierge de l'université, trouve des tracts éparpillés sur les escaliers, il se rend au deuxième étage et de là il aperçoit deux étudiants (Hans et Sophie) qu'il ne connaît pas. Il les retient sur place pendant que les membres d'un corps d'étudiants présents applaudissent cette arrestation. Hans et Sophie aussitôt livrés à la Gestapo sont emprisonnés au Palais Wittelsbacher.

L'université publie le 21 février la décision prise le jour même,d'exclure avec effet immédiat l'étudiante en sciences naturelles et en philosophie, Sophie Scholl, de toutes les universités Allemande.

Christoph Probst, Willi Graf et sa sœur Anneliese Graf seront arrêtés le même jour.

Instruction, jugement, exécutions

Suit une instruction rapide, bâclée, brutale, où Sophie se fait briser une jambe pendant un interrogatoire.

Le lundi 22 février 1943, quatre jours après leurs arrestations, ils sont transférés devant un tribunal du Volksgerichtshof, présidé par Roland Freisler venu exprès de Berlin. Surnommé le juge sanguinaire. il est un des chefs nazi les plus brutaux, qui avec ce chiffre record de 2600 condamnations à mort, incarne à juste titre la terreur judiciaire nazie.

Sophie Scholl entre dans la salle d'audience avec des béquilles.

La famille Scholl arrive à s'introduire dans la salle d'audience, mais le "juge" Freisler les fait pousser dehors, il se comporte de manière odieuse et tient des propos humiliants envers les accusés.

Ce lundi à 12h45, après trois heures de "procès", Roland Freisler annonce à Hans Scholl, Sophie Scholl et Christoph Probst qu'ils sont condamnés, "pour crimes politiques majeurs", à la peine de mort.

Les parents Scholl et un de leur fils rédigent une demande de grâce, en vain.

Entre 16 et 17 heures, les parents, Magdalene et Robert Scholl, voient leurs enfants vivants pour la dernière fois.

17h00, les exécutions débutent par Sophie (21 ans)

Les grandes lignes de son procès-verbal d'exécution à la prison de Standelheim:

  • ...Sophie est amenée dans la salle d'exécution par deux gardiens...une fois son identité établie elle est remise au bourreau Reichhart...ses assistants la conduisent à la guillotine et la maintiennent sous celle-ci qui est immédiatement déclenchée par Reichhart...le médecin de la prison constate le décès...Le condamné était calme et serin...Il a fallu 06 secondes de la remise au bourreau à la chute de la lame...tout le processus d'exécution, qui s'est déroulé sans incident a duré à partir du moment où elle a quitté la cellule 00 Minutes 48 secondes...le corps et la tête du condamné ont été placés dans un cercueil en attente et remis à la préfecture de police de Munich pour être emmenés au cimetière de Perlacher.
  • Les exécutions se poursuivent, Hans (24 ans), frère de Sophie, est exécuté à 17h02... suivi de Christoph Probst (23 ans).
  • La législation allemande imposait un délai de 99 jours avant l'exécution d'un condamné, mais le tribunal du peuple (Volksgerichtshof) créé par Hitler en 1933 est un tribunal politique qui n'a que faire de la législation Allemande. Après guerre (bien après) en 1988 les jugements de ce "Tribunal du peuple" sont abolis.
  • Le bourreau Johann Reichhart..." bourreaux de pères en fils depuis 8 générations"...œuvre dans un grand souci protocolaire, de professionnalisme et avec un forme de respect envers les condamnés qui lui étaient présentés. Après la capitulation il œuvre à des exécutions pour le compte des alliés... . Reichhart est le bourreau qui compte le plus grand nombre d'exécutions connu au monde, soit 3 165, et pourtant en 1963 il se déclarera opposé à la peine de mort.

Le 27 février le fiancé de Sophie, Fritz Hartnagel, cantonné à Lemberg, apprend la condamnation et envoie un télégramme pour demander de sursoir à l'exécution de Sophie et Hans, le temps de formuler une demande de grâce, 4 jours plus tard 'il est informé de ce qui c'est passé.

Le 27 février 43 Kurt Huber, Alexander Schmorell sont arrêtés. Ce même jour sont aussi arrêtée Anna (Gölden) Gaf mère et le 27 mars Gerhardt Graf, père de Willi et Anneliese Graf. Anneliese Graf et ses parents sont libérés le 19 avril.

Robert Scholl, après l’exécution de ses deux enfants Hans et Sophie, est encore une fois condamné en 1943 à 18 mois de prison pour avoir écouté des émissions de radio étrangères.

Le19 avril 1943 se tient un deuxième tribunal présidé par Freisler qui juge 14 accusés. Après 14 heures les condamnations tombent, Willy Graf, Kurt Huber et Alexander Schmorell sont condamnés à mort.

Alexander Schmorell (25 ans) et Kurt Huber (49 ans) sont guillotinés le 13 juillet 1943, Willy Graf (25 ans) est guillotiné le 12 octobre 1943, les trois sont exécutés dans la prison de Stadelheim.

  • Clara Huber reçoit une facture de 600 Reichsmark, dus pour "frais d'usure de la guillotine" lors de l'exécution de son mari Kurt Huber.

Josef Söhngen, libraire, fut arrêté le 13 avril 43 et condamné le 13 juillet à 6 mois de prison.

Eugène Grimminger, pacifiste, pour son soutient financier est condamné à dix ans de prison (Ludwigsburg), dans la foulée la Gestapo arrête sa femme Jenny qui étant de confession juive est déportée à Auschwitz, Jenny Grimminger-Stern (48 ans) y trouve la mort le 02 décembre 1943. Eugène Grimminger apprend la mort de sa femme en janvier 44 et tente de se suicider.

Heinrich Bollinger et Helmut Bauer sont condamnés à 7 ans de prison (Ludwigsburg), Hans Hirzel et Franz J. Müller à cinq ans, Heinrich Guter à dix-huit mois, Gisela Schertling, Katharina Schüddekopf à un an de "prison", un an aussi pour Traute Lafrenz qui après sa libération est à nouveau incarcérée, d'abord à Berlin-Moabit, elle est libéré à Bayreuth en avril 45, Susanne Hirzel écope de six mois, Falk Harnack est acquitté mais il déserte, quitte l'Allemagne puis cofonde un comité antifasciste, Willy Bollinger inculpé le 28 janvier 1944 écopa de 3 mois de prison. Harald Dohrn inquiété par la justice nazie est acquitté en 43, lors de sa participation à un appel du mouvement de résistance FAB il est dénoncé et exécuté (60 ans) par les SS dans la forêt de Perlacher le 29 avril 45;

Hans Conrad Leipelt polycopie le dernier tract de Munich après l'exécution des membres fondateurs du mouvement, et avec l'aide de Marie-Luise Jahn les distribuent. Ils sont dénoncés. Leipelt est arrêté et condamné à mort en 1944 puis exécuté (23 ans) le 29 janvier 1945, Marie-Luise Jahn, condamnée en 1944 à 12 ans de "prison" est libérée en mai 1945,

Lilo Ramdhor-Furst est arrêtée le 02 mars 1943 à son domicile par la Getapo qui la gardent un mois en détention, elle y est régulièrement interrogée sur son rôle dans la Rose Blanche, mais est finalement libérée sans inculpation, par la suite Heinrich Himmler ordonne son arrestation mais elle parvient à s'enfuir, elle se marie en février 44 et change ainsi de nom en devenant Lieselotte Fürst. Elle témoigna que sa vie avait été très dure après la guerre, que ni sa mère ni son beau-père ne voulaient avoir à faire avec elle, ils la voyaient ​​toujours comme une traîtresse envers l'Allemagne, et ainsi aussi, dans l'immédiat de l'après guerre, ses compatriotes les auraient volontiers tous (les membres de la Weisse Rose) fait exécuter.

Les membres de la Rose Blanche sont devenus des personnalités célèbres seulement dès le moment ou la société allemande a recherché des modèles positifs de la période de l'Allemagne nazie.

Le 27 juin 1943 Thomas Mann rend hommage à La Rose Blanche sur les ondes de la BBC dans l'émission "Deutsche Hörer”, prix Nobel de littérature de 1929, il est en exil depuis 1933, en Suisse et en Amérique, il a été déchu de sa nationalité Allemande en 1936.

Helmuth James von Moltke parvient à faire sortir d'Allemagne pour l'Angleterre, en passant par la Scandinavie, le sixième et dernier tract rédigé par Kurt Huber, tract dont la Royal Air Force largue 5,32 millions d'exemplaires entre le 03 et le 25 juillet 1943 au dessus de Berlin, Dortmund, Düsseldorf, Cologne, Münster et Weimar, villes du nord et du centre de l'Allemagne, en prenant soin d'y ajouter en introduction:

- UN TRACT ALLEMAND - MANIFESTE D' ÉTUDIANTS MUNICHOIS -

Membres, participant(e)s, sympathisant(e)s de La Rose Blanche à Munich:

Hans Scholl 1918-1943, Sophie Scholl 1921-1943, Christoph Probst 1919-1943, Alexander Schmorell 1917-1943, Willi Graf 1918-1943, Kurt Huber 1893-1943, Eugen Grimminger 1892 - 1986, Heinrich (Heinz) Bollinger 1916 - 1990, Wilhelm (Willy) Bollinger 1919 - 1975, Theodor Haecker, 1879 - 1945, Helmut Bauer, Hans Hirzel, Susanne Hirzel, Franz J. Müller, Heinrich Guter, Gisela Schertling, Katharina Schüddekopf, Falk Harnack 1913 - 1991, Wilhelm Geyer 1900 - 1968, Lilo Ramdohr/Lieselotte Fürst (Berndl) 1913 - 2013, Mirjam David, Harald Dohrn 1885 - 1945, Lieselotte Dreyfeldt, Manfred Eickemeyer (voire note1), Wolfgang Erlenbach, Valentin Freise, Wilhelm Geyer, Heinrich Guter, Nikolaj Hamazaspian, Hans Brenner, Rudi Alt, Theodor Haecker, Hans Hirzel , Ernst Holzer, Marie-Luise Jahn 1918 - 2010, Hans Conrad Leipelt 1921 - 1945; Hedwig Schulz, Josef Söhngen 1894 - 1970 Franz Treppesch, Jürgen Wittenstein, Gisela Schertling, Helmuth James von Moltke 1907 - 1945, Heinrich Guter 1925 - 2015, Otl Aicher,

Membres, participant(e)s, sympathisant(e)s de La Rose Blanche à Hambourg:

Heinz Kucharski 1919-1945, Karl Ludwig Schneider 1919 - 1981, libéré le 12 avril 1945 à Stendal; Traute Lafrenz 1919, libérée le 15 avril 1945 à Bayreuth (dernière survivante du mouvement Weisse Rose, 102 ans en 2021); Bruno Himpkamp 1925 - 2008, libéré le 12 avril 1945 à Stendal; Albert Suhr 1920 - 1996, libéré le 12 avril 1945 à Stendal; Hans Konrad Leipelt 1921 - 1945 executé le 29 janvier 45 (Stadelheim); Hannelore Wilbrandt, 1923 - 2003 libérée le 14 avril 1945; Ursula de Boor 1915 - 2001, libérée le 14 avril 1945; Wilhelm Stoldt 1886 - 1957 libéré le 12 avril 1945 (Stendal); Felix Jud 1899 - 1985 libéré en mai 1945; Margaretha Rothe 1919 - 1945 arrêtée le 09 novembre 43, morte en détention; Heinz Kucharski arrêté le 09 novembre 43, condamné à mort le 17 avril 45. Lors de son transfère en vue de son exécution, il parvient grâce à un bombardement à s'enfuir et rejoint l'Armée Rouge, en 2009 Karin Seybold (voire note 2) s'exprime sur lui et énumère le fait qu'il aurait dénoncé plus de 30 personnes aux nazis, dont sa propre mère, et qu'il justifia ceci dans une forme de calcul discutable.

Pour plusieurs des condamnés de Hambourg libérés des prisons et camps par les Anglais ou par les Américains, (Russes/Canadiens ?) , l'administration judiciaire allemande Hambourgeoise continue les instructions et prononce des condamnations à leur encontre, ce après et malgré l'arrivée des forces armées anglaises "libérant" Hambourg... .

Membres des familles et de l'entourage victimes de persécutions:

Jenny Grimminger-Stern 1895 - 1943, Anna Gaf, Gerhardt Graf, Anneliese Graf.

Si "LA ROSE BLANCHE/ DIE WEISSE ROSE" a été éradiquée après à peine un an d'existence, le souvenir de son histoire résiste pour la postérité.

La Rose Blanche, 11 mars 2021, emblème de la commémoration aux victimes de la Covid

Le gouvernement du Québec a choisi la rose blanche comme emblème de la Journée de commémoration nationale des victimes de la COVID-19 qui a eu lieu le 11 mars 2021.

À cette date, cela faisait exactement un an que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) décrétait l’état de pandémie.

La Rose Blanche, le mouvement anti-vax, anti-pass et complotiste:

Hanovre, 21 novembre 2020

Une manifestation "Corona-Gegner" est organisée par le mouvement Querdenken 711.

  • Mouvement créé en avril 2020 par Michael Ballweg à Stuttgart , dont plusieurs personnes importantes de l’organisation ont partagé des idées d’extrême droite ou ont été vues en compagnie de négationnistes, mais qui se dit apolitique.(Source Libération)

Lors de celle-ci, Jana, activiste de 22 ans prend la parole:

  • Je suis Jana de Kassel et je me sens comme Sophie Scholl (résistante Allemande de "La Rose Blanche", guillotinée en 1943), parce que je suis active dans la résistance (contre les restrictions et contraintes sanitaires) depuis des mois, donnant des discours, allant à des démonstrations, distribuant des tracts et aussi depuis hier, en m'inscrivant à des réunions... .

Malheureusement, ces propos initient une dynamique et en reprenant cette comparaison un nouveau groupe se créé sous le mon galvaudé de "The White Rose" qui depuis essaime dans plusieurs pays.

Je me réfère ci-dessous à l'excellente enquête du journaliste de Médiapart, Mr Ricardo Parreira:

La Rose Blanche est un canal Telegram créé le 23 avril 2021. Il a été mis en place pour permettre aux francophones de se joindre à "l'action internationale" de "The White Rose", canal Telegram créé en Angleterre en novembre 2020...si l'on remonte à février 2021 - décembre 2020, nous constatons qu'il s'agit initialement d'un groupe français complotiste pro-Trump - Qanon.

Groupe français complotiste pro-Trump-Quanon...ce sont clairement des idéologues d'extrême droite...leurs fonctionnement paraît inoffensif mais progressivement dans notre vocabulaire de nouveaux concepts comme le nouvel ordre mondial, le grand reset, l'idée d'un faux virus...j'ai vu des camarades de gauche se faire avoir avec les autocollants, parce que parfois les messages sont évidents et touchent tout le monde comme "La liberté c'est bien"...ce sont les gilets jaunes les premiers à s'interroger...on a essayé de parler avec eux...et ça ne nous a pas plu du tout...

Slogans:

- Vous êtes-vous demandé comment seul un petit chien peut contrôler autant de moutons? La peur.

- En temps de guerre, un délateur est un collabo

- Les médias sont le virus

- Votre obéissance prolonge le cauchemar.

- Nous sommes la résistance, résistance à la dictature sanitaire et sociale

- Jamais je ne me ferai injecter une substance expérimentale par une société de malades qui veut nous dresser.

Et ceux qui n'abondent pas sont des collabos formatés par le système... .

...Il est important de comprendre que c'est, dans des classes sociales qui souffrent d'une grande précarité et/ou d'abandon et de solitude, que l'extrême-droite, aux airs angéliques, criant liberté, fierté de la nation, induit un vide intellectuel et nous éloigne des luttes réelles, locales comme globales.

Lien: Enquête sur la La Rose Blanche Francophone, par Ricardo Parreira, journaliste

Mis à jour le 19 septembre 2023, document en cours d'édition. M.S.

  • Note 1: Le procès verbal de la Gestapo du 21 fév. 43 relatif à la fouille de l'atelier d'architecture de Manfred Eickemeyer est mal orthographié, comme suit: Eichemeier
  • Note 2: Réalisatrice autrice du film documentaire " Die Widerständigen Zeugender Weissen Rose".

Sources et lectures: Landtag von Baden-Württemberg (D), Bundesarchiv (D); AAKA (D); Dodis (CH); Archives fédérales(CH); Bundeszentrale für politische Bildung (D); Amnesty international ->Sophie Scholl entre dans la salle d'audience avec des béquilles; Robert Ulysse (1845-1903) Les signes d'infamie au moyen âge; Wikipédia; La Suisse, les Suisses, la neutralité et le IIIe Reich (1941-1945) Marc Perrenou; United States Holocaust Memorial Museum/Encyclopédie Multimédia de la Shoah; Evangelisch.de (Hans Scholl: "Gott ist bei uns")->Execution Hans Scholl à 17h02 -> Hans Scholl entretenait une relation avec Rolf Futterknecht .

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