[CAPTAIN DEASY'S DARING DRIVE],
[CAPTAIN DEASY'S DARING DRIVE],
Négatif original bandes nitrate non perforées de 68 mm; tirage positif moderne 35 mm.; noir/blanc; muet; 158, 2 m., 8'40'' à 16 i./s.; non fiction
Réalisation : Emile Lauste et Walter Booth; production : Mutoscope & Biograph Company
Captain Deasy’s Daring Drive désigne un ensemble de vues produit par la British Mutoscope & Biograph Company, qui dépêcha de Londres deux opérateurs, Emile Lauste et Walter Booth, pour filmer la répétition d’un exploit automobile réalisé le 5 octobre 1903, dont la presse internationale s’était fait l’écho : l’ascension et la descente d’une Martini de Caux aux Rochers-de-Naye, sur les rails du chemin de fer. Outre l’aspect technique et sportif de l’événement et la renommée du haut lieu touristique qui en était le théâtre, l’intérêt du producteur londonien tenait à la participation du capitaine Henry Deasy, un « sportsman » connu pour ses explorations de l’Asie centrale. Le 11 octobre, la neige étant tombée prématurément sur les Préalpes, la Martini n’effectua qu’une partie du parcours prévu.
Ces quinze vues, en deux séries décrites ici selon un montage moderne, appartiennent au riche répertoire de sujets produits de 1897 à 1903 par les diverses branches de la Mutoscope & Biograph Company, la plupart dans un format particulier, le 68 mm, qui permettait une projection de très grande dimension.
Ces images intéressent le canton de Neuchâtel en raison du véhicule, la Martini HP 14, baptisé du nom du fabricant d’armes qui s’était lancé six ans plus tôt dans l’industrie automobile, Max de Martini. Ce dernier, dont l'usine de Saint-Blaise fut inaugurée l’année même, participa directement à l’événement avec le propriétaire du véhicule, Ernest Cuénod.
Le 8 octobre 1903, Le Neuchâtelois raconte comment «à la suite d’un pari, le capitaine Deasy, l’explorateur de l’Asie centrale, est monté mardi, de Caux aux Rochers-de-Naye, dans une automobile Martini de 14 chevaux, en suivant la ligne du funiculaire». Le 17 octobre, le même quotidien relate le retour du véhicule : «(…) L’automobile Martini, 14 chevaux, qui a servi au capitaine Deasy à gravir deux fois les Rochers-de-Naye, la deuxième fois lundi dernier, par une pluie torrentielle qui rendait périlleux le trajet sur la pente de 23% de la ligne Glion-Naye, est arrivée sans mener grand bruit à la gare de Neuchâtel, jeudi, à midi, encore décorée des petits drapeaux et des fleurs qui signalaient son triomphe. C’est (…) une superbe voiture (…) qui fait honneur à l’industrie suisse».
La représentation du filmage lui-même fait de ce film un objet d’autant plus exceptionnel que cette représentation est associée à des éléments spectaculaires, accentués encore à l’origine par le format particulier de l’image: un hôtel en nid d’aigle, le pittoresque du paysage, les travellings au bord d’une pente abrupte.
A la modernité du cinéma s’associent celle de l’automobile, du tourisme de luxe et des voies ferroviaires panoramiques, moyens de conquête du monde qu’illustrent bien les protagonistes de l’événement. Aux côtés de Henry Deasy et de Max de Martini se trouvent le banquier veveysan Ernest Cuénod, membre fondateur de l’Automobile club de Suisse en 1898, Hugo Eulenstein, directeur du Caux Palace, inauguré en 1902, et l’ingénieur Adolphe Jaques, directeur de la ligne Glion – Rochers de Naye.
Références
Le Neuchâtelois, 8.10.1903, p. 2; Feuille d’avis de La Chaux-de-Fonds, 15.10.1903, p. 2; L'Impartial, 15.10.1903, p. 6; La Patrie suisse, nº 263, 21.10. 1903, pp. 252-253. Roland Cosandey, «Tableaux pour une expédition cinématographique au pays du panorama : Captain Deasy's Daring Drive (Mutoscope & Biograph Co., Emile Lauste et W. R. Booth, GB 1903)», in : Décadrages (Lausanne), n° 6, automne 2005, pp. 98-110. [Captain Deasy's Daring Drive], in : Montreux 1900-1960. Une histoire d’image(s), Lausanne, Cinémathèque suisse, 2006, (Coll. « Le cinéma des régions », 1), DVD ; images.ch/2004/publications/ma....
Extrait de : Aude Joseph, Neuchâtel, Un canton en images. Filmographie tome 1 (1900-1950), Hauterive: Institut neuchâtelois, Editions Gilles Attinger, 2008, notice n°4, pp 21-23.
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