Richard WAGNER, Bacchanale de Tannhaüser, Orchestre de la Suisse Romande, Robert DENZLER, mercredi 23 janvier 1957
Richard WAGNER, Bacchanale de Tannhaüser, Orchestre de la Suisse Romande, Robert DENZLER, mercredi 23 janvier 1957
L' ouverture et la «Bacchanale» de Tannhäuser sont assez souvent jouées en concert, séparément ou ensemble: dans la version de Tannhäuser dite «de Paris», l'ouverture s'enchaîne avec la «Bacchanale», qui fut composée pour les représentations de Tannhäuser à l'Opéra de Paris.
"[...] Au lever du rideau, au premier acte, la scène représente le Venusberg ou royaume souterrain de Vénus (près d'Eisenach). Tout au fond de la grotte, éclairée d'une lumière rose, et qui s'étend à perte de vue, un lac bleu dans lequel nagent des sirènes et des naïades.
Sur les plages et sur les tertres sont étendus des groupes; des nymphes et des bacchantes dansent dans un mouvement de plus en plus effréné. Sous un magnifique dais Vénus est mollement étendue; à ses pieds Tannhäuser est endormi, la tête renversée sur les genoux de la déesse.
Les danses s'animent de plus en plus, puis l'apaisement se fait, les couples s'éloignent, et des vapeurs qui montent en s'évanouissant ne laissent plus voir que le groupe formé sur le devant de la scène par Vénus et Tannhäuser. La musique de cette bacchanale reproduit la plupart des motifs profanes de l'ouverture; dans la pensée du poète, cette danse doit avoir les allures grandioses d'une de ces orgies antiques qui savaient se maintenir dans les limites du beau et telles que nous les dépeignent certains bas-reliefs. Elle ne doit ressembler en rien au ballet moderne. La musique d'ailleurs indique assez ce caractère de grandeur dans le déchaînement des sens. [...]
Une troupe de pèlerins passe devant nous. Leur chant plein de foi et de repentir célèbre l'espérance du salut. Il se gonfle, s'épanche puissamment, puis s'éloigne et s'éteint dans le crépuscule. La nuit tombe; de magiques apparitions surgissent, des vapeurs rosées s'élèvent en tourbillonnant, on distingue dans la brume lumineuse les mouvements d'une danse luxuriante. Ce sont les enchantements nocturnes de la «Montagne de Vénus». Captivé par ces apparitions s'approche Tannhäuser, le chantre de l'amour. Il entonne un chant provocateur, comme pour attirer à lui les habitants de la montagne. Des cris sauvages et désordonnés lui répondent, les nuages rosés s'épaississent, des parfums étourdissants l'enveloppent et dans un demi-jour diapré son regard visionnaire aperçoit la plus enchanteresse des femmes. C'est Vénus elle-même qui lui est apparue! Un trait de feu le traverse à sa vue, il s'approche de la déesse et répète près d'elle son chant exalté. [...]" cité de la brochure-programme d'un concert donné le samedi 22 mars 1902 au Théâtre de la Ville de Genève par l'orchestre des concerts d'abonnement dirigé par Willy REHBERG, un texte qui fut - au cours des décennies suivantes - repris dans de nombreux programmes de concert**.**
L' ouverture et la «bacchanale» sont donc plus qu'un prélude: elles présentent le drame lui-même en raccourci, dans une sorte de poème symphonique poussé aux dernières limites du pittoresque: "[...] tout se meut, tout agit, tout fait image et contraste dans ce tableau ardent [...]".
Le 23 janvier 1957, Robert DENZLER dirigeait l'Orchestre de la Suisse Romande dans un concert donné au Victoria-Hall de Genève, avec Arthur Grumiaux et Maurice Gendron en soliste. Au programme:
- Richard Strauss, Don Juan, poème symphonique. op. 20
- Johannes Brahms, Concerto en la min. op. 102 pour violon, violoncelle et orchestre
- Richard Wagner, Bacchanale de Tannhäuser, L'Enchantement du Vendredi-Saint et l'Ouverture des Maîtres chanteurs
Le concert fut diffusé en direct sur l'émetteur de Sottens, dans le cadre du traditionel concert du mercredi soir (ref: Gazette de Lausanne du 23 janvier 1951 en page 3).
Le lendemain, Franz WALTER écrivait dans le Journal de Genève:
"[...] Le septième concert de l'Abonnement - Robert Denzler, Arthur Grumiaux, Maurice Gendron
Le programme de ce septième concert de l'abonnement n'appelle guère de longs commentaires puisque consacré à des oeuvres traditionnelles du répertoire et dont chacune a été entendue relativement récemment, soit au cours des concerts de notre orchestre, soit à l'occasion de la visite d'ensembles étrangers: Don Juan de Strauss, double concerto de Brahms, Bacchanale de Tannhäuser, Enchantement du Vendredi-Saint et ouverture des Maîtres-Chanteurs de Wagner.
Nous nous bornerons à louer bien haut les artistes et en premier lieu M. Robert F. Denzler qui, par ses interprétations en tout point remarquables, réussit à éviter la monotonie qui menaçait ce concert par suite des débordements à la fois sonores et sentimentaux qu'il nous offrait en une continuité un peu excessive.
Mais peut-être n'était-il pas sans intérêt de confronter ainsi trois compositeurs qui ont tant de points communs et qui trouvent à être si différents pourtant l'un de l'autre.
Face à ces auteurs dont il dégage l'essentiel de leur expression avec un rare naturel, M. Denzler affirma la maîtrise grandissante d'un art qui ne cesse de s'approfondir en se décantant. Car si le programme d'hier soir pouvait offrir à l'excellent chef de théâtre qu'est M. Denzler l'occasion d'affirmer ses qualités de brio et de panache, c'est bien plutôt par sa fermeté de style, devant cette musique tentatrice, qu'il a droit à notre admiration. Maintenant un caractère décidé à ses interprétations grâce, en particulier, à des tempi très allants, M. Denzler sut éviter le pathos, l'emphase, aussi bien que le mol atendrissement, trouvant pourtant chaque fois qu'il le fallait des sonorités transparentes, des atmosphères intimes ou émues.
Il faut dire qu'il fut admirablement suivi par notre orchestre, dont on ne cessa d'admirer la riche autant que subtile palette sonore. Nous avons entendu déjà nombre de duos différents dans le double concerto de Brahms. Arthur Grumiaux et Maurice Gendron, qui étaient les solistes d'hier soir, constituent sans doute l'équipe la plus homogène que nous connaissions. Avec une même élégance très latine et de bien jolies sonorités, ces deux artistes, qu'il n'est plus besoin de présenter, excellemment soutenus par Robert Denzler, parèrent de beaucoup de charme l'oeuvre de Brahms, mettant à son service, de surcroît, une technique aussi légère que précise.
Franz Walter. [...]" cité du Journal de Genève du 24 janvier 1951, page 8.
L' enregistrement que vous écoutez...
Richard Wagner, Bacchanale de Tannhaüser, Orchestre de la Suisse Romande, Robert Denzler, 23 janvier 1957, Victoria-Hall, Genève
Andante maestoso 11:09
Provenance: Radiodiffusion, Archives RSR resp. RTS
Récemment rediffusé dans le volet «1940» de la superbe série d'émissions «Poussière d'étoile - Les annales radiophoniques de l'OSR» réalisée par Jean-Pierre AMANN (première diffusion: 14 mai 2018)
Ci-dessous en début de ligne les minutages - en minutes: secondes - sur les débuts de la présentation correspondante de Jean-Pierre AMANN dans l'audio des archives de la RTSR.
- 00:43 Richard Wagner, Bacchanale de Tannhaüser, Orchestre de la Suisse Romande, Robert Denzler, 23 janvier 1957, Victoria-Hall, Genève
Également en écoute sur Notre Histoire: https://www.notrehistoire.ch/medias/116024
- 12:40 Gabriel Fauré, Ballade pour piano et orchestre en fa dièse majeur, opus 19, Marguerite Long, Orchestre de la Société des Concerts du Conservatoire, André Cluytens, 30 octobre 1950, Paris, Théâtre des Champs-Élysées (dans l'émission il est indiqué par erreur qu'il s'agit d'un enregistrement fait par la RSR en 1959: il est fort probable que les 78 tours de l'enregistrement furent repiqués par la Radio Suisse Romande en 1959, et par erreur référencié dans ses archives comme étant un enregistrement fait par la radio elle-même)
Pour plus d'infos sur cet enregistrement du disque: http://www.rene-gagnaux-1.ch/c_repertoire/faure_op19_long_cluytens_1957.html
- 28:15 Hector Berlioz, Ouverture de Benvenuto Cellini, H 76B, Op. 23, Orchestre de la Suisse Romande, Felix Weingartner, 1er décembre 1941, Théâtre Municipal, Lausanne
Également en écoute sur Notre Histoire: https://www.notrehistoire.ch/medias/116107
- 39:07 Ernest Chausson, Poème pour violon et orchestre, Op. 25, Jacques Thibaud, Orchestre de la Suisse Romande, Ernest Ansermet lundi 17 mars 1941, Théâtre Municipal de Lausanne
Également en écoute sur Notre Histoire: https://www.notrehistoire.ch/medias/115949
- 56:15 Franz Liszt, Concerto pour piano et orchestre No 1 en mi bémol majeur, S 124, Arturo Benedetti Michelangeli, Orchestre de la Suisse Romande, Ernest Ansermet, 8 juillet 1939, Concert des lauréats du 1er Concours International de Musique de Genève
Également en écoute sur Notre Histoire: https://www.notrehistoire.ch/medias/116157
- 72:42 Henri Gagnebin, court extrait de «Les mystères de la foi», Oratorio pour soli, choeur et orchestre, Guy Fernand, Flore Wend, Pierre Mollet, Société de Chant sacré de Genève, Orchestre de la Suisse Romande, Samuel Baud-Bovy, 1959
Un court entretien de Robert Denzler avec Henri Jaton: https://www.notrehistoire.ch/medias/71291
ou
https://www.rts.ch/archives/radio/divers/emission-sans-nom/3378420-robert-denzler.html
Entretien à l'occasion du concert donné dans le cadre des Semaines Internationales de Musique de Lucerne, le 30 août 1952, avec l'Orchestre et le Choeur des Semaines de Musique, sous la direction de Robert Denzler (au programme: "Le Messie" de G.-F. Haendel avec Elisabeth Schwarzkopf, soprano, Lore Fischer, alto, Ernest Haefliger, ténor, Joseph Greindl, basse).
L'entretien porte sur les différentes orchestrations du Messie, l'édition spéciale préparée par Robert Denzler
Images modifiées ou générées par l'IA
Depuis peu, l’intelligence artificielle arrive dans nos vies, pour le meilleur comme pour le pire. Elle permet de déflouter, coloriser et optimiser les témoignages historiques parfois de manière bluffante. Dans ce contexte, notreHistoire.ch et sa webédition a pris position pour défendre l'authenticité et la sincérité des documents publiés sur la plateforme.