Marcel Thürler et Herbert Bonstein nous ont quittés

12 juillet 2024

Deux Romands viennent de rejoindre les étoiles, laissant derrière eux des traces indélébiles de leur engagement et de leur dévouement envers leurs semblables. Il s'agit de Herbert Samuel Bonstein-Bloch, médecin et médiateur, et de Marcel Thürler, figure politique et culturelle. Le premier (photo) avait 97 ans et le second 81 ans.

Marcel Thürler était un ardent défenseur du patois gruérien. La rencontre de notreHistoire.ch avec lui, lors des Journées du Patrimoine au Château de Bulle, reste gravée dans les mémoires. Sous un soleil radieux, Marcel a démontré avec passion que cette langue n'était pas un simple dialecte en voie de disparition, mais un idiome vivant, partie intégrante du francoprovençal pratiqué en Valais, dans le reste du canton de Fribourg, dans le Sud de la France et en Vallée d’Aoste. Sa disponibilité et son désir de transmettre le patois aux jeunes générations étaient remarquables. Venant moi-même d’une famille où la langue a un temps disparu en raison de l’officialisation d’une autre langue, je comprenais profondément sa mission et son combat.

Marcel Thürler était un homme engagé, tant sur le plan politique que culturel. Un de ses proches se rappelait qu’il connaissait tout le monde. En effet, il était très impliqué dans sa région, souvent vu vêtu de son bredzon avec son loyi en bandoulière. Il a créé un dictionnaire français-patois et une application, symboles de la modernité qu’il apportait à la tradition. Il a aussi combattu au plus haut niveau, tant au niveau suisse qu'européen, pour la reconnaissance du patois comme langue minoritaire. Sa force résidait également dans sa capacité à promouvoir le patois dans les sphères culturelles et scolaires de la Gruyère, avec des jeunes pratiquant même le théâtre en « patê ».

Herbert Samuel Bonstein-Bloch, quant à lui, était un véritable « mensch ». Médecin pneumologue connu à Lausanne pour son empathie et sa bienveillance, il était aussi pionnier de « Terre des Hommes » et animateur de « Coexistences », accueillant enfants palestiniens et israéliens en Suisse. Né d’une union entre des familles juives d’Europe de l’Est et de Palestine, Herbert a toujours été inspiré par les valeurs humanistes de ses ancêtres. Son père, Nahum Bonstein, pharmacien à la place de la Palud à Lausanne, et son grand-père Mordechai ont été des modèles pour lui. Herbert a décidé de s’éteindre à 97 ans, entouré des siens, laissant une famille et des amis éplorés mais gardant l’image d’un homme dévoué à la paix.

Ma rencontre avec Herbert, peu après l’attaque du 7 octobre du Hamas en Israël, m'a profondément marqué. Son engagement inébranlable pour une paix possible, même en temps de crise mondiale, m'a ouvert les yeux sur le travail des bénévoles convaincus en Suisse et plus particulièrement en Romandie. Herbert laisse derrière lui une image magnifique et un héritage de paix et de bienveillance.

Au nom de la FONSART, j'adresse mes plus sincères condoléances aux familles de Herbert et de Marcel. Leur mémoire continuera d'inspirer ceux qui croient en la préservation des langues et des cultures ainsi qu'en la recherche infatigable de la paix.

David Glaser

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