Mathias Winiger: mémorant en humanités numériques

5 juin 2023

Le mémoire de fin d'études est un rite immuable, Mathias Winiger a choisi de prendre comme objet de recherche la plateforme notreHistoire.ch. Nous l'avons rencontré pour en savoir davantage sur son projet et découvrir ses intérêts. Il nous dit tout du quotidien d'un étudiant 3.0.

Comment as-tu découvert notreHistoire.ch ? Pourquoi as-tu souhaité y consacrer ton travail de master ?

Durant mes études à l’Université de Lausanne, j’ai souvent réfléchi aux répercussions qu’ont les outils numériques sur l’écriture et la diffusion de l’Histoire. Je me demandais par exemple comment Internet change notre manière de penser et de se souvenir de notre passé et j’avais envie d’écrire un travail qui questionnerait le rapport entre mémoire, patrimoine, souvenirs et espaces numériques.

C’est en discutant avec ma directrice de Mémoire, la Professeure d’histoire contemporaine Nelly Valsangiacomo, que j’ai découvert notreHistoire.ch. Je me suis alors plongé dans cette incroyable machine à remonter le temps et j’ai rapidement été convaincu de vouloir étudier cette plateforme. Que des amatrices et amateurs d’histoire partagent leurs archives privées sur une plateforme numérique pour constituer une forme de mémoire collective, je trouve cela passionnant !

Mathias Winiger lors d’une balade dans les Préalpes fribourgeoises, près de la Berra
Mathias Winiger lors d’une balade dans les Préalpes fribourgeoises, près de la Berra

Tu es inscrit dans un programme particulier de l’Université de Lausanne en Humanités numériques. Pourrais-tu expliquer de quoi il s’agit ?

Il s’agit d’un cursus interdisciplinaire relativement récent qui a, il me semble, deux objectifs. D’une part, chercher à utiliser judicieusement des outils numériques et des ressources computationnelles pour faire des sciences humaines et sociales et, d’autre part, réfléchir de manière critique aux transformations que ces outils et espaces numériques provoquent au sein de ce champ académique et de la société en général. C’est un programme avec des cours à la fois théoriques et pratiques (développement, programmation, etc.) qui réunit une variété de personnes avec des sensibilités et des questionnements différents, issues de nombreuses disciplines, allant de la philosophie au cinéma, en passant par la sociologie et l’histoire dans mon cas.

Quelles sont les grandes questions qui animent ta recherche ?

J’aimerais étudier la manière dont le numérique influence notre rapport à la mémoire et au patrimoine. Ce qui se passe sur notreHistoire.ch est tout à fait intéressant : des amatrices et amateurs sont invités à publier leurs archives privées afin de constituer ensemble une histoire de la Suisse romande. Le processus de patrimonialisation qui transforme des archives familiales en de potentiels objets de patrimoine est traversé par de nombreux enjeux que je souhaite questionner.

Quelles archives sont publiées par les membres de notreHistoire.ch ? Comment ces documents sont numérisés, médiatisés et valorisés ? Pourquoi partager certains documents plutôt que d’autres ? Quelle histoire de la Suisse romande est véhiculée à travers cette plateforme et quels aspects de notre histoire sont occultés ? Pouvons-nous réellement parler d’une mémoire collective partagée ?

Tu vas réaliser quelques entretiens avec des membres ? As-tu déjà suffisamment de contacts ?

Tout à fait. Mon travail s’articule autour de plusieurs enquêtes. Si j’aimerais d’un côté analyser le contenu du site avec des méthodes quantitatives, je pense qu’il également nécessaire d’interroger les membres qui participent à cette entreprise collective afin de comprendre leurs motivations et leurs pratiques en lien avec le projet de notreHistoire.ch.

Au contact des membres, lors de la réunion annuelle de notreHistoire.ch
Au contact des membres, lors de la réunion annuelle de notreHistoire.ch

J’ai eu le plaisir de rencontrer certains contributeurs lors de la dernière réunion annuelle des membres, mais je voudrais pouvoir mener des interviews individuelles avec le plus grand nombre de membres. Et il ne s’agit pas d’interviewer uniquement les personnes qui publient beaucoup de contenus, j’aimerais aussi entendre les membres moins visibles qui consultent le site pour d’autres raisons. J’invite donc toutes les personnes intéressées par mon projet à se rendre sur mon profil et à m'écrire en message privé. Je serais ravi d’écouter vos témoignages.

Quand prévois-tu de rendre ton travail de master ?

Si tout se passe comme prévu, j’aimerais rendre mon Mémoire à la fin de l’année 2023. Je serais évidemment très heureux de partager les résultats de cette recherche avec la communauté de notreHistoire.ch. Après tout, c’est grâce à ses membres que notreHistoire.ch connaît un tel succès et que j’ai un objet d’étude si passionnant.

Vous devez être connecté/-e pour ajouter un commentaire