Costume traditionnel Repérage

© Louise Witzig, Joseph Reinhardt
Sylvie Bazzanella

Fribourg - Singine

Traversant le pays de Fribourg en diagonale, à peu près du lac Noir à Morat, passe la frontière des langues. Autres gens, autres mœurs. On le voit tout de suite aux costumes. Dans cette vieille Nuithonie, les femmes « Welsches » et les « Allemandes » se regardent sans se ressembler. A cette divergence s'ajoute encore la disparité de confession, la Singine étant catholique et le Lac protestant.

Arrivés dans la Singine, nous y trouvons l'un des costumes les plus curieux et les plus anciens de Suisse, celui des jeunes filles de Guin et de Tavel ; il fut la parure des épouses et des marraines, on le porte encore aux processions. Ses traits principaux remontent au XVIIIe siècle. Ainsi font la robe d'écarlate et la collerette ou fraise héritée de l'Espagne. A la hauteur des genoux, la jupe est coupée par une bande jaune (un peu comme à Zoug et à Lucerne) ; un ample tablier de soie noire la protège. Les bas sont bleus, comme la collerette, c'est la couleur liturgique, et sous la fraise on aperçoit le « Gorgerin » et ses rubans de moire. Au lieu des manches de drap d'autrefois, on laisse voir les manches de toile de la chemise, plissées en accordéon. Sur la poitrine, un énorme disque d'argent ouvragé, c'est L'Agnus Dei, avec le monogramme du Christ ou de la Sainte Vierge, et - pris dans la ceinture du tablier - un bouquet de fleurs. Mais c'est surtout le Kränzli ou "chapel" qui fait la singularité de ce costume. Posé sur une calotte de feutre, il s'apparente à ces coiffures d'allure médiévale du Guggisberg, du Hasli, du valais ou des Grisons, apanage exclusif des personnes non mariées. Sortant de cette tiare, les nattes entrelacées de rubans verts sont, elles aussi, l'indice du célibat. Les femmes ont la calotte de feutre posée sur une coiffe qui cache les cheveux ; elles suspendent l'Agnus Dei au monogramme du Christ sur le côté gauche de la poitrine, alors que leurs filles portent l'Agnus Dei au monogramme de la Vierge sur le côté droit de la poitrine ; le reste du costume ne diffère pas.

© Photographie : Louise Witzig

Dans la Singine, comme partout, on a créé une robe plus simple, rouge également. La chemise a les manches souples, le corsage un empiècement de velours noir brodé. La coiffe, surtout est une innovation ; elle est de velours noir, garnie de dentelles d'argent - librement imitée d'un modèle plus ancien - On a repris à l'ancien costume la robe d'écarlate avec son corsage, le "gorgerin" de velours et ses rubans, ainsi que le tablier de damas noir.

© Photographie : Louise Witzig

Les Singinois sont demeurés fidèles au gilet rouge à boutons d'argent, si bien assorti à la robe des femmes. Ils le mettent avec un pantalon de mi-fil ou de drap marron, une chemise de lin blanc à manches larges et portent le chapeau de feutre à larges bords. Le fiancé ajoute à son gilet une veste noire, une large ceinture de cuir rouge décorée d'ornements métalliques, et une épée. Il orne son tricorne d'un bouquet de fleurs.

© Peinture de Joseph Reinhardt (1749-1829)

Article extrait de : Les costumes suisses / Louise Witzig
Copyright Fédération nationale des Costumes suisses 1954

Bubikon/ZH - www.costumes.ch

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  • Françoise Marguet

    Merci beaucoup pour cet envoi, c'est très bien expliqué. Tout a une signification, ...et ces nattes ! C'est intéressant. Cordialement, Françoise

Sylvie Bazzanella
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15 novembre 2010
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