Blonay, Villa La Chance - Paul HINDEMITH - Concerto pour violoncelle, Enrico MAINARDI, Orch.symph. Radio Francfort, Günter WAND, 1954

1954
RTS / hr
René Gagnaux

«En 1953, Paul et Gertrud Hindemith emménagent dans la villa La Chance à Blonay, où ils passent leurs dix dernières années de vie commune. Seuls les amis très proches et leurs familles connaissaient l'adresse de ce refuge». C'est ainsi qu'est présenté ce dernier domicile des Hindemith sur cette page du site de la fondation qui leur est dédiée.

Gertrude et Paul Hindemith dans le jardin de leur villa La Chance, une photo reproduite ici avec l'autorisation de la Fondation Hindemith. Tous droits réservés.

Un hommage leur fut rendu par la Radio Télévision Suisse pour la commémoration des 50 ans du décès de Paul Hindemith, enregistré dans cette «Villa La Chance» et diffusé dans l'émission «Les nouveaux horizons» du 14 novembre 2013.

La présentation de Jean-Pierre AMANN était suivie d'un long entretien avec François MARGOT , vice-président de la Fondation Hindemith, illustré par des splendides enregistrements inédits provenant d'un échange avec la Radio de Francfort. Une très belle réalisation!

Le fameux concerto pour violoncelle... Paul Hindemith écrivit trois concertos pour violoncelle, caractérisant des étappes très distinctes de son développement musical.

La première de ces oeuvres - en mi bémol, op. 3, 1916 - qu'il disait être «une symphonie avec violoncelle obbligato», post romantique orageuse, fut composés pendant ses études au Conservatoire Hoch à Francfort et ne fut joués qu'une fois du vivant du compositeur, en juin 1916.

La deuxième composition fait partie de sa série de Kammermusik - décrite parfois comme des «Concerti Brandenbourgeois modernes»: Concerto pour violoncelle et 10 instruments solos op. 36 no 2 de 1925.

Le troisième concerto fut écrit 15 ans plus tard et est considéré comme un chef-d'oeuvre du "[...] langage largement expressif de son entière maturité où il a assimilé toutes les tendances variées de ses années précédentes en un langage énergique et intégré.[...]".

C'est la première oeuvre importante composée après son arrivée aux Etats-Unis - pour un séjour qui devait durer 13 ans. Il fut écrit pour Gregor Piatigorsky qui le présenta le 1er février 1940 à Boston, sous la direction de Serge Koussevitzky, un ardent défenseur de la musique de Hindemith.

"[...] La pièce succède directement au Concerto pour violon de 1939 et fut presque écrite en tandem avec la Symphonie en mi bémol, plus grandiose encore. Comme ces deux compositions, le Concerto pour violoncelle renferme un dynamisme explosif qui reflète ses origines du temps de guerre; mais contrairement aux deux autres, il suggère un rapprochement timide à l'expression plus calme et plus mesurée de son ballet de 1937 sur saint François d'Assise, Nobilissima Visione. Les deux derniers des trois mouvements du concerto ressemblent fortement à des parties du ballet dans leur disposition, leur caractère et le contour des thèmes principaux. [...]"

Une courte description de l'oeuvre:

"[...] Comme l'énonce le tutti explosif du début, l'orchestre - quoique de grosseur normale - est instrumenté avec grande solidité, souvent en un unisson rythmique massif; dans ce mouvement et dans le finale, l'orchestre et le violoncelle vont et viennent comme deux combattants inégaux dans un tournoi, l'instrument solo compense en résonance et intensité ce qui lui manque en poids. Avec ses rythmes convulsifs de triolets, le thème courroucé tutti en sol majeur fait place à un premier sujet expressif au violoncelle mais des fragments de l'idée tutti continuent de s'immiscer jusqu'à ce que le violoncelle s'y mette lui-même. Clarinettes et bassons proposent immédiatement un second thème plus doux; les violoncelles s'y joignent mais cette section mène à un tutti orchestral bruyant sur ce qui était le premier sujet au violoncelle, entraînant la tonalité autour de do et introduisant une longue cadence (jouée exceptionnellement au milieu du mouvement). [...]

Les second et troisième mouvements sont moins émotionnellement fébriles et ils suivent une forme nettement ternaire. En mi majeur, le second s'ouvre comme un mouvement lent, le violoncelle chantant l'un des airs les plus justement appréciés de Hindemith - la ravissante mélodie cadencée que William Walton choisit en 1963 comme base pour ses Variations sur un thème de Hindemith. Ce chaleureux paragraphe mélodique fait place à une sorte de scherzo moto-perpetuo agité en tempo de gigue dont le thème de croches scintillantes est rapidement développé par le soliste et par l'orchestre avec des petites touches de canon et de stretto. Au fur et à mesure que l'orchestre active tous ses membres, la musique devient une fugue précipitée avec un sommet sinistre inattendu en do. Ce nuage s'éloigne bientôt cependant avec une modulation retournant à mi et, dans la section concluante du mouvement, le thème lyrique d'ouverture (aux bois) est allié en contrepoint avec le matériel du scherzo (au violoncelle), [...] le soliste retourne au tempo lent à temps pour conclure le mouvement avec un soupir lyrique.

Assez exceptionnellement, le finale est une marche avec un trio formel. Il commence aux bois et percussion: la notation et le thème lui-même rappellent la marche des soldats renégats dans Nobilissima Visione et, comme ce mouvement, sa gaieté est sujette à de soudains actes de violence en tutti bruyant. En général cependant, solo et orchestre coopèrent dans une parade d'autres thèmes de marche, tous de caractère essentiellement optimiste. Le trio central, que Hindemith note comme «nach einem alten Marsch» («d'après une vieille marche»), continue et prolonge ce caractère général quoique les cordes - à l'exception du soliste - se taisent: la musique est délicatement écrite pour bois et percussion, cette dernière augmentée maintenant du glockenspiel et du célesta. Le premier thème du finale revient dans un tutti massif et la section d'ouverture est reprise avec beaucoup de variation et une tension croissante, l'orchestre en entier se chargeant d'une responsabilité impérative. Dans une coda foncièrement de bonne humeur cependant, soliste et orchestre oscillent avec les balises du trio, menant à une cadence finale rythmée et martiale. [...]"

Les citations ci-dessus proviennent d'un texte de Malcolm MacDonald publié en 2013 dans le livret du CD BIS-1777 SACD.

Le jeune Günter WAND vers 1960...

L'interprétation choisie pour cette émission est exceptionelle de par ses interprètes! Le soliste est Enrico MAINARDI, accompagné par l' Orchestre symphonique de la Radio de Francfort dirigé par Günter WAND, un enregistrement datant de 1954. Il est - à ma connaissance - resté totalement inédit, peut-être parce qu'un autre enregistrement de cette oeuvre avec Enrico Mainardi - datant de 1957, Orchestre symphonique de la Radio Bavaroise, Eugen Jochum - est paru en 1992 chez Orfeo (C 272 921 B).

Pour écouter cette interprétation CLIQUER sur les minutages ci-dessous - en début de ligne (ouvre une fenêtre sur l'archive de la Radio Télévision Suisse, au début du passage concerné)

(1589) 26:29 Paul Hindemith, Concerto pour violoncelle et orchestre en mi bémol majeur (1940), Enrico Mainardi, Orchestre symphonique de la Radio de Francfort, Günter Wand, 1954

(1605) 26:45 1. Mäßig schnell (Allegro moderato) - Breit (Largo) - Im Hauptzeitmaß

(2176) 36:16 2. Ruhig bewegt (Andante con moto) - Sehr lebhaft (Allegro assai) - Im früheren langsamen Zeitmaß (Tempo primo)

(2706) 45:06 3. Marsch, Lebhaft (Allegro marciale) - Trio (nach einem alten Marsch) - Lebhafter (Più mosso)

En cliquant sur les minutages, donnés ci-dessus en début de ligne, vous pouvez (ré)écouter directement la partie concernée (ouvre une fenêtre sur l'archive de la Radio Télévision Suisse, au début de cette partie).

Les points forts de l'émission, qui est assez longue, mais passionante de par les interprétations présentées:

(0017) 00:17 Voix de Paul Hindemith, en français

(0040) 00:40 Présentation de la Fondation Hindemith et de la villa La Chance, la vie de Getrude et Paul Hindemith

(0422) 07:02 Kammermusik Nr. 1, Ensemble Moderna, Friedrich Cerha, 13 novembre 1992

(1589) 26:29 Concerto pour violoncelle et orchestre en mi bémol majeur (1940), Enrico Mainardi, Orchestre symphonique de la Radio de Francfort, Günter Wand, 1954

(3636) 60:36 Sonate pour 2 pianos (1942), Aloïs et Alfons Kontarksy, 1960

(4897) 81:37 extrait entretien avec Henri Jaton , 3e sonate pour orgue (1940), Helmut Walcha, 1964

(5892) 98:12 Sonate pour cor anglais et piano (1939), Heinz Holliger, Jörg Wittenbach, 1973

(7372) 122:52 Symphonie Pittsburg (1958, Blonay), Orchestre symphonique de la Radio de Francfort, Paul Hindemith, 8 avril 1960

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René Gagnaux
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11 mars 2018
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