Mon père, de nationalité française mais vivant en Suisse, était caporal dans la Ligne Maginot en octobre 1939. Il était dans les transmissions. Il a fait son autoportrait pour l'envoyer à sa femme et à sa fille, restées à Genève. En juillet 1940, il a été fait prisonnier sans combattre et emmené en Allemagne au Stalag VIIA, près de Moosburg. Il s'est évadé deux fois. Repris une première fois en Autriche, alors qu'il essayait de passer en Suisse par la vallée de l'Inn et les montagnes, il a réussi sa seconde évasion, en 1941, en passant par Shaffhouse, seul endroit où le Rhin ne formait pas de frontière naturelle entre l'Allemagne et la Suisse. Il a écrit le récit de ses évasions. Voir sous "article"

http://www.notrehistoire.ch/article/view/332/

Chaque jour, jusqu'en mars 1941, date de son retour, ma mère et ma grand-mère me parlaient de mon papa en me montrant ce portrait, placé sur la table de nuit. Voir photo "bébé insouciant" :

voir aussi :

http://www.notrehistoire.ch/photo/view/46830/

http://www.notrehistoire.ch/photo/view/44532/

En avril 2020, j'apprends ce qui suit de M. Michaël Séramour, docteur en histoire et écrivain spécialisé dans l'étude de la Ligne Maginot :

Ayant été fait prisonnier fin juin 1940 dans un ouvrage n'ayant pas connu le combat, on peut en déduire qu'il appartenait aux troupes de forteresse des gros ouvrages, maintenues dans les forts après le repli des troupes de forteresse dites d'intervalles vers le sud dans la nuit du 13 au 14 juin 1940.

D'après l'emplacement indiqué par votre mère sur la carte, je pense pourvoir affirmer sans trop d'hésitation que votre père fut affecté à l'ouvrage de Molvange, dont les deux entrées étaient effectivement dotées de centraux radios.

En juin 2020, après avoir retrouvé une adresse sur une lettre écrite en juin 1940 par mon père depuis la Ligne Maginot, M. Séramour m'écrit :

"L'ouvrage A 25 était l'ouvrage d'Anzeling, un gros ouvrage d'artillerie de la Ligne Maginot qui n'a été remis aux Allemands que début juillet 1940, sur ordre du gouvernement français. Il se trouve non loin de la ville de Boulay, en Moselle."

Ce qui explique la note de ma mère, datée de 1983, trouvée dans son album de photos :

"Albert a été fait prisonnier le 4 juillet 1940, jour anniversaire d'un an de sa petite fille. Considérés comme "prisonniers d'honneur" parce qu'ils ne s'étaient pas "rendus" en juin 1940, ses camarades et lui ont marché jusqu'en Allemagne, avec leur fusil et tout leur "barda* sur le dos. Beaucoup tombaient sur le bord de la route".

Voir aussi : notrehistoire.ch/entries/P7VW1...