et la Terre trembla...

25 janvier 1946
Sierre
Rose Bünter-Salamin
Ivana Bayard

Entre 2007 et 2010, Rose Bünter-Salamin (1927-2012) a tenu un blog sur romandie.com. En février 2012, l'année de son décès, les blogs gratuits ont été effacés. Celui de Rose aurait aussi disparu mais c'était sans compter sur sa petite-fille Ivana Bayard qui a eu l'excellente idée de les retrouver et de les mettre en forme pour leur donner une seconde vie. Une troisième vie est possible à travers ce site élargissant le public touché.

Le 22 mars 2009, elle évoque ses souvenirs du tremblement de terre :

1946 en Valais, chez nous à Sierre, tremblement de terre (5,5 échelle de Richter). Il devait être environ 18h30, sortie du bureau, avec ma collègue tenant d’une main mon vélo, nous bavardons devant le château des Vidômes.

notrehistoire.imgix.net/photos...

Tout à coup, des éclairs dans le ciel, bruits assourdissants, tuiles des toits sur la chaussée, cris des passants, j’ai vraiment cru à une tragédie. Comme nous sortions de la période de fin de la guerre, ma réaction a été de jeter mon vélo et de m’étaler à plat ventre sur le sol car je me souvenais de l’instruction reçue en classe par le Dr. Broccard, (responsable de la protection civile) stipulant de se coucher à même le sol pendant un bombardement. Ce n’était pas un bombardement, c’était un tremblement de terre... La population choquée, apeurée, (décès d’une personne âgée, de ma connaissance). Des processions avec ferventes prières en ville et aux alentours. Beaucoup de dégâts importants à l’extérieur et à l’intérieur des bâtiments.

Notre petite maison a été touchée, les galandages intérieurs ne tenaient plus. Nous avons donc, à cette époque, baptisé la maison « Château branlant ».

Les gens recherchaient la sécurité ce soir-là. Ils se réunissaient en famille pour prier, pour se sentir les uns près des autres à la moindre secousse. La maison de tante Léontine à Muraz était notre refuge car c’était une maison à la réputation d’être de construction solide...

Le salon de coiffure Bruggman était en pleine activité à l’heure fatidique. Aloys, son patron, le personnel, les clients avec peignoirs, dans l’affolement rejoignent la rue. Ciseaux, tondeuses, petits outils volent dans la nature.

A chaque petite secousse, une crainte de revivre ces heures angoissantes nous reprend car nous nous savons dans une zone sujette aux tremblements de terre.

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  • Eric & Brigitte Monnier-Exchaquet

    Les déportées françaises, alors en séjour de convalescence à la villa Astoria, à Montana, se souvenaient elles-aussi de l'événement. Voici le témoignage de Françoise Robin, née Zavadil (1923-2020), résistante, rescapée de Ravensbrück : "Je me souviens bien sûr du tremblement de terre, Louis Pons venait juste d'arriver et il a tenu l'armoire dans notre chambre pour qu'elle ne nous tombe pas dessus ; il y a eu 100 secousses, les sapins basculaient en tous sens, dans la vallée il y avait un grand bruit, ça grondait fort, alors on s'est réfugiées dans un chalet plus souple ; le père Cournol, qui dirigeait la Congrégation du Saint-Esprit, a sorti du bon vin et de la viande séchée pour réconforter tout le monde et je me souviens qu'il y avait une sœur qui s'était réfugiée dans un buisson, en chemise de nuit, et qu'elle n'osait plus en sortir. Au mois de juin, nous avions encore presque tous les jours quelques petites secousses sans importance et une de nos camarades prenait à chaque fois des fous rires." Extrait de : "Retour à la vie : l'accueil en Suisse romande d'anciennes déportées françaises de la Résistance, 1945-1947", Alphil, 2013, p. 199.