Le touriste qui visite le Val d'Anniviers est surpris par l'agréable situation du village de Vissoie. Comme un lieu-étape à l' entrée des vals de Zinal et Moiry, Vissoie défend sa position avec honneur. Tout est coquet , discret, car la verdure ne manque point. Au nord du village se remarquent encore les ruines du château de la Crête, ruines qui en 1688 servirent à construire la Chapelle de Notre-Dame de la Compassion. Mais c'est au centre du village que demeurait le major dans une tour en bois nommée « le Ballios ». Cette tour, propriété de l'évêque , fut détruite par un incendie en 1880. Une tour en pierre l'a remplacée et est encore visible de nos jours . L'édifice est intéressant, néanmoins quelque peu délabré. Il est dommage qu'un monument historique de cette importance n'attire pas l'attention des autorités responsables. Au sujet de ce monument, l'historien Louis Blondel écrit :

« Son toit autrefois couvert de bardeaux, a été refait en "éternit" en 1906 , il est d'un effet malheureux. Au-dessus d'une cave, au niveau des anciens fossés , elle a encore cinq étages, le cinquième comprenant la terrasse crénelée recouverte par le toit. Tout le gros œuvre et particulièrement la face nord-ouest avec une échauguette en pierre, est bien conserve. De nombreux "jours" , dont quelques uns sont de larges baies cintrées, lui donnent un aspect très particulier. C'est bien un monument des XIIIe et XlVe siècle. A sa base qui est quadrangulaire, il mesure 8,80 x 7,90 m. ».

Nous partageons entièrement la pensée de l'historien Blondel : ce monument mérite d'être sauvé. Il rappelle le Valais d'antan dans toute sa sévérité et ses luttes pour son indépendance. Un témoignage du passe de cette importance mérite d'être aménagé dans des conditions qui perpétuent un héritage marquant de l'histoire valaisanne. Nous souhaitons à Vissoie, comme aux responsables cantonaux, de sauver pendant qu'il est temps, un tel monument. Toute action entreprise en vue de rénover cette tour équivaut à honorer le passé. Majestueuse, dominant le village, la tour de pierre doit être sauvée d'une décrépitude compréhensible avec les ans.

Nouvelliste du Valais, 3 novembre 1964

Les aléas du temps et les secousses sismiques aggravèrent sérieusement la sécurité des façades, si bien que les instances compétentes ordonnèrent la démolition ou la consolidation de l'édifice.

La Commune de Vissoie entre en négociation avec Mme Marie Epiney, veuve de Pierre, boulanger. La démolition était très coûteuse et difficile car il fallait protéger les immeubles voisins et plus encore sur le plans historique, la Tour se devait d'être restaurée. Après de laborieuses discussions et des échanges de point de vue, un prix de vente a été accepté par les 2 parties et l'acte signé dans le courant de 1975. Un comité communal de rénovation fut mis en place avec des représentants de l'État et de la Confédération. Après de longues séances de travail pour l'étude des possibilités de réalisation, et la préparation d'un dossier solide pour que la Tour soit classée au rang de monument historique, c'est le 7 mars 1980, que Berne accepte ce classement avec la promesse de subventions y relatives. Après toutes les formalités d'usage, les travaux débutèrent en automne 1982 et l'inauguration eu lieu les 14 et 15 juillet 1984. Des assemblées primaires et différentes expositions eurent lieu durant ces années. Jusqu'au 31 décembre 2008, elle reste la propriété de la Commune et Bourgeoisie de Vissoie. Dès le 1er janvier 2009, la Tour est propriété de la nouvelle Commune d'Anniviers, quant à la cave elle reste pour une moitié propriété de la Bourgeoisie de Vissoie.

Photo Anniviers Tourisme 2023.