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R. Schumann, Symph. No 2, ONRTF, Carl SCHURICHT, Septembre Musical de Montreux 1955

21 septembre 1955
Radiodiffusion-télévision française (RTF)
René Gagnaux

Portrait illustrant ce fichier: Carl SCHURICHT, Paris, avril 1949, extrait d'une photo du site PARISENIMAGES, © Boris Lipnitzki / Roger-Viollet, utilisation autorisée dans le cadre de l'illustration de sites internet à vocation non commerciale, Numéro d'image: 73308-5, Numéro d'inventaire: LIP-2324-016.

Robert Schumann compose cette symphonie entre décembre 1845 et octobre 1846, après une première période dépressive. L'oeuvre est dédicacée à Oscar II, roi de Suède et de Norvège. Sa première audition publique fut donnée le 5 novembre 1946 au Gewandhaus de Leipzig, sous la direction de Felix Mendelssohn (qui avait également dirigé la première audition de la symphonie No 1).

"[...] La symphonie débute par une longue et lente introduction qui commence par un appel des cuivres, qui devient un motif conducteur réapparaissant de temps à autre dans trois (*) des quatre mouvements. Des lignes sombres et mystérieuses évoluent en toile de fond dans les cordes. L'Allegro, lorsqu'il se présente enfin, est un passage enfiévré, plein d'intensité brûlante et d'agitation émotive. [...]"

(*) Ce thème typique (toujours joué par les cuivres) revient dans la coda du premier mouvement, puis à la fin du Scherzo, et finalement dans le dernier mouvement, sans qu'on puisse dire toutefois qu'il joue un rôle véritablement organique - il n'est pas développé, il n'engendre aucune idée mélodique ou rythmique proprement dite: il est, surtout, un repère pour l'oreille (Guide de la musique symphonique réalisé sous la direction de François-René Tranchefort, Fayard 1986, ISBN 978-2-213-64075-4).

Le deuxième mouvement, Scherzo, met à l'avant-plan les violons qui jouent un moto perpetuo. Ce scherzo d'une écriture extraordinairement subtile "[...] maintient le haut niveau d'énergie du premier mouvement, exigeant des violons un tour de force de virtuosité. Deux trios interrompent le moto perpetuo, le premier affichant une gaieté rustique et le deuxième un lyrisme exalté.[...]"

Le troisième mouvement, Adagio espressivo, est l'un des plus beaux mouvements lents que Schumann ait écrit: "[...] une des créations les plus inspirées de Schumann, présente un long thème d'une beauté sublime, énoncé tout d'abord par les violons puis repris par le hautbois sur un accompagnement du basson. La ressemblance avec la sonate en trio de L'Offrande musicale de Bach n'est probablement pas un hasard, puisque Schumann s'était livré à une étude intensive de Bach au cours de sa convalescence de plusieurs mois en 1845.[...]"

L'allégresse du dernier mouvement, Allegro molto vivace, n'est pas fortuite, Schumann ayant déclaré que c'est à ce moment de la composition qu'il se sentit renaître après les premiers troubles de l'oreille qui l'avaient frappé:

"[...] Une explosion incroyable d'énergie annonce le finale. Le brillant caractère militaire de ce premier thème et la reprise de la mélodie de l'Adagio en accéléré, en guise de second thème, confirme sans aucun doute les paroles du compositeur : «J'ai commencé à me sentir bien à nouveau lorsque j'écrivais le dernier mouvement et une fois que j'ai achevé l'oeuvre, je me sentais beaucoup mieux.» Ce mouvement présente certains aspects formels intéressants. En effet, il fusionne le développement et la récapitulation et, d'autre part, la partie principale s'achève doucement dans le mode mineur, avant de céder la place à une coda qui est aussi longue que tout le reste du mouvement. Par ailleurs, cette coda introduit un nouveau thème énoncé pour la première fois par le hautbois. Ce thème s'avère être une citation du cycle de lieder de Beethoven An die ferne Geliebte, dont Schumann s'était déjà servi une fois auparavant dans la Fantaisie pour piano, op. 17. Les souvenirs agités d'un passé troublé qui assombrissent l'oeuvre sont totalement dissipés par le couronnement triomphant et même héroïque en do majeur de cette symphonie.[...]" Les citations proviennent de la traduction d'un texte en anglais de Robert Markow publiée en 2010 dans ce fichier pdf.
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<a href=""></a>Schuricht HMV FALP 577 78 FALP 572(ces deux photos de Carl Schuricht en pleine action sont parues - entre autres? - sur les pochettes des disques HMV FALP 577/78 et FALP 572)

Carl SCHURICHT a souvent donné cette symphonie en concert: la «concertographie» de Toshiharu Kobayashi - état au 9 avril 2016 - dénombre 32 concerts avec cette oeuvre au programme, allant du 8 mai 1914 (Scala) au 6 avril 1965 (RSO Berlin): Il l'a dirigée bien plus souvent que les autres symphonies de Schumann (No 1: jamais donnée en concert, No 3: 13 concerts, No 4: 14 concerts).

D'après la banque de données du site de Tohru Kobayashi, page CD, on connaît actuellement 4 enregistrements de cette oeuvre sous sa direction:

- Orchestre de la Société des Concerts du Conservatoire de Paris, juillet 1952, fait pour Decca
- cet enregistrement de 1955 avec l'Orchestre National
- Orchestre Symphonique de la NDR, avril 1957
- RSO Stuttgart, 31 octobre 1959, paru chez Hänssler

Le 21 septembre 1955, au Septembre Musical de Montreux, Salle du Pavillon, Carl SCHURICHT dirigeait donc l'Orchestre National de la RTF, avec au programme:

- Joseph Haydn, Symphonie No 104
- Johannes Brahms, Concerto pour violon Op.77, Henryk Szeryng en soliste
- Robert Schumann, Symphonie No 2

Un extrait du compte-rendu paru dans la Gazette de Lausanne du Samedi/Dimanche 24/25 septembre 1955, en page 5, signé «Ed.H»:

"[...] Un magnifique programme (encore que tout programme devient magnifique avec Carl Schuricht) où le grand chef joue en maître incontesté du bel instrument qui n'a cessé d'être admirable tout au long de ces importants concerts.
[...] Le rayonnement de Schuricht vaut celui de Haydn, et réciproquement; l'on part dans la plus douce lumière et l'on accédera sans effort ni contrainte à des rayons plus éclatants, à des ombres plus sévères. Ainsi cette «deuxième» de Schumann (qui vient en réalité après la troisième) où les états d'âme divers demandent cette fois une recréation constante. Le chef et ses musiciens ont traduit l'inquiétude sincérité schumanienne avec la même sincérité qu'ils nous faisaient partager le parfait équilibre classique, et la sincérité de Carl Schuricht est d'une telle certitude qu'on ne cesse de croire de l'oreille et du coeur. Du début passioné de la symphonie à sa conclusion volontairement triomphante, en passant par la fantaisie rythmique du «Scherzo» et l'incomparable lyrisme de l'adagio expressivo, plus saisissant que jamais, rien qui vous laisse un doute, rien qu'on n'oserait discuter. Le grand poème, dans sa diversité même, affirme sa souveraineté avec de tels accents, que jamais la royauté de la musique n'a paru aussi incontestable. Et c'est Schumann, et c'est aussi Schuricht; joie unique d'un art où ceux qui communiquent ont le pouvoir de renouveler le chef d'oeuvre! [...]"

La première diffusion du concert eut lieu en différé le 29 septembre 1955 à 20.02 sur «France - Chaîne nationale (347.6 m; 100 kW)» (ref. Journal de Genève du 28 septembre 1955 en page 7).

Je souligne que le contenu de ces extraits de la Gazette de Lausanne et du Journal de Genève est rendu accessible grâce à l'admirable banque de données «LE TEMPS Archives Historiques».

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<a href=""></a>L'enregistrement que vous écoutez...

Robert Schumann, Symphonie No 2 en do majeur, op. 61, Orchestre National de la RTF, Carl Schuricht, 21 septembre 1955, Septembre Musical de Montreux, Salle du Pavillon

1. Sostenuto assai - Allegro ma non troppo 11:43
2. Scherzo (allegro vivace) - Trio I et II 07:49
3. Adagio espressivo 09:59
4. Allegro molto vivace 08:00

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Radiodiffusion (Archives

RTFresp.

INA) -> WAV -> mp3 320 kbps

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René Gagnaux
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26 mai 2016
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