Les voix de la SDN sont féminines
Par Anne Develey, journaliste
(Cet article a fait l'objet d'une première publication en automne 2020 dans L'Inédit, le magazine de notreHistoire.ch)
A sa création en 1919, la Société des Nations inclut l’égalité dans son pacte fondateur, une première pour une organisation internationale. L’article 7 stipule que «toutes les fonctions de la Société ou des services qui s'y rattachent, y compris le secrétariat, sont également accessibles aux hommes et aux femmes». Cette ouverture permet à Florence Wilson d’occuper la fonction de cheffe de la bibliothèque dès 1920 et à Rachel Crowdy d’être nommée cheffe de la section des questions sociales et du trafic de l’opium en 1922. Si les femmes sont bien représentées et forment environ la moitié du personnel, elles sont peu nombreuses à accéder à des positions élevées dans la hiérarchie. La plupart d’entre elles occupent des postes qui sont certes indispensables au bon fonctionnement de l’administration de l’Organisation, mais qui sont des fonctions subalternes, comme opératrices téléphoniques ou sténodactylographes.
Le service du téléphone emploie au total entre cinq et six opératrices entre 1920 et 1931, puis quatre de 1932 à 1936. La réduction du nombre d’employées dès les années 1930 s’explique peut-être par l’automatisation progressive d’une partie des appels. Cette photo des opératrices date de 1937. A cette période, le service téléphonique comprend trois opératrices : Alice Tallichet, Ida Milhan et Renée Raymond. Alice Tallichet est née à Genève. Elle entre à la Société des Nations comme téléphoniste en 1922, à l’âge de 32 ans. Quatre ans plus tard, elle est promue responsable du service, poste qu’elle occupera jusqu’à la dissolution de l’Organisation en 1946. Le rôle de téléphoniste consiste ici à établir la communication entre la personne qui appelle et son destinataire grâce à un système dit de commutation manuelle – une pratique qui a disparu en Suisse à partir de la fin des années 1950. Chaque jour, les téléphonistes doivent répondre à un nombre important d’appels estimé à 70 communications par heure selon un rapport sur ce service réalisé en 1936. Il arrive que les délais de réponse aux appels dépassent 4 secondes, un temps d’attente considéré comme trop long selon ce même rapport, mais qui s’explique par le fait que les opératrices sont chargées de réaliser des travaux de rédaction et de comptabilité parallèlement à leur travail téléphonique.
Un seul homme sténodactylographe
Autre profession très féminisée et tout aussi importante pour les services administratifs de la Société des Nations : sténodactylographe. Le service général de sténographie est l’un des plus grands services du Secrétariat. Il est composé presque exclusivement de femmes (plus de soixante en 1937). Seul un homme est recensé dans la liste du personnel : Gaston Paul Briscadieu, employé de 1929 à 1940. Le service des sténodactylographes est dirigé de 1922 à 1941 par Julienne Piachaud que l’on voit au centre de l’image (avec le pull blanc). Cette femme reste inconnue du public. Mais les choses vont peut-être changer grâce à une initiative de la Ville de Genève qui vise à rebaptiser certaines de ses artères avec des noms de femmes qui ont marqué l’histoire de Genève. En effet, le nom de Julienne Piachaud figure dans la liste des personnalités féminines qui pourraient à l’avenir obtenir une rue à leur nom. ■
"Dis voir", l'appli
Les Romands batoillent, mais de Sierre à Saignelégier leur accent varie. Le chercheur Mathieu Avanzi lance une application mobile pour étudier la diversité du parler romand. Le projet « Dis voir » invite les utilisateurs à enregistrer leur voix sur leur smartphone, à deviner des mots typiquement romands, et à tester leurs connaissances des accents régionaux.