Médecins de mon enfance

1940
Sierre
Rose Bünter-Salamin
Ivana Bayard

Entre 2007 et 2010, Rose Bünter-Salamin (1927-2012) a tenu un blog sur romandie.com. En février 2012, l'année de son décès, les blogs gratuits ont été effacés. Celui de Rose aurait aussi disparu mais c'était sans compter sur sa petite-fille Ivana Bayard qui a eu l'excellente idée de les retrouver et de les mettre en forme pour leur donner une seconde vie. Une troisième vie est possible à travers ce site élargissant le public touché.

Le 12 juin 2009, elle évoque les médecins de son enfance et de son adolescence.

1940 Le Dr. Turini (1875-1961), petite moustache, yeux pétillants, rendait régulièrement visite à mon père bien malade. Je l’entendais parler de rhumatisme, on ne parlait pas de cancer à cette époque. Il a été un bon soutien pour notre maman dans l’épreuve de la séparation.

Un médecin que je n’ai jamais oublié, le Dr. de Werra qui avait la mission de vacciner les enfants des écoles contre la « polio ». Je revois encore le tableau… Dans la salle de gymnastique de la ville, les patients bien alignés attendent leur tour pour l’intervention. Du haut de mes six ans [nous sommes en 1933] , à l’approche de la piqûre, je me débats et tente de m’enfuir. Le médecin me saisit par le bras et par commodité, d’un geste alerte, me vaccine à la cuisse au lieu de le faire au bras. Actuellement, à l’aube de mes 4 fois vingt ans, j’ai toujours des bras vierges de toute agression de vaccin… Merci docteur.

Le Dr. Besse s’occupe de nos bronchites, de nos poumons : c’est le généraliste de notre ville. C’est lui qui a détecté chez moi à l’âge de dix ans un problème pulmonaire. Suite à cette situation, à l’adolescence, le premier jeudi du mois, au lieu de me rendre en classe, j’avais le privilège de me rendre à l’hôpital pour un contrôle et également d’avoir une tasse de lait le matin à la récréation, afin de me fortifier. Cela me convenait.

Loin à la ronde, très apprécié, le Dr. spécialiste Otto Gentinetta, Personnage distingué, élégant avec son nœud-papillon, démarche aristocratique. Il adorait la chasse, partait donc de grand matin pendant que les patients remplissaient la salle dans l’attente du spécialiste. Il m ‘a également procuré un chagrin d’enfant. Il était d’usage dans ma famille, une fois dans l’année, de faire une visite chez le médecin pour se rendre compte de la bonne croissance de chacun. Donc, Blanche, René, Michel et moi-même : direction hôpital pour enlever des polypes. Naturellement en enfants turbulents, aucun de nous quatre ne désirait passer en premier chez le Dr. Gentinetta, qui conclut un marché avec moi. « Si tu es sage après l’intervention tu auras droit à un chocolat ». La gourmandise étant forte, je me maîtrise pour être à la hauteur et mériter la récompense qui n’est jamais venue... J’ai vécu cela comme une injustice et longtemps j’en ai voulu à ce cher Dr. Gentinetta.

De même nous six enfants une fois par an, visite chez le dentiste M. Heinzmann, pour visite de l’état de notre dentition. La salle d’attente résonnait de nos commentaires, de nos pleurs : c’était très vivant.

A l’époque, des religieuses fonctionnaient en qualité d’infirmières dans les hôpitaux. Dans notre hôpital, je revois une religieuse, très grande, au teint de nacre, qui était reconnue pour sa façon de procéder aux piqûres, sans douleur, avec grande douceur. Elle était un personnage très demandé.

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Pierre-Marie Epiney
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4 mars 2021
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