Cérémonie de décoration de militaires français par le Général Pau

Cérémonie de décoration de militaires français par le Général Pau

8 août 1917
Photographie E. Sauser, Neuchâtel
Stéphane Thurnherr

Photographie, tirée en format carte postale, de la cérémonie de décoration de militaires français par le Général Pau qui s’est déroulée le 8 août 1917 dans la cour du collège de la Promenade à Neuchâtel.

Voici le récit de l’événement que donne le National Suisse dans son édition du 9 août 1917 :

« A Neuchâtel

Mercredi matin, à 9 h. 30, en une impressionnante cérémionie, le général Pau a décoré de la croix de la Légion d'honneur deux capitaines de l'armée française, le capitaine Mignon et le capitaine Morand-Montogne, et de la croix de guerre trois lieutenants et deux soldats. La cérémonie a eu lieu dans la cour .du collège de la Promenade, au milieu d'un grand concours de la population, Elle s’est terminée par un discours du général Pau, rappelant aux soldats, au nombre de plusieurs centaines et qui formaient le carré, leur devoir envers leur pays, leur devoir envers la Suisse hospitalière. Son discours a été très émouvant. Le général a rappelé, entre autres, tout ce que les Français auraient à faire en rentrant dans leur pays affaibli. Il a dit que toute une partie de la France a été détruite, d'une part par les besoins militaires de l'ennemi, d'autre part par simple malveillance, Il a rappelé aussi que le devoir de tous les Français était de fonder une famille pour que ce qui s'est passé en 1914 ne se produise plus. « Vous avez succombé sous le nombre, a-t-il dit; ainsi, si vous aviez été plus nombreux, ce qui s'est produit dans les premiers mois de la guerre ne serait pas arrivé. Vous voudrez donc opposer à l'envahisseur quelconque, s'il devait se retrouver encore, une barrière plus forte de millions de Français ». Il a rappelé également l'hospitalité proverbiale ‘de: la-Suisse-par le souvenir de 1871. Le' public, enthousiasmé, a longuement ovationné la France et son représentant. L'un des décorés de la croix de guerre, le lieutenant Albert Taborney, est tombé à l'ennemi. Il était représenté pâr son jeune enfant; qui, au nom de son père, a reçu la croix |de guerre. De chacun, lé général s’approche après avoir lu la citation dont il est l'objet: aux légionnaires, il touche l'épaule de l'épée, leur donne L’accolade, puis épingle sur leur poitrine la croix acquise par les services rendus à la patrie. C'est vraiment un moment émotionnant, surtout au moment où le petit orphelin, impressionné par l’attention dont il est l'objet, reçoit la décoration de son père. Le capitaine Morand-Monteilhe, chaleureusement embrassé par son oncle, le général Montenon. Le général Pau s'est ensuite approché de chaque soldat pour l'interroger. C'était, a-t-il dit, le principal objet de sa mission. Un magnifique soleil d'août éclairait cette grande et belle cérémonie. Pendant la remise des décorations, on entend un craquement, suivi de cris et d'exclamations, un échafaudage trop léger a ‘dû se rompre sous la surcharge humaine qui l'occupe. Fort heureusement, cet incident n'a pas eu de suites graves pour ceux qui en ont été les victimes.

Notre correspondant du chef-lieu nous écrit : Le général Pau continue à enchanter les Neuchâtelois. Cet homme force la sympathie par son affabilité, par sa distinction et par sa grande simplicité. Il sait trouver le mot juste pour chacun et est particulièrement aimable envers notre pays; pour les poilus, auxquels il apporte le‘ salut de la France, il est paternel. Il n'y a chez lui pas la moindre trace de morgue et de suffisance. Quelle différence avec les officiers d'Outre-Rhin. et quel exemple pour la plupart de nos officiers d'Outre-Thièle… et même d'en deçà ! Cet homme est infatigable ; il ne perd pas son temps; toutes ses minutes sont prises. La première journée a été employée à ‘visiter tous les internés de Neuchâtel; la seconde tous les poilus du canton. Hier, il présidait le matin une imposante cérémonie de remise de décorations; il visitait l'après-mi-di les malades et les blessés français dans les hôpitaux de Neuchâtel! et le soir il répondait à l'invitation du Conseil d'Etat et du Conseil communal de Neuchâtel, dans les grands et merveilleux salons du Palais Rougemont. Le souvenir de la visite du général Pau à Neuchâtel n'est pas près de s'effacer. C'est une page d'histoire qui nous restera de l'époque extraordinaire que nous vivons, époque si féconde en événements tragiques, terribles , affreux, mais aussi si riche d'actes sublimes, d'héroïsme et de charité. »

Le Général Montenon dont il est question dans l’article est certainement le Général Henri Geay de Montenon (1844-1919), dont on trouve une biographie sur le site de la BNF :

gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6...

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