Les maisons "Smarties"
Les maisons "Smarties"
Voici l'article que j'ai écrit pour l'Omnibus, journal local d'Orbe, la semaine après cette photo. Un rappel : nous sommes en plein Covid.
Quand vous passez sur le pont CFF, vous avez une vue plongeante sur le quartier des maisons « smarties ». Quel rapport entre les pastilles croquantes chocolatées et ces sept maisons vieilles de quatre ans ? Ce ne peut-être que leur couleur : on passe du saumon au violet, puis du jaune au vert ou encore au bleu clair. Ces habitations qui étonnent plus qu’elles ne détonnent ne représenteraient-elles pas la diversité de ses occupants ? Qui découvre-t-on derrière ces murs bigarrés ?
C’est pourtant dans la première maison de la nouvelle ruelle, une villa des années soixante, que nous entrons. Lise et Claude, retraités, ont l’accueil jovial et dévoilent assez vite leurs premières craintes quand ils entendirent que le champ qui les bordait allait être vendu pour la construction. Pourtant, les nuisances et inconforts terminés avec la pose du bitume, Lise et Claude ont vu leurs soucis s’évanouir devant le passage des enfants du quartier. Ils ont aussi noué une nouvelle amitié avec leurs voisins, retraités eux aussi et cités ci-après.
Vert menthe. Telle est la couleur de la villa de Frédéric et Marie-France qui ont quitté l’Isle pour profiter de l’occasion qui leur était donnée de découvrir un autre coin de leur Jura . Ils apprécient les bons contacts avec le quartier, et aussi la disponibilité des gens du village pour les échanges quotidiens. Les enfants leur apportent aussi leur fraîcheur et leur exubérance. Ils apprécient la proximité de toutes sortes de commodités.
Bleu profond. En face d’eux, la maison la plus exotique dévoile des petites sculptures hindoues, témoins de la religion de Roshani, la compagne de Sujevan Apputhurai. La surprise n’est donc pas totale quand un homme au profil asiatique ouvre la porte. Dans un français parfait et avec un sourire chaleureux, il précise qu’il est Suisse d’origine sri lankaise et déclare son métier d’ingénieur système. Fraîchement marié, il se dit très occupé par sa profession et par les cours de français quotidiens qu’il donne à son épouse.
Jaune canari. Leur voisin immédiat, un jeune couple encore sans enfant désire rester anonyme, comme celui du fond à la maison beige, qui a trois garçons en bas âge.
Violet profond. Là vivent Sylvie et Antoine, parents de Livy âgée d’un an, et Antony trois ans. Sylvie a imposé la couleur des façades à Antoine qui n’a eu le choix que de la nuance. Ils viennent d’Orbe et ont comme professions employée de commerce et ferblantier. Ils apprécient énormément le calme, la proximité de la nature et de la gare, même s’il a fallu un moment pour s’habituer au passage des trains. La présence des animaux et les possibilités de ballade sont une richesse inestimable dans l’éducation des enfants.
Gris bleu. En face, une famille suisse avec des origines italo-roumaines. Deux enfants, Dominique, ado de treize ans et Helen, fille de onze ans vivent avec Rodi leur mère roumaine et éducatrice de la petite enfance. Salvatore, leur père sicilien, possède une entreprise de construction. Rodi raconte son passé sous Ciausescu et les règles qu’il imposait et qui ne sont pas sans lui rappeler celles du confinement. C’est avec soulagement qu’elle a fui son pays sitôt les frontières ouvertes. Le couple apprécie les contacts entre voisins.
Saumon. Et pour finir, Martin et Doris Goy, parents de Maris, un an. Ce sont les plus proches de la voie ferrée dont on sent les vibrations au passage des trains. Mais la gêne a vite laissé place à la douce monotonie des passages horaires. Employé de commerce et chargée de communication, en télétravail, ils apprécient la chaleur de leur habitation et la présence des parents tout proches. Ils ont noué des contacts amicaux avec plusieurs voisins.
Cela donne, finalement, une quinzaine d’adultes et huit enfants. On peut imaginer que le quartier n’a pas fini de retentir de leurs rires et de leurs jeux. De bons rapports se sont déjà installés, mais aussi de réelles amitiés basées parfois sur l’entraide. Comme vous pouvez le constater, les couleurs smarties reflètent ainsi la diversité culturelle, professionnelle et générationnelle des résidents.
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