J. Haydn, Symph.104, ONRTF, Carl SCHURICHT, Septembre Musical de Montreux 1955
J. Haydn, Symph.104, ONRTF, Carl SCHURICHT, Septembre Musical de Montreux 1955
Portrait illustrant ce fichier: Carl SCHURICHT, Paris, avril 1949, une photo du site PARISENIMAGES, © Boris Lipnitzki / Roger-Viollet, utilisation autorisée dans le cadre de l'illustration de sites internet à vocation non commerciale, Numéro d'image: 73308-23, Numéro d'inventaire: LIP-2324-035 Cette symphonie est la douzième des «Londoniennes», composée par Joseph Haydn au cours de son deuxième voyage en Angleterre, en 1795. Son surnom «Symphonie de Londres» ne vient pas du compositeur et est un peu arbitraire car il pourrait s'appliquer à n'importe laquelle des onze autres symphonies composées dans les mêmes conditions.
Un deuxième surnom est «Salomon», mais qui n'est pas non plus de Haydn: en fait, un surnom curieux, car Johann Peter Salomon avait certes attiré Haydn à Londres, mais n'était pas le commanditaire de cette symphonie.
La première audition publique fut donnée au King's Theatre de Londres le 4 mai 1795, dans une série de neuf concerts - du 2 février au 18 mai 1795 - pour fêter le «plus grand compositeur vivant». Ce fut un succès immédiat, Haydn écrit dans son journal «Tout le monde était satisfait et je l'étais aussi. Cela m'a rapporté 4000 gulden, une telle chose n'est possible qu'en Angleterre». À titre de comparaison: la pension annuelle que Haydn touchait alors de la famille Esterhazy était de 1000 gulden/florins (il faut se souvenir du statut social qu'occupait Haydn à la Cour des Esterhazy: il y fut certes un compositeur respecté et soutenu, mais y était avant tout considéré comme un employé, une sorte 'd'intendant des affaires musicales', pas très bien rénuméré).
C'est la dernière symphonie que compose Joseph Haydn: 104, un chiffre impressionnant, qui avec deux essais de jeunesse, monte en fait à 106. Leur composition s'étend sur presque quarante ans, de 1759 à 1795.
La symphonie No 104 s'ouvre curieusement par une introduction lente, Adagio, en ré mineur, la tonalité principale étant en ré majeur. Rien de tel pour dramatiser l'ouverture d'une symphonie, l'effet de contraste par lequel s'impose, 16 mesure plus loin, le premier thème de l'Allegro en ré majeur n'en est que plus saisissant. "[...] L'Andante laisse éclater un formidable tutti médian contrastant avec les exquises mélopées du violon solo et de la flûte. Le Menuet rapide entrelace finement basson, flûte et hautbois, tandis que le finale multiplie contrastes et digressions modulantes au bénéfice du spiritoso. [...]" Jean Cabourg dans ce fichier pdf.
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Une présentation un peu plus détaillée, des citations extraites des excellentes notes rédigées par Richard Wigmore pour Hyperion en 2009:
Après l'introduction lente en ré mineur "[...] L'Allegro résout le mineur en majeur avec une mélodie apaisante qui revient, variée, sous forme de «second sujet»; une autre variation charmante, destinée de manière désinvolte à la flûte et aux hautbois, marque le début de la réexposition. Le magnifique développement est peut-être le plus puissant et le plus rigoureux de toutes les symphonies haydniennes, harcelant jusqu'à l'obsession un fragment thématique de six notes et montant inexorablement en puissance jusqu'à un climax d'une intensité chauffée à blanc.
La paisible ouverture de l'Andante en sol majeur est trompeuse. La seconde moitié de la mélodie s'étoffe avec un souffle et une profondeur insoupçonnés, cependant que la férocité de l'épisode central en sol mineur éclipse même l'explosion comparable entendue dans l'Andante de l'«Horloge». Mais l'apothéose survient après la reprise variée de l'air d'ouverture, quand la musique flotte vers des régions tonales mystérieuses, avant de reglisser magiquement vers le ton principal. Comme si souvent dans ces mouvements lents tardifs, les dernières mesures sont baignées d'une lueur de nostalgie, d'adieu.
Le turbulent menuet exploite d'agressifs accents anacroustiques et de rudes contrastes de dynamique. Une facétie toute haydnesque survient lorsque le trille rieur qui clôt la première moitié de cet épisode s'arrête pour deux mesures de silence avant de ressurgir dans un piano conspirateur. Après toute cette bouffonnerie, Haydn amorce le trio pastoral par une blague plus subtile, qui fait une feinte vers ré mineur avant d'opter pour la tonalité plus éloignée de si bémol majeur.
Le thème principal du finale, annoncé par-dessus un bourdon rustique, évoquait le cri «Live cod!» aux premiers auditoires londoniens, mais on l'a aussi associé à un air folklorique croate. Son énergie bravache est compensée par un thème contrastif languissant, en notes tenues, d'un genre unique dans les finales haydniens. Cette mélodie revient vers la fin du développement, où elle semble comme hypnotisée. Puis, dans un glissement harmonique époustouflant, la réexposition nous prend au débotté - peut-être la plus subtile transition jamais écrite par Haydn, verveuse et poignante à la fois. Comme le veut cette forme, le compositeur continue d'exploiter le potentiel de l'air initial jusqu'à une incandescente coda [...]"
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Carl SCHURICHT a souvent donné cette symphonie en concert: la «concertographie» de Toshiharu Kobayashi - état au 9 avril 2016 - dénombre 46 concerts avec cette oeuvre au programme, allant du 14 août 1938 (Het Residentie Orkest, Scheveningen, Kurzaal) au 24 octobre 1965 (OSR, Genève, Victoria Hall).
Jusqu'à maintenant - état au 2 janvier 2015 - trois enregistrements de ces nombreux concerts ont été publiés, parus sur des CD plus ou moins autorisés...
- avec l'Orchestre Radio-Symphonique de la SWR Stuttgart (l'actuel Radio-Sinfonieorchester Stuttgart), 10 septembre 1952 (DISQUES REFRAIN DR920027, RE! DISCOVER RED 30, King KICC 2402)
- avec l'Orchestre national de la Radiodiffusion française (l'actuel Orchestre national de France), septembre 1955 (Altus ALT172/3, Memories MR2020, VIRTUOSO 94012, RE! DISCOVER RED62, DISQUES REFRAIN DR910008-2). Il s'agit là très probablement de l'enregistrement fait au Festival de Montreux - disponible sur cette page du site de l'INA - assez curieusement mal daté, du 3 octobre 1955 alors que le concert a eut lieu le 21 septembre 1955.
- avec l'Orchestre national de l'Opéra de Monte-Carlo (l'actuel Orchestre philharmonique de Monte-Carlo), 15 août 1959 (RARE MOTH RM 508-M)
(données extraites de la banque de données du site de Tohru Kobayashi, page CD)
Le 21 septembre 1955, au Septembre Musical de Montreux, Salle du Pavillon, Carl SCHURICHT dirigeait donc l'Orchestre National de la RTF, avec au programme:
- Joseph Haydn, Symphonie No 104
- Johannes Brahms, Concerto pour violon Op.77, Henryk Szeryng en soliste
- Robert Schumann, Symphonie No 2
Un extrait du compte-rendu paru dans la Gazette de Lausanne du Samedi/Dimanche 24/25 septembre 1955, en page 5, signé «Ed.H»:
"[...] Un magnifique programme (encore que tout programme devient magnifique avec Carl Schuricht) où le grand chef joue en maître incontesté du bel instrument qui n'a cessé d'être admirable tout au long de ces importants concerts.
La symphonie N° 104 en ré maj., dite «londonienne» est, à juste prix, très célèbre. Elle est sans faille, sans remplissage aucuns, et le père Haydn y chante, d'un bout à l'autre, solennellement, tendrement ou gaiement, avec un bonheur qui fait le nôtre sans mélange. La façon dont Carl Schuricht et l'«Orchestre national» nous transmet l'heureux message crée immédiatement cet état de sérénité qui fait la réceptivité complète. Le rayonnement de Schuricht vaut celui de Haydn, et réciproquement; l'on part dans la plus douce lumière et l'on accédera sans effort ni contrainte à des rayons plus éclatants, à des ombres plus sévères. [...]"
La première diffusion du concert eut lieu en différé le 29 septembre 1955 à 20.02 sur «France - Chaîne nationale (347.6 m; 100 kW)» (ref. Journal de Genève du 28 septembre 1955 en page 7).
Je souligne que le contenu de ces extraits de la Gazette de Lausanne et du Journal de Genève est rendu accessible grâce à l'admirable banque de données «LE TEMPS Archives Historiques».
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<a href=""></a>L'enregistrement que vous écoutez...
Joseph Haydn, Symphonie No 104 en ré majeur, dite «Symphonie de Londres», Orchestre National de la RTF, Carl Schuricht, 21 septembre 1955, Septembre Musical de Montreux, Salle du Pavillon
1. Adagio - Allegro 08:09
2. Andante 07:31
3. Menuett: Allegro - Trio 04:58
4. Finale: Spiritoso 04:50
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Radiodiffusion (Archives RTF resp. INA) -> WAV -> MP3 320 kbps
Pour les fichiers au format FLAC voir
Téléphonie en Anniviers
D'après Paul-André Florey, qui a écrit un ouvrage notable sur le bourg médiéval de Vissoie, le télégraphe fut introduit dans le val d'Anniviers en 1876, suivi par le téléphone en 1899.