les 150 ans de la CGN

10 mars 2023
Michel Bezençon

La CGN fête ses 150 ans de navigation sur le Léman

Par Mickymorges 2023.

La navigation et le chemin de fer sont deux modes de transport qui, au cours des ans, ont évolués dans la région lémanique.

La navigation avec des bateaux à vapeur et à roues à aubes font une première sur le Léman, en 1823.

La mise à l’eau du 1er bateau, le Guillaume-Tell, pouvant accueillir 200 passagers, suivi par l’Aigle et le Léman vaudois, de différentes sociétés de navigation, en 1841, l’Helvétie, avec 800 places est mis en service en faisant sensation.

L’évolution est telle que, pour satisfaire la population, une unité pouvant recevoir 1000 passagers, voit le jour, en 1871, à Morges, lieu du chantier, baptisée Winkelried, avec deux cheminées. Sa première action a été le transport des Bourbaki, de Morges à Genève.

La plupart de ces bateaux étaient construits en bois et leurs noms se rapportent au passé de la Suisse.

En 1873, suite aux difficultés financières des différentes sociétés, la Compagnie Générale de Navigation sur le Léman, basée à Lausanne, a vu le jour.

De sa fondation à la Guerre de 14-18, la CGN est florissante et remplace ses unités en bois par 19 navires en acier, jusqu’en 1918.

La Maison Escher-Wyss, EWZ, de Zurich, livre la plupart des unités. Leur dernière réalisation est le Major-Davel, en 1892, démoli en 1990.

A la Belle-Epoque, la Compagnie mets en service de magnifiques bateaux salon, à 2 ponts avec une capacité de 800 à 1200 passagers, construits par l’entreprise Sulzer, à Winterthur.

Ce mode de transport favorise le tourisme dans la région au détriment du transport de marchandises, abandonné par la CGN.

En 1902 on compte 66 barques lacustres à voiles encore actives dans le transport de bois, de pierres et de sable jusqu’à la disparition de la carrière de Meillerie, en France.

Cette flotte majestueuse est inspirée des paquebots de luxe de la transatlantique, et compte encore 9 unités dont 7 en service régulier et équipés de roues à aubes. Les moteurs sont en partie à vapeur ou diesel-électrique.

Le Genève est le dernier construit par le chantier de Morges, en 1896 est propulsé par un moteur diesel-électrique de 1933 à 1973. Il est sauvé par des amoureux de ce bateau qui l’amarrent aux Eaux-Vives et le transforment en Centre d’accueil.

La période de 1960 à 1968, voit la disparition de trois unité qui sont à la fin de leur vie, Lausanne (1900), transformé en diesel-électrique en 1948-49 et démoli en 1978. Le Général-Dufour (1905) vapeur, en service entre les deux guerres, puis de 1945 à 1955 stationné à Morges pour faire fonctionner l’huilerie. A l’occasion de la Fête des Vignerons, en 1955, il reprend du service jusqu’en 1967 pour être démoli en 1977.

La vie tumultueuse du Valais (1913) se termine en 2003. Il est le frère jumeau du Savoie est était très apprécié pour des courses spéciales. En 1928, il reçoit quelques modifications et une grande révision en 1953, ce qui lui permet de naviguer jusqu’en 1962. A partir de cette date il devient Café-Restaurant flottant, au quai du Jardin-Anglais, à Genève et, en plus, reçois un guichet de la CGN. Une bataille pour le sauver a lieu mais son état de grand dégradation lui est fatal.

Les périodes de guerre et de crise économique se succédant, la Compagnie cherche des solutions pour maintenir sa flotte et, en première helvétique, transforme ses bateaux en y installant des moteurs diesel- électriques, pour assurer la pérennité du parc belle-époque. Le Genève est le bateau test, puis le Lausanne, ainsi de suite. Les résultats obtenus améliorent l’exploitation. Grâce à ces transformations, 3 unités naviguent encore actuellement (Italie, Vevey et Montreux).

1960 à 1964

Les Pouvoirs publics subventionnent l’achat de deux vedettes, le Grèbe et le Colvert, ainsi que de deux bateaux moyens Henri-Dunant et Général-Guisan pour assurer le service.

A la même période, naît l’idée de construire une vedette à ailes-portantes, l’Albatros, pour assurer la liaison Lausanne-Thonon. C’est un échec commercial et elle est vendue, en 1972, à une société française.

Suite à l’augmentation du trafic frontalier, il est passé commande, dans les années 1970, de deux unités, pour les liaisons avec Evian et Thonon. Ce sont Le Chablais (1973) et Ville de Genève (1978), seul survivant et qui subit, en 2000, une totale refonte pour augmenter sa capacité.

Avenir de la CGN

La CGN se compose de trois entités : 1) Transports publics, 2) Le chantier, 3) Matériel belle-époque, dont l’ABVL collabore une partie des finances pour la remise en état.

Ces travaux à l’état d’origine et aux normes sont un atout pour le classement au Patrimoine Vaudois, ce qui en fait la fierté de toute la région.

L’ABVL s’est investie dans la recherche de fonds et de dons en faisant jouer la corde sensible du public désireux de maintenir ce patrimoine.

Le nombre toujours plus important de frontaliers français travaillant dans les cantons de Genève et de Vaud provoque la commande du Léman V, bateau diesel moderne, d’une capacité de 700 places, reçu en 1990 et pour assurer le service entre Evian et Lausanne. Une exclusivité européenne, de par sa grandeur sur un lac, comptant 3 ponts et 1500 places, le Lausanne, est très sollicité par différentes sociétés pour des croisières, défilés de mode, congrès, diverses activités, marché de Thonon, croisière du Nouvel-An, Festival de Jazz, sorties organisées par les communes, etc. De nos jours de nouvelles unités vont être mis en service pour assurer le transport des frontaliers. Sous le l’appellation de Navy express portant les Noms :Evian – les Bains et Thonon -les Bains

Flotte belle-époque

Pour maintenir leurs services touristiques très appréciés par la population et les touristes de toutes les régions et pays, ces bateaux doivent être entretenus, améliorés et mis aux normes très régulièrement. Ils sont également tous équipés d’une hélice d’étrave.

Les huit unités en service et participant à la parade navale annuelle, toutes construites par Sulzer Frères, à Winterthur, sont propulsées par des roues à aubes, ont deux ponts et un salon de style Empire ou Néo-Classique sont décrites ci-dessous :

Le Montreux 1904, vapeur jusqu’en 1960, puis diesel-électrique. Pour son centenaire, en 2004, il est à nouveau équipé en version vapeur à l’aide d’une chaudière, une première sur le lac. La restauration est assurée par le restaurant Beau-Rivage, à Lausanne, dirigé par Anne-Sophie Pic.

La Suisse 1910, bateau Amiral, remis dans son état proche de l’origine, fait son retour pour son centenaire, en 2010. Machinerie d’origine, 2 cylindres obliques à double expansion.

Le Vevey 1907, vapeur jusqu’en 1957, puis diesel-électrique, jusqu’à ce jour. Remis dans son état d’origine en 2012-2013, et reçoit une nouvelle motorisation.

L’Italie 1908, vapeur jusqu’en 1958, puis perd son aspect d’origine et, finalement, après quelques incompréhensions redeviens un sister ship avec son nouveau moteur diesel électrique qui le rapproche de son état d’origine. Il a fier allure sur le lac et assure les croisières le long des rives genevoises et du haut lac, il sert également de bateau école pour les futurs capitaines.

La Savoie 1914, à vapeur jusqu’à ce jour, course inaugurale le 23 mais 1914, sous le commandement du Capitaine Charles Berger, depuis le port d’Ouchy. En 1962, il subit de grandes avaries et les réparations sont faites par les AMCV, à Vevey. Navigation sans problème jusqu’en 2003. En 2004, suite à la constatation d’une fatigue générale, la décision est prise de le rénover pour plusieurs millions de francs. Suite à la rénovation du salon de première classe, il devient le bijou de la flotte et reprend la silhouette du début de sa vie et son service gastronomique est aux mains du Chef Chevrier, de Genève. Les machines d’origine deux cylindres compound sont toujours à bord.

Le Simplon 1915, les travaux sont stoppés pour cause de guerre et il faudra attendre 1920 pour le voir sortir du chantier de Bellerive. Son grand succès pousse la Compagnie à commander un deuxième bâtiment de puissance et de taille identiques. Au début, la vapeur est produite à l’aide de charbon puis, dès 1959, de l’huile lourde est utilisée. Actuellement, du carburant écologique remplit les réservoirs. Très gourmand en combustible, il transportait 6 tonnes de charbon en semaine et 12 tonnes le week-end. C’est le vapeur le plus imposant de la flotte belle-époque. La disposition particulière de sa machine, 2 cylindres obliques compound, à l’avant et des chaudières à l’arrière le rendent particulièrement réactif. Une avarie dans le compartiment des chaudières, en 2004, le mettent hors service durant deux ans. En 2010 et 2011, révision complète du système de propulsion et en 2017 et 2018 une peinture extérieure complète est appliquée.

Le Rhône 1927, commence sa carrière avec la Fête des Vignerons, à Vevey, c’est le dernier vapeur à aubes fabriqué par Sulzer, pour la Suisse. Ses machines avec 2 cylindres obliques, compound à haute pression possèdent un système de graissage automatique unique en son genre et nécessite la pose d’un capot pour couvrir le vilebrequin et les cylindres afin d’éviter les projections d’huile chaude sur les passagers qui le contemplent depuis le pont principal. En 2002 et 2003, lors de la révision complète du moteur, le capot métallique est remplacé par un capot en plexiglas. En 2017, une avarie de l’arbre de transmission remet en question une grande rénovation qui, finalement est faite et se termine en automne 2022. Le financement des travaux est assuré par les Cantons de Vaud, Valais et Genève, en plus de la participation de l’ABVL. Le Rhône a retrouvé toute sa splendeur. Il est classé monument historique.

L’Helvétie 1926, le fleuron de la Compagnie est désaffecté depuis 2002. Sa machine à vapeur, 3 cylindres à flux continu est exposée au Musée du Léman, à Nyon. En 1930, un vitrage est installé sur le pont supérieur afin de pouvoir naviguer en toutes saisons. A partir de 1960, il assure la croisière translémanique, très fréquentée par les touristes, qui apprécient particulièrement son grand buffet gastronomique installé dans le salon première classe. Un contrôle des chaudières et des machines, en 1973, fait ressortir de nombreuses avaries et la CGN le sauve en installant un système de propulsion diesel-électrique. Depuis 2017, le navire attend une décision concernant sa restauration complète, soit à vapeur ou en diesel-électrique et n’a plus de propulsion.

L’année 2023 sera marquée par les anniversaires des 150 ans de la CGN et des 200 ans de navigation en Suisse. Se renseigner sur le site de la CGN.

Michel Bezençon, Morges / Photos LTAM, archives.

Vous devez être connecté/-e pour ajouter un commentaire
Pas de commentaire pour l'instant!
Michel Bezençon
509 contributions
2 mars 2023
163 vues
2 likes
0 favori
0 commentaire
5 galeries