Tante Marie d'Amérique

28 janvier 2008
Rose Bünter-Salamin
Ivana Bayard

Tante Marie d’Amérique

28 janvier 2008

J’ai laissé au repos le blog de grd.mère. La course à la Maison Blanche entre Barack OBAMA et Hillary CLINTON, tous deux démocrates, à l’occasion de l’élection présidentielle aux USA, me fait me souvenir que nous avons une tante Marie d’Amérique avec laquelle nous avons toujours eu beaucoup de contacts dans la famille, contacts entretenus par courrier échangé avec ses frères et sœurs. En 1988, toute une délégation de chez nous s’est rendue en Californie pour fêter ses 100 ans. Quelle joie que cette rencontre ! Sa date de naissance : 1888.

Tante Marie exerçait la profession d’institutrice. Six mois d’école, six mois pour une autre activité. Tante Marie travaillait donc également dans l’hôtellerie en qualité de fille de salle. C’était une personne très cultivée, esprit ouvert, très moderne pour son époque. Elle possédait une écriture faite de déliés et de pleins, tout en finesse que nous admirions en lisant le courrier qu’elle nous faisait parvenir très régulièrement.

En 1914, elle rencontre et tombe amoureuse d’oncle Victor, qui lui aussi travaille dans l’hôtellerie. Il lui fait part de son intention de faire sa vie en Californie, il quitte donc le Valais en promettant de venir chercher sa chère Marie dès qu’il aura du travail un peu stable (à l’époque l’Amérique donnait des terres à défricher, à cultiver), donc oncle Victor a reçu sa part. Il fallait creuser des puits, assainir les marécages... Entre autres activités, il avait la charge, avec un bus d’amener les enfants à l’école, enfants qu’il cherchait dans les différentes fermes. Ensuite il a construit sa maison, …. (aux dires de tante Marie….un petit cabanon…). En 1921 oncle Victor, toujours amoureux, rentre au pays pour chercher tante Marie et l’amener aux Amériques…. Presque un choc pour la petite Valaisanne, dans l’immensité des terres californiennes… Jusqu’en 1939 elle a ressenti le mal du pays. Trois beaux enfants sont nés : Arthur, Léo et Marie-Louise.

Après bien des années de labeur la propriété est devenue culture du coton, des amandes, de la vigne. J’ai eu l’occasion d’en faire le tour. J’en garde un souvenir étonnant et admiratif, par l’immensité…

A bientôt en compagnie de tante Marie d’Amérique à laquelle je voue une réelle affection.

1939 Tante Marie d'Amérique, retour

2 février 2008

1939, tante Marie d’Amérique revient en visite en Valais. Oui, tante Marie avait la nostalgie du pays jusqu'en 1939. Le Valais lui manquait énormément. De revenir en Suisse, cela l’a libérée. Après 6 mois de son séjour, elle est retournée apaisée et confiante en Amérique qui était devenue son lieu de vie et qu’elle appréciait énormément.

Tante Marie avait décidé en 1939, d’un retour chez nous pour diverses raisons. En effet la situation mondiale étant critique, l’on parlait de guerres éventuelles. A cette même époque, Fridolin, son frère qui est mon père, souffrait de maladie très grave. Elle tenait vraiment à le revoir car elle avait toujours partagé avec lui une grande complicité. Même profession, goûts semblables, chant, musique, les deux dotés d’un caractère jovial, taquin, plein d’humour… Donc, en 1939, tante Marie d’Amérique nous revient pour quelques mois avec sa fille Marie-Louise. J’avais à l’époque 11 ans et ma cousine américaine 9 ans.

Quel évènement pour nous, pensez donc : à l’époque, une tante et une cousine d’Amérique, c’était le suspense. Notre tante fort élégante, petit chapeau noir à voilette, et Marie-Louise toute de blanc vêtue, grande cape, béret basque, sur une magnifique chevelure blonde. Le long voyage s’est effectué en bateau ce qui lui a permis de réviser un peu notre langue française. Nous, enfants nous la découvrions ébahis et charmés par son délicieux accent d’outre-mer.

C’était une période de fêtes. Rencontres chez les uns, chez les autres. Tante Marie logeait chez tante Jeanne et sa fille prenait un malin plaisir à vivre soit chez tante Clémentine, chez tante Léontine, chez tante Alice ou chez nous. Elle savait se faire câline et affectueuse; comme une enfant gâtée, elle obtenait ce qu’elle désirait… à titre d’exemple : « oncle Fidolin, j'aime tant les cerises ». Naturellement vite on comblait son vœu par l’achat de cerises. Elle me racontait des histoires extraordinaires sur la vie en Amérique. Les cheveux des femmes étaient si longs qu’ils touchaient le sol. Les cadeaux reçus, des coquillages de la mer, soit pour écouter le bruit de l’océan, soit plus petits pour y déposer sa bague à l’occasion. Marie-Louise a suivi des cours à l’école Beaulieu. Elle était le chouchou des compagnes de classe et des enseignantes. Elle nous venait d’Amérique… pensez donc…

1939 il a fallu repartir avant que les frontières ne se referment pour cause de guerre. Notre tante, son mari oncle Victor, ses enfants, assez régulièrement sont revenus en visite ce qui donnait l’occasion de rencontres pour raclettes et autres fêtes de famille. Des échanges épistolaires très réguliers ont été maintenus entre frères et sœurs, neveux, nièces, cousins, cousines. Famille formidable…

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  • David Glaser, reporter FONSART

    Je crois qu'on a tous une tante ou un oncle en Amérique. Merci pour ce récit formidable, cela me donne envie de reposer la question des relations entre la Suisse et le nouveau monde. Si vous avez eu des cousins, des oncles, des tantes, des parents qui ont émigré vers les Amériques, je serais ravi de vous lire sur notreHistoire.ch. Et si vous avez une ou deux photos de famille pour compléter le le récit, alors Welcome!

Pierre-Marie Epiney
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15 février 2021
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