De Valère à la cathédrale
De Valère à la cathédrale
Cette carte d'art a été expédiée de Sion en juin 1904. Elle montre l'autel triptyque (retable) qui se trouvait - selon le chanoine Josef Sarbach cité par Sophie Providoli - dans le choeur de la basilique de Valère. On reconnaît en arrière-fonds les chapiteaux et les stalles de Valère.
Sous l'évêque Viktor Biéler (1881-1952), il a été déplacé à la cathédrale Notre-Dame de Sion (parfois appelée Notre-Dame du Glarier) où il occupe la place essentielle dans le chœur.
- Le retable en place dans le choeur de la cathédrale de Sion. Photo : Pm Epiney. Pour le voir en plus grand, cliquez ici.
Avant d’être déplacé, le triptyque se trouvait dans le chœur de la basilique de Valère (au nord).
Toujours selon le chanoine Sarbach, dans le cadre du déplacement du retable à la cathédrale, les volets ont été démontés. Ils sont aujourd’hui stockés dans la chapelle latérale Sainte-Barbe de la cathédrale.
Description du retable par Sophie Providoli, historienne d'art
Le corps central du triptyque figure l'arbre de Jessé (càd la généalogie de Jésus - et non de Marie comme indiqué sur la carte -). Jessé, l'ancêtre de Jésus, est présenté couché dans la prédelle (élément supportant le corps central d'un retable). De son flanc sort une vigne dont la branche principale aboutit à la Vierge à l'enfant et dont les 4 branches secondaires aboutissent de part et d'autre de la vierge et dans un registre supérieur à 4 bustes représentant des ancêtres de Jésus. Les phylactères qui les accompagnent permettraient peut-être de les identifier.
A la gauche de la Vierge à l'enfant, on reconnaît les figures de saint Jean (en jeune apôtre imberbe; son attribut manquant ici, le calice, lui sera restitué plus tard) et de sainte Catherine d'Alexandrie (avec son attribut l'épée, en rappel à sa décapitation; et à ses pieds l'empereur qui aurait tenté de la faire renoncer à sa foi).
A la droite de la Vierge à l'enfant on reconnaît sainte Anne trinitaire et saint Roch de Montpellier (en pèlerin, montrant sa plaie à la jambe).
Sur le site de la Médiathèque VS, à cette page, on trouve une photo du chœur de Valère sur laquelle on reconnaît bien le retable.
Une autre carte de Jullien frères (le retable est visible à gauche) :
Description par le chanoine Sarbach de la cathédrale de Sion :
Selon les quatre grands prophètes : Isaïe, Jérémie, Ézéchiel, Daniel, qui sont représentés sur les branches ascendantes de la vigne dans le triptyque, et qui pointent tous vers le Messie, le Christ, il est probablement plus approprié de penser à la généalogie de Jésus. La généalogie, l'arbre généalogique de Jésus commence dans l'évangéliste Matthieu avec Abraham et se termine après l'énumération de trois fois quatorze générations au chapitre 1 avec le verset 12 : "Jacob engendra Joseph, l'époux de Marie, et d'elle naquit Jésus, qui est appelé Christ" (Mt 1,12). L'évangéliste Luc adopte l'approche inverse au chapitre 3, versets 23-38 "Jésus, lorsqu'il apparut pour la première fois en public, avait environ trente ans. Il était considéré comme le fils de Joseph. Les ancêtres de Joseph étaient : Eli, Mattath, Levi ..."
Les deux généalogies sont donc centrées sur le Christ. En suivant l'Évangile de Matthieu, et en considérant l'"histoire de l'enfance de Jésus" que Luc rapporte - il est donc aussi représenté comme un peintre peignant Marie avec l'Enfant Jésus - on peut certainement parler aussi d'une généalogie mariale dans la dévotion à la Mère de Dieu. Mais en fin de compte, l'enfant que Marie porte dans ses bras est l'objet de la déclaration.
J'espère volontiers que ces explications vous seront utiles.
Description parue sur le site du diocèse de Sion (source)
On ignore la provenance exacte du triptyque de l’arbre de Jessé (ou “radix Jesse”). D’aucuns disent qu’il s’agit d’une commande du cardinal Mathieu Schiner (XVIe siècle). Les figures en haut-relief du buffet central sont de la fin du XVe siècle. En 1619, Ulrich Hartmann, peintre lucernois connu du Chapitre, peint les volets et retouche les figures du centre. La prédelle (caisson inférieur) reste à l’état naturel (ni doré, ni peint) jusqu’en 1947. Ce triptyque est resté longtemps à Valère. “En 1947, l’évêque de Sion, Victor Bieler, décide d’utiliser le noyau gothique de ce triptyque pour sa cathédrale restructurée. De nouveaux volets sont montés sur la base de divers bas-reliefs prélevés dans le Musée de Valère. Le Saint Théodule, ainsi que peut-être la Trinité de Sainte-Anne, proviennent d’un retable de Wileren, dans le Haut-Valais, de la seconde moitié du XVe siècle. Ces reliefs anciens, associés à d’autres éléments sculptés pour l’occasion, sont remontés sous la direction de Julius Salzgeber (1893-1953), professeur de dessin au collège de Brigue et peintre religieux.
Tout le triptyque est ensuite repeint et doré, comme presque tous les objets laissé dans la cathédrale lors des travaux de 1947.” (Antoine Lugon, Véronique Ribordy Évéquoz, La Cathédrale Notre-Dame de Sion, Sion, 1995, p. 46.)
“Du flanc de Jessé endormi jaillit le cep et la vigne chargée de quatre grappes de raisin bleutées. Les tiges se glissent derrière les statues du buffet et se terminent par des bustes des ancêtres du Christ tenant des phylactères. la Vierge debout sur un croissant de lune, enveloppée des rayons du soleil, est entourée de la Trinité de Sainte-Anne, de sainte Catherine, de saint Jean et de saint Roch, guéri de son ‘bubon pesteux’ par un ange qui en presse le pus entre ses doigts. Quatre grandes figures.”
Bibliographie :
- Patrick ELSIG, "Le château de Valère aux XIXe et XXe siècles. De la résidence des chanoines au Musée cantonal d’histoire", Lausanne, 2000 (Valère, art & histoire, t .1).
- RIBORDY et LUGON, dans "Cathédrale Notre-Dame de Sion", 1995, p.43-46, traitent aussi de ce retable.
Voir aussi ce document :
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