Le Valais et les Jésuites Repérage

10 juin 2014
Valais
A. Salamin
Albin Salamin

Introduction

Les Jésuites ont joué un très grand rôle dans le monde pour la propagation de la foi catholique. La Compagnie de Jésus fut fondée par Saint Ignace de Loyola en 1530 et cette nouvelle congrégation fut solennellement consacrée par le pape Paul III en 1540.

Cette Compagnie de Jésus, véritable milice de combat, dont le double but devait être de conquérir de nouvelles provinces à la foi catholique par les missionnaires et de conserver les anciennes provinces déjà catholiques, par les écoles. Avec les Jésuites l'Église catholique mettait résolument et vigoureusement la main sur l'éducation.

En Suisse, de nombreux cantons adoptèrent la Réforme protestante et développèrent l'enseignement gymnasial et académique. Pour remédier aux manques d'institutions d'enseignement, les cantons catholiques firent appel aux Jésuites. Le premier collège fut ouvert à Lucerne en 1574.

Le début des Jésuites en Valais

En Valais, un peu partout, dans tous les rangs et dans toutes les classes de la société, les nouveautés doctrinales avaient jeté des germes de désordre et de révolte. En Valais de nombreuses familles bourgeoises se convertirent à la Réforme dès 1524.

Le Valais à majorité catholique se sentait menacé par le développement des idées de la Réforme. Il fallait donc pour les autorités, reprendre en main l'enseignement et l'éducation de la jeunesse.

Pour cela, il semblait normal de faire appel aux membres de la Compagnie, cette troupe d'avant-garde pour la lutte contre la Réforme en Europe.

À la fin de 1607, deux membres de la compagnie de Lucerne arrivèrent dans le Haut-Valais, en passant par le col du Grimsel. À Ernen, ils fondèrent leur premier centre d'enseignement.

En 1608, grâce au curé Guillaume Quentin de Saint-Maurice de Laques, un nouvel établissement fut ouvert par la Congrégation. Cet établissement sera déplacé en 1609, dans le village de Venthône, dans la demeure du capitaine François de Preux.

Cette nouvelle école prit un développement important, suite à la fermeture de l'école d'Ernen. Ce succès mit en émoi les Calvinistes de Sion et de Loèche qui luttèrent par tous les moyens contre l'installation et le développement de l'enseignement des Jésuites.

Dans le même temps, l'évêque de Sion et ses chanoines multiplièrent les efforts "matériels" (bâtiments, vignes, champs...), pour déterminer les Jésuites à s'établir à Sion.

La Réforme protestante ayant perdu un peu de son importance en Valais, les Jésuites purent s'installer et créer un collège en ville de Sion le 11 octobre 1625. En cette même année, l'école de Venthône déménagea à Brigue.

Mais les patriotes et les partisans de la Réforme ne désarmèrent pas et réussirent à faire voter par la Diète, une expulsion des Jésuites du Valais en 1627.

Les collèges furent confiés aux prêtres séculiers.

Le premier retour des Jésuites

Les Calvinistes de Sion triomphaient, leurs cauchemars s'étaient évanouis. Cependant, dès 1648, les six Dizains du Haut-Valais, avec l'appui du grand seigneur de Brigue, Gaspard Stockalper de la Tour, luttèrent sans relâche pour un retour des Jésuites au collège de Brigue. Leur retour à Brigue fut effectif en 1651. En 1660, les Jésuites construisirent leur premier théâtre en lien avec leur collège, car ils ont toujours donné une place de choix au théâtre comme un bon instrument de formation générale.

Remarquons qu'en 1656, Adrien IV de Riedmatten céda le Couvent de Géronde aux Jésuites qui y séjournèrent jusqu'en 1662, avant de déménager à Brigue, sous la protection de Stockalper.

Avec les années et la diminution de l'influence de la Réforme à Sion, les haines et la méfiance envers les Jésuites diminuèrent. Sous l'épiscopat de l'évêque de Sion, François-Joseph Supersaxo (1701-1734), avec l'appui des autorités de Sion, des démarches furent entreprises le 23 décembre 1733 pour un retour de la Compagnie au collège de Sion

Après la mort de l'évêque, la réponse du Général de la Compagnie arriva de Rome et les Jésuites s'installèrent au Collège de Sion en 1734.

Le collège se développa sous l'autorité des Jésuites jusqu'en 1773, année de la dissolution de l'Ordre, suite à la publication de la fameuse Bulle pontificale du 21 août 1773, "Dominus et Redemptor", du Pape Clément XIV.

Remarquons que durant leur présence à cette époque, les Jésuites transformèrent l'ancienne résidence épiscopale en 1758, pour y créer un théâtre pour le collège, actuellement appelé "Théâtre de Valère".

Les pères purent continuer leur enseignement sous la protection des autorités de la ville de Sion jusqu'en 1788. Cela ne fut pas le cas au collège de Brigue qu'ils quittèrent en 1774.

Rappelons que le 24 mai 1788, un important incendie ravage la ville de Sion et se propage jusqu'au château de Tourbillon qui n'est plus qu'une ruine. Le château restera l'état, suite aux troubles traversés par le Valais dont en particulier, la défaite des Patriotes en 1798, qui entraîna le pillage et la ruine de la ville de Sion.

Le second retour des Jésuites

Pour recueillir l'esprit, la morale et réunir, en partie, les membres dispersés de l'ancienne compagnie de Jésus, le père Nicolo Paccanari, fonda en Italie en 1798, une nouvelle Congrégation qui pris le nom de "Société des Pères de la Foi".

Rapidement une convention entre le Grand Bailli de la Société et la Diète de la République du Valais fut signée pour un retour rapide des enseignants en Valais. Ce fut le cas à Sion en 1806 et à Brigue en 1814.

Dès leur retour, les prêtres décidèrent la construction d'une nouvelle église, rattachée au collège. De nos jours, elle est appelée "L'église des Jésuites".

Le collège se développa sous la direction des Jésuites durant une quarantaine d'années.

1847, le Sonderbund, soit l'alliance de divers cantons catholiques (Lucerne, Fribourg, Valais, Uri, Schwytz, Unterwald et Zoug). Les troupes de ces cantons entrent en guerre éclair avec les troupes de la Confédération, conduites par le Général Guillaume-Henri Dufour.

La victoire des troupes fédérales mènera à la Constitution de 1848. Les cantons catholiques seront occupés par les troupes fédérales. Lucerne, Fribourg et le Valais se voient imposer des régimes à tendance radicale et l'une des décisions importantes fut de bannir les Jésuites de Suisse et donc du Valais.

L'enseignement devint une obligation cantonale et communale.

Cet article constitutionnel sur l'interdiction des Jésuites en Suisse fut aboli en votation populaire en 1973.

Sources:

- Feuille d'Avis du Valais 16 juin 1923 et 6 septembre 1957

- Essai sur l'Histoire du collège de Sion, abbé Jérôme Zimmermann, 1914

- Les Jésuites, Dictionnaire historique de la Suisse,

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Albin Salamin
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