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Frédéric Chopin, Sonate pour piano et violoncelle, op. 65, Hélène BOSCHI, piano, Milos SADLO, 1956

1 janvier 1956
Disques Le Chant du Monde
René Gagnaux

Frédéric Chopin, Sonate pour piano et violoncelle en sol mineur, op. 65, Hélène Boschi, piano, Milos Sadlo, violoncelle, 1956, Le Chant du Monde LD-M 8188 (1. Allegro moderato 10:46, 2. Scherzo: Allegro con brio 04:22/15:08, 3. Largo 03:34/18:42, 4. Finale: Allegro 06:08/24:50)

La sonate op. 65 est l'une des rares oeuvres pour le violoncelle qu'ait écrit Frédéric Chopin. Il termine de la composer en 1846 lors d'un séjour chez George Sand au château de Nohant, elle est publiée l'année suivante: ce sera le dernier opus édité de son vivant. Il semble - d'après la correspondance de Chopin - qu'une première audition privée eut lieu chez Chopin en mars 1847 pour la comtesse Delphine Potochka. L'oeuvre est dédiée au violoncelliste Auguste-Joseph Franchomme, proche ami de Chopin et l'un des plus célèbres violoncellistes français de l'époque, qui en donna la première audition publique chez Pleyel le 16 février 1848, avec le compositeur au piano (malgré ses qualités musicales, le premier mouvement, long et exigeant, fut retranché lors de cette première audition publique, Chopin se sentant peut-être trop épuisé pour le jouer en concert: il était déjà très marqué par la maladie, qui allait l'emporter l'année suivante).

Cette sonate est assez peu jouée, peut-être en raison de ses difficultés pianistiques comme aussi de la sobriété de la partie du violoncelle: l'accompagnateur - le piano - y brille souvent plus que le soliste, le violoncelle... Violoncelle et piano dialoguent de façon soutenue dans un langage souvent contrapuntique, rappelant l'admiration que Chopin portait à Bach.

Rodolphe Bruneau-Boulmier relève que "[...] c'est l'oeuvre qui a demandé le plus de travail au compositeur: les esquisses, les ratures et les manuscrits sont nombreux. C'est assez unique chez Chopin. [...]" cité du texte publié dans ce livret de ce CD Mirare.

Rodolphe Bruneau-Boulmier écrit plus loin: "[...] C'est une oeuvre introspective qui déroute tant elle est crépusculaire, de sa matière musicale automnale, elle annonce l'air d'autres planètes. Le premier mouvement est sans doute le plus insaisissable mélodiquement et harmoniquement, à tel point que Chopin l'écartera lors de son ultime concert. Si le début peut faire penser à Schubert, les contours mélodiques sont noyés, les harmonies déjà impressionnistes, ce Wanderer-là erre d'une manière fantomatique. Plus généralement, les tonalités sont mobiles, les accords instables, les chromatismes plus nombreux, les phrases musicales plus courtes, moins ornementées, le contrepoint est dense : Chopin propose ici une nouvelle façon d'écrire et penser sa musique. Comme Mozart annonçait de nouvelles idées avec les trombones de son Requiem, Chopin cherche de nouveaux chemins avec sa Sonate. Que l'homme soit malade ou épuisé physiquement, c'est une chose, mais l'énergie musicale est, elle, bien présente dans les oeuvres de fin de vie. [...]"

Comme courte description un extrait du texte publié au verso de la pochette du disque Chant du Monde LD-M 8188 (l'auteur du texte n'est pas indiqué):

"[...] La Sonate [...] commence par un «Allegro moderato» à deux thèmes. Chacun y est présenté immédiatement suivi de son propre développement: ornementation d'une ou plusieurs cellules de thème, accélération et modification rythmique et surtout imitations emtre les deux instruments et apparitions de formules mélodiques, ou de virtuosité, ayant valeur de contre sujets et développés comme tels. L'une de ces formules secondaires ramène une réexposition de dimensions strictement identiques mais où l'écriture est souvent plus dense, le contrepoint plus riche encore. C'est dans ce mouvement que l'on décèle le mieux l'expression de l'amour que portait Chopin à J.S.Bach. [...] Alors que le développement du second thème était légèrement moins long que celui du premier, une courte coda rétablit, à la fin du mouvement, un équilibre idéal.

Le «Scherzo» qui suit est écrit dans la tonalité du quatrième degré de l'«Allegro». D'une écriture apparemment beaucoup plus simple, il est d'une grande difficulté d'exécution. Issu d'une cellule du thème initial, le «Trio» est une mélodie accompagnée où les dessins arpégés de la main droite du piano sont continuellement modifiés: leur régularité rythmique, par contre, maintient une pulsation qui évite tout hiatus avec le «Scherzo». Celui-ci réapparait ainsi très naturellement. De tout le mouvement se dégage plus qu'un simple jeu: un sentiment de légèreté, d'envolée spirituelle, malgré certaines nuances «forte».

Le troisième mouvement, «Cantabile», est un court «Largo», écrit d'un seul élan au relatif majeur du premier mouvement. C'est un dialogue intime entre les deux instruments, entre les deux amis pourrait-on croire. D'un lyrisme retenu, il est dans le sentiment d'un «Nocturne».

Le «Finale», «Allegro», revient au sol mineur du premier mouvement. C'est un «Rondo» d'une grande vivacité, d'une intensité rythmique sans repos où le second thème a la fierté si caractéristique des Polonaises de Chopin. Et la joie, aussi, que l'on sent insufflée à tout ce mouvement oblige à rappeler l'immense espoir que Chopin avait ressenti face au mouvement de libération qui souleva alors le centre de l'Europe et dont il espérait le rétablissement de sa patrie bien-aimée.

S'il est inutile de retracer ici le détail du langage de Chopin, il faut cependant insister sur un dépouillement qui a pu dérouter certains. Mais précisément, comme l'a écrit Cortot «... de quoi est fait l'enrichissement de l'oeuvre de Chopin dans les dernières années de sa vie, sinon du scrupule harmonique, de l'épuration progressive du style, de la simplification raisonée des moyens d'expressions? ...» [...]"

<a href=""></a>LD M 8188 Verso Extrait 01
Hélène BOSCHI enregistre cette oeuvre avec Milos SADLO pour le label «Le Chant du Monde», le dépôt légal de la Bibliothèque Nationale de France indique 1958 comme année de parution du disque Chant du Monde LD-M 8188. La première parution est toutefois un peu plus ancienne, étant mentionnée dans la revue The Gramophone de juillet 1956, en page 41: "[...] a Sonata for cello and piano (Milos Sadlo and Hélène Boschi), are featured on a Chant du Monde disc. [...]". Je n'ai pas pu trouver de date pour l'enregistrement lui-même.

L'enregistrement que vous écoutez:
Frédéric Chopin, Sonate pour piano et violoncelle en sol mineur, op. 65, Hélène Boschi, piano, Milos Sadlo, violoncelle, 1956, Le Chant du Monde LD-M 8188
1. Allegro moderato 10:46
2. Scherzo: Allegro con brio 04:22/15:08
3. Largo 03:34/18:42
4. Finale: Allegro 06:08/24:50

Chant du Monde LD-M 8188 -> WAV -> léger à moyen DeClick avec ClickRepair, des réparations manuelles -> MP3 320 kbps, restauration effectuée par moi-même: l'enregistrement est donc de ce fait libre de droits d'autres personnes ou sociétés, le disque étant paru pour la première fois il y a plus de 50 ans (droit voisin), et le compositeur et autres ayants droits décédés il y a plus de 70 ans (droit d'auteur).

Pour les mélomanes désirant avoir cet enregistrement sur leur ordinateur, vous pouvez télécharger ce fichier en format FLAC - donc comprimé sans pertes - sur cette page de mon site.

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René Gagnaux
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11 octobre 2015
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