La maquette du navire Alabama de la salle de la Chancellerie est belleviste
M. William Vought, domicilié depuis de nombreuses années à Bellevue, n’est guère satisfait par la maquette de l’Alabama située dans la salle de la Chancellerie d’Etat. Il est spécialiste en la matière puisqu’il a à son actif nombre de pièces d’une précision remarquable et pratique ce loisir depuis bien des décennies. Il trouve la réalisation un peu grossière.
Sur sa demande, le Conseil d’Etat entre en matière mais n’est prêt à consacrer qu’un budget dérisoire, anti proportionnel à l’intérêt porté pour ce projet. En effet, M. Vought n’a pour seule rémunération que le remboursement du matériel utilisé pour la réalisation de cette maquette. Lorsque l’on sait qu’il lui faut jusqu’à 3 ans et minimum 1'000 heures de travail pour venir à bout de chaque réalisation, on se rend compte du passionné qu’il est. Qu’à cela ne tienne, il le dit lui-même, ce n’est pas le résultat qui importe, c’est la manière de trouver comment résoudre un grand problème par la décomposition de plusieurs petites solutions.
Il accepte donc le défi qu’il a initié et quelques mois plus tard, la maquette est inaugurée dans la vitrine où elle trône aujourd’hui encore. William Wright, petit-fils du commandant de l’Alabama, fera le déplacement depuis Paris pour la cérémonie et sera à tel point charmé par le travail accompli qu’il commandera son exacte réplique à M. Vought. Le commanditaire pensait l’avoir en quelques semaines mais quand le maquettiste lui annonça un délai d’une année, il fût surpris. Il faut préciser que le maquettiste belleviste part de matériaux bruts essayant la plupart du temps de créer chaque pièce lui-même. Il guette l’entretien de certaines essences d’arbres comme le buis qui se prête très bien à la confection de tous petits détails. Pour la seconde maquette ce fût plus facile au vu de sa fraîche expérience de la première.
Comment en est arrivé M. Vought à réaliser des maquettes ? Tout d’abord, il a habité près d’une base navale au Maryland aux Etats-Unis ce qui lui a sans doute donné le goût de ce qui navigue. Côté maquettes ensuite, il a commencé avec 2 boîtes de pièces toutes faites. A sa troisième maquette, il décide tout de suite de faire ses propres pièces et fût ainsi piqué par sa passion. Il se spécialise particulièrement dans les voiliers de guerre du XVII au XIXème siècle. Passant de galions espagnols à des frégates anglaises, il n’exclue toutefois pas les bateaux d’eau douce. Réaliser la Neptune, très peu pour lui, trop s’y sont déjà attelés, il recherche la difficulté !
Il s’est essayé à des compositions en plastique mais il est vite revenu au bois qui lui offre plus de plaisir à travailler. Il utilise également de préférence la couleur naturelle du bois. Il vernit ou peint ses maquettes le moins possible, cela atténue les détails de la matière. Il travail également le métal pour toutes les charnières, canons, lanternes, etc. qui composent un navire. Sa cave est colonisée d’outils miniatures.
Outre le matériel et les outils, il faut de la documentation et M. Vought s’en est pourvu à foison à travers le temps. Abonné à des revues, il avoue souvent profiter d’idées issues des maquettistes de train (et même de petites pièces parfois), beaucoup plus prolifiques. L’arrivée d’internet lui a foncièrement facilité la tâche grâce aux forums de discussion. Il lui arrive également de contacter des musées (notamment à Londres, Washington) pour obtenir, contre finance, des copies de plans. Il se pourvoie aussi de livres entièrement consacrés aux plans et descriptions des navires mais, plus étonnant, il se plonge volontiers dans des romans d’aventure. Il est d’ailleurs critique à leur égare et remarque parfois des erreurs. Il sait distinguer la partie romanesque de la partie technique. Pourtant, il considère que la partie romancée apporte une certaine dimension à son travail technique mais ne succombant tout de même pas à la mode ! Aux différentes périodes de sortie des films de pirates, il a su rester proche de ses principes de détails historiques et techniques. Il n’aime pas trop les bateaux de pirates tels qu’ils sont présentés dans les films car ce sont toujours des navires de guerre alors qu’en réalité il s’agissait de navires marchands équipés d’armement.
A part ses maquettes qu’il réalise principalement l’hiver, M. Vought jardine beaucoup et a réalisé de nombreux travaux dans sa maison. En somme, il est polyvalent, à la fois intellectuel et manuel. De profession ingénieur en électronique, il a su trouver un exutoire artistique dans ses maquettes mais ce touche-à-tout considère aussi que son hobby lui a servi dans toutes les facettes de sa vie. Il résume en appliquant toujours le principe : Constat du problème et connaissance de la technique amènent au résultat.
M. Vought a exposé une seule fois nombre de ses maquettes au salon du nautisme de Palexpo ainsi qu’à la salle Colovracum mais ce n’est pas vraiment ce qui l’intéresse, il aime construire. A l’heure de l’écriture de ces lignes (mars 2012), M. Vought est sur la plus grosse maquette qu’il n’ait jamais entamée. Elle fera 1m30 de longueur une fois terminée. Pour l’instant, la structure d’un tiers de la coque est réalisé, il reste encore bien du travail !
Quant à l’Alabama, elle ne sera remplacée dans la salle de la Chancellerie qu’à condition d’une meilleure réplique, avis aux amateurs et bonne chance
M. Vought est décédé en octobre 2015.
Photographies (de gauche à droite) :
Cérémonie d’inauguration de la nouvelle maquette
La maquette trône désormais dans la vitrine de la salle de la chancellerie
M. George Bouvier maire de Bellevue (de 1983 à 1995), M. William Wright descendant du capitaine de l’Alabama, M. William Vought maquettiste, M. Robert Cramer Conseiller d’Etat (de 1997 à 2009).
Référence :
Pour de plus amples renseignements sur l’Histoire de ce navire corsaire et de cette salle qui porte son nom, veuillez consulter l’article de la feuille d’avis officielle du 24 août 2007 (1ère de couverture) : http://www.ge.ch/fao/2007/20070824.asp
Sources :
Entretien oral avec M. William Vought (mars 2012)
Fonds photographique G. Bouvier
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