C.-F.RAMUZ, I.STRAWINSKY, L'Histoire du Soldat, OSR, E.ANSERMET, 1952
C.-F.RAMUZ, I.STRAWINSKY, L'Histoire du Soldat, OSR, E.ANSERMET, 1952
La troisième partie d'un hommage à Michel SCHWALBÉ - entretien avec Jean-Pierre ROUSSEAU (*) - rediffusée le 20 février 1999 dans l'émission « Horloge de sable » de la Radio Suisse Romande et récemment - juillet 2018 - mise en écoute libre dans les magnifiques archives de la Radio Télévision Suisse - était entièrement consacrée à L' Histoire du Soldat de Charles-Ferdinand RAMUZ et Igor STRAWINSKY.
(*) voir cette page (https://www.notrehistoire.ch/medias/114446) du site de Notre Histoire.
Une représentation restée légendaire en fut donnée le 17 avril 1952 dans la Salle de la Réformation de Genève, à l'occasion d'un congrès organisé par les Jeunesses Musicales de Suisse, heureusement enregistrée intégralement par la Radio Suisse Romande et conservée dans ses archives. Un ensemble formé de premiers pupitres de l'Orchestre de la Suisse Romande (voir le détail un peu plus bas), Jean VILLARD-GILLES comme récitant - qui avait participé à la première audition de l'oeuvre en 1918, mais dans le rôle du Soldat - François SIMON - le fils de Michel SIMON - dans le rôle du Soldat et William JACQUES dans celui du diable, jouaient sous la direction d' Ernest ANSERMET. William JACQUES était en plus responsable de la mise en scène, reprenant le texte d'une représentation de 1946 - qui avait été supervisée par Charles-Ferdinand RAMUZ, peu avant sont décès.
Deux échos de cette représentation, publiés dans le Journal de Genève du 18 avril et la Gazette de Lausanne du 29 avril:
- le premier compte-rendu est de Franz WALTER , le chroniqueur musical bien connu du Journal de Genève:
"[...] Faute de pouvoir parler en détail, comme elle le mériterait, d'une telle oeuvre - dont l'essentiel a déjà été dit et redit - et de son interprétation, je me vois contraint de verser dans le style du compte rendu, car il est impossible de ne pas citer tous les protagonistes d'un tel spectacle où chacun partage une responsabilité si totale. Du moins dirai-je combien le choix était heureux, dans les circonstances présentes, de cette oeuvre qui non seulement fait date dans l'histoire de la musique et du théâtre contemporains, mais qui naquit sur nos rives d'une merveilleuse fusion entre le génie de l'Est et de l'Ouest. Et je dirai aussi combien cette Histoire du Soldat est encore et toujours capable, par delà son affabulation burlesque ou surréaliste, voire absurde, de nous captiver, nous charmer, nous ébaubir. Mais que je dise surtout l'exceptionnelle réussite de cette représentation d'hier, offerte à 17 heures aux congressistes des J. M., et le soir (dans une meilleure acoustique) au grand public.
Il y avait évidemment Ernest Ansermet - dont le nom reste associé dans cette Histoire à ceux de Ramuz et Strawinsky - et qui à lui seul, par le propre plaisir manifeste qu'il prend à se jouer de la partition, nous procure le premier plaisir, et le plus délectable. Il est vrai qu'avec des musiciens tels que Michel Schwalbé entouré de Hans Fryba, Léon Hoogstoël, Henri Helaerts, Paolo Longinotti, Pierre Aubapan et Charles Peschier, il est possible d'extraire tout le suc de cette étonnante partition où l'esprit de la musique foraine rejoint celui de la musique de chambre.
Il y avait également les décors d'Auberjonois qui, eux aussi, restent associés au souvenir de la création de l'Histoire du Soldat. Côté cour et jardin - ou plutôt côté tréteaux - nous retrouvions François Simon, qui semble être né pour incarner la silhouette du Soldat, et William Jacques, qui s'est révélé non seulement très bon Diable - je dirai même parfait - mais qui de surcroît avait assumé une mise en scène qui m'a parue être de l'esprit le meilleur. Quant au rôle du lecteur, deux souvenirs très vivaces planent encore sur lui dont il est difficile de se débarrasser: celui d'Elie Gagnebin et celui de Ramuz lui-même. Tous deux ont marqué ce personnage d'une sorte d'empreinte indélébile qui n'était pas sans peser quelque peu sur les épaules de l'excellent Gilles (qui, on l'a rappelé, fut aussi de la création, mais sous la figure du Diable). Enfin, la partie chorégraphique était assurée par deux artistes, eux aussi vraiment exceptionnels: Violette Verdy, d'une grâce et d'une fraîcheur incomparables, et Jean Bernard Lemoine, sobre et viril, ainsi qu'auteur avisé de la chorégraphie.
F. W. [...]"
- le second compte-rendu est signé J.-P. Robert, chroniqueur de la Gazette de Lausanne:
"[...] Tout autant que la première soirée et davantage peut-être en raison de son caractère exceptionnel, celle du lendemain fut un véritable triomphe de l'âme et de l'esprit. C'est qu'on y représentait l'Histoire du Soldat, due à cette collaboration unique entre Strawinsky et Ramuz. Le choix était heureux de cet ouvrage - l'un des plus purs chefs-d'oeuvre nés au théâtre sur la terre romande - où l'esprit et la tradition latine du conteur, du peintre et du chef d'orchestre se marie si subtilement à l'accent slave de la légende et de son musicien. Le peintre, c'était Auberjonois, dont on retrouvait les décors originaux aux tons pastels; chacun constitue un précieux poème; le chef, c'était tout naturellement Ernest Ansermet, dont le nom dans cette Histoire est inséparable désormais de celui de Strawinsky et de Ramuz.
Côté plateau, on avait fait appel à Gilles qui, s'il ne fit pas oublier Elie Gagnebin, lequel marqua le personnage du lecteur d'une empreinte indélébile, soutint néanmoins son rôle avec une sobriété de bon aloi et un respect infini pour le rythme et l'esprit ramuziens. MM. François Simon et William Jacques - ce dernier ayant réglé de surcroît une excellente mise en scène - furent, qui un Soldat touchant de naïveté, qui un Diable parfait; cependant que, venue des Ballets des Champs-Elysées, une danseuse exceptionnelle de grâce et de charme, Mlle Violette Verdy, et un grand sujet de l'Opéra de Paris, M. J.-B. Lemoine, assumaient la partie chorégraphique.
Admirable meneur de jeu au sein du petit ensemble auquel Strawinsky a confié la réalisation des parties instrumentales, le violoniste Michel Schwalbé fut hallucinant de virtuosité et d'autorité, comme d'ailleurs tous ses camarades qui firent oublier par leur maîtrise les difficultés particulières de la partition. On ne peut que regretter que tant d'efforts restent sans lendemain et qu'un spectacle aussi parfaitement mis au point ne s'en aille promener sur les routes de notre pays, «... entre Denges et Dénezy...» [...]"
Ces documents sont rendus accessibles grâce à l'admirable banque de données «LE TEMPS Archives Historiques», qui est en accès libre sur la toile, une générosité à souligner!
Minutage des principales séquences de l'émission:
- 00:00 Présentation de L'Histoire du Soldat de Charles-Ferdinand Ramuz et Igor Strawinsky, drame en 2 parties pour 3 acteurs, violon, contrebasse, clarinette, basson, cornet à piston, tromba et percussion, Jean Villard-Gilles, récitant, François Simon, le soldat, William Jacques, le diable, membres de l'Orchestre de la Suisse Romande (Michel Schwalbé, violon, Hans Fryba, contrebasse, Léon Hoogstoel, clarinette, Henri Helaerts, basson, Paolo Longinotti, cornet à piston), Pierre Aubapan, trombone, Charles Peschier, percussions), Ernest Ansermet, 17 avril 1952, Salle de la Réformation, Genève
- 03:26 Première partie de l'Histoire du Soldat
- 30:25 Troisième partie de l'entretien de Michel Schwalbé avec Jean-Pierre Rousseau
- 41:54 Deuxième partie de l'Histoire du Soldat
Pour écouter l'enregistrement ou une de ses parties, aller sur cette page des archives de la Radio Télévision Suisse (https://www.rts.ch/play/radio/lhorloge-de-sable/audio/hommage-a-michel-schwalbe-33?id=9735139): dans la barre-temps au bas de la boîte-audio, saisir le curseur avec la souris et le positioner au minutage désiré - les minutages sont donnés ci-dessus, soit pour la première partie à 03:26 et pour la seconde partie à 41:54.
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