Henri Dunant, Apôtre de l'humanité
Henri Dunant, Apôtre de l'humanité, 1828-1910
L'avenue Henri-Dunant, à Genève, longe la plaine de Plainpalais entre le carrefour des vingt-trois cantons et le rond-point de Plainpalais.
Né le 8 mai 1828 à Genève, Henri Dunant voue son temps aux pauvres et aux infirmes. Fondateur de la « Réunion du Jeudi » (dont le but est le partage d'un idéal de foi entre jeunes), puis de l' « Union de Genève » qui devient l' « Union chrétienne de jeunes gens » (UCJG) en 1852, le jeune Henri fait déjà preuve d'une rave conviction dans l'action charitable. Il recrute des adhérents, organise des conférences, ouvre un club de lecture et ne tarde pas à étendre son réseau de contacts dans toute l'Europe.
Parallèlement, le jeune homme poursuit ses écoles, notamment au Collège Calvin, non sans quelques soucis. Piètre collégien, il est placé en 1849 en apprentissage chez les banquiers MM. Paul-Elysée Lullin et François-Auguste Sautter de Beauregard.
Devenu commis, il entre en 1853 au service de la Compagnie genevoise des colonies suisses de Sétif en Algérie, où il fait ses premières armes. Ss initiatives construction de villages, paiement des ouvriers, etc. - illustrent à nouveau son engagement et sa créativité.
Conquis par l'Algérie et la Tunisie que ses voyages lui font découvrir, Henri Dunant acquiert en concession dans la province de Constantine une terre qu'il met en valeur dès 1858 en construisant des moulins à blé, en irrigant les terres et en les cultivant. Cependant la Société des moulins du Mons-Djémila sera quelque peu mise en péril par l'administration française, qui tarde à lui octroyer l'autorisation d'exploiter la chute d'eau nécessaire au bon fonctionnement des moulins. Henri Dunant décide donc d'obtenir une audience auprès de l'empereur des Français, Napoléon III. C'est ainsi qu'il rejoint l'Italie du nord où l'empereur conduit avec son allié le roi de Piémont-Sardaigne Victor-Emmanuel II, ses troupes contre l'Autriche. La bataille de Solférino a lieu le 24 juin 1859. Blessés et mourants sont abandonnés sur le champ de bataille, sans eau, entassés dans la boue, à peine soignée par des services sanitaires complètement dépassés. Devant cette menée sanglante, Henri Dunant oublie ses soucis algériens. Achetant du linge, des pansements, de la nourriture et des cigares, il lave les plaies, recueille les dernières paroles des mourants et ose persuader le quartier général de Napoléon III de libérer les médecins autrichiens afin qu'ils soignent leurs coreligionnaires. Ces quelques jours passés à Castiglione au service des autres auront suffi à bouleverser la vie d'Henri Dunant.
Exorciser l'horreur et l'intense émotion se fera par l'écriture. Un souvenir de Solferino, qui paraît en octobre 1862, livre trois propositions : constituer en temps de paix des sociétés de secours dont le but serait de porter secours aux blessés en temps de guerre, recruter et former des infirmiers et infirmières qui seraient reconnus par les armées, et enfin formuler « un principe international, conventionnel et sacré » dans un texte officiel signé et respecté par les gouvernements d'Europe. Résonnant comme un véritable cri d'indignation, ce livre trouve un écho partout, dans les cours européennes, dans les ministères et les rédactions : les félicitations pleuvent sur Henri Dunant. Cependant un seul homme saura véritablement entendre l'appel de Dunant, c'est Gustave Moynier, président de la Société genevoise d'utilité publique. Grâce à son soutien, le « Comité international et permanent de secours aux militaires blessés en temps de guerre », composé du Général Dufour comme président, du Dr. Louis Appia, du Dr. Théodore Maunier, de Gustave Moynier et d'Henri Dunant comme secrétaire, voit le jour en février 1863. Ce comité deviendra en 1875 le fameux « Comité International de la Croix-Rouge » (CICR).
Une fois les premiers principes élaborés, il s'agit pour le Comité d'inciter les véritables acteurs à les adopter. Ainsi Henri Dunant entreprend-il, grâce à un travail acharné, de convoquer les représentants des gouvernements européens à une conférence diplomatique. Le 22 août 1864 est signé à la salle de l'Alabama à l'Hôtel-de-Ville la première « Convention de Genève », qui entérine notamment la neutralité des équipes soignantes te le signe distinctif garantissant sécurité et efficacité aux secours. Véritable étape dans l'histoire de l'humanité, cette signature place Henri Dunant à l'apogée du succès.
Malgré tous les honneurs, Henri Dunant ne déjouera pas les tourments du destin. En effet ses affaires en Algérie piétinent. En 1867, la cour de justice de Genève le condamne à rembourser un million de francs à ses créanciers. Contraint à démissionner du « Comité international et permanent de secours aux militaires blessés en temps de guerre » et réfugié à Paris, Henri Dunant n'abandonne pas, mais sa philanthropie est trop avant-gardiste. Des projets tels qu'une bibliothèque qui travaillerait à la diffusion des chefs d'œuvre littéraires (future UNESCO), le repeuplement de la Palestine par le peuple juif, la protection des prisonniers de guerre (2ème Convention de Genève, 1929), l'abolition de l'esclavage et une Croix-Rouge de la paix qui interviendrait en cas de fléau (épidémie, incendies, inondations, etc.), ne trouveront pas l'écho escompté. En 1875, Henri Dunant disparaît de la scène politique.
C'est le temps de l'errance et de la solitude .De l'Alsace à l'Italie, il finit par échouer à Heiden, à proximité du lac de Constance, en 1892. Le docteur Hermann Altherr l'accueille et le soigne dans son hôpital.
Quatre ans plus tard, un jeune journaliste y découvre un homme oublié de tous. L'article qu'il consacre au fondateur de la Croix-Rouge fait le tour de l'Europe. Signe de reconnaissance et aides restaurent l'honneur perdu d'Henri Dunant. Renouant avec ses amis d'antan, il se fait chantre de pacifisme mondial dans des revues pacifiques et dans un livre antimilitariste, L'avenir sanglant, qui ne paraîtra jamais.
La consécration finale viendra en 1901 : pour la première fois le prix Nobel est décerné, et c'est Henri Dunant qui le partage avec Frédéric Passy, fondateur et président de la « Société française pour l'arbitrage entre nations ». Vivant désormais dans la reconnaissance universelle, il passe les neuf dernières années à Heiden, Appenzell Rhodes Extérieures, dans le calme et s'éteint le 10 octobre 1910 à l'âge de quatre-vingt-deux ans.
Texte tiré du livre : Des noms et des rues célèbres à Genève édité par la Chancellerie d'Etat.
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