Le "bètsong" de foin
ANNIVIERS, Vissoie
Même pas peur du rhume des foins
C'était en 1973. J'explorais les différents quartiers de Vissoie, ce village niché au cœur du Val d'Anniviers. Par un samedi matin de mars, alors que je me trouvais dans le hameau des Landoux, au nord du bourg, mon attention fut captée par un homme marchant le long de la route principale, portant sur sa tête un imposant fardeau de foin. Il ne semblait pas le moins du monde accablé par son lourd chargement.
Photo : Charly Arbellay
Et quand une voiture de touristes ralentissait pour le dévisager, il offrait un sourire pour la pose.
Je fus pris d'étonnement. Comment, à notre époque de mobilité, pouvait-on encore transporter de telles charges sur ses épaules et sa tête ? En discutant avec les gens du coin, j'appris que c'était une pratique courante chez les paysans de montagne, le moyen le plus efficace de conduire le foin jusqu'à l'étable.
15 jours plus tard...
Quinze jours sont passés et, à ma grande surprise, c'était une femme qui transportait le foin au même endroit.
Photo : Charly Arbellay
Coiffée d'un foulard blanc, vêtue d'un tricot mal boutonné, d'une jupe noire et de grosses bottes de travail, elle marchait sans voir que je la prenais en photo, la nuque trop courbée. Embarrassé par mon indiscrétion, je lui offris mon aide. « Merci, mais ce n'est pas nécessaire. Le foin paraît imposant, mais il est léger », répondit-elle avant de poursuivre son chemin imperturbable.
- Selon Simon Epiney, il s'agirait de "Louise Theytaz, épouse de Robert de Vissoie qui avait l'habitude de transporter le foin des Landoux près du garage jusqu'à l'écurie de Vissoie".
- Michel Savioz a puisé dans sa collection de documents pour nous proposer :
Depuis, je défends à chaque instant ces jardiniers et jardinières des Alpes qui moissonnent nos prairies avec tant d'effort.
Encore aujourd'hui, ils accomplissent un travail remarquable pour un salaire modeste, et si nos paysages sont magnifiques, c'est bien grâce à leur labeur !
Cher monsieur Pierre-Marie Epiney
Voilà une très belle histoire avec en prime le son des cloches et les belles images prises par notre très apprécié photographe Charly Arbellay
Amitiés Renata
Jardiniers et jardinières des Alpes… le mot est tellement juste!
Le cliché du porteur de foin ou de la porteuse me fait penser aux photos d'Oswald Ruppen qui saisit des usages anciens - menacés de disparition - dans une modernité en marche. Saisissant contraste et photo document d'archives.