L'ancienne route d'Euloz, un vestige du passé de Fully
A la découverte d'un chemin muletier empierré, délimité par deux cordons de ravine
L'ancienne route d'Euloz, est un plaisant chemin empierré, construit entre les talus naturels formés par deux cordons de ravines. Oublié aujourd'hui, ce couloir montant vers Ban Lantière faisait partie du chemin d'Euloz qui partait du pont du Rhône et reliait la plaine à l'alpage de Sornio.
Route principale avant 1880, le chemin d'Euloz desservait la plupart des villages du coteau et les Hauts de Fully. Si c'est encore la voie principale sur la carte de 1930, elle disparaît totalement sur celle de 1960 - d'autres routes plus commodes ayant été ouvertes - pour être redécouvert comme sentier de randonnée (inclus partiellement dans le sentier de la Sylve et du Goliath).
Sur la carte topographique de 1931, cet ancien chemin d'Euloz est située à gauche de la mention Châtaigner. http://www.notrehistoire.ch/photo/view/25734/
Ce chemin risque de disparaître rapidement.
Son tracé actuel est coupé avant le passage du torrent par l'impressionnante et vitale digue de la Ravine Neuve, mise en place après la grande coulée de lave en 2000.
Le chemin en contrebas de la digue.
Au sommet, elle quitte son tracé endigué et coupe à travers plusieurs cordons de ravine. Les bords du chemin ayant été rabotés et élargis par le passage de machines, il est difficile de savoir de visu, si les talus avaient été façonnés en continu et si on avait constitué un remblai devant ces ouvertures.
Abandonné depuis des décennies, il n'est plus entretenu et a du servir de point d'accès au couloir de la Ravine pour des machines de chantier. Une ouverture a été ménagée dans un bord pour y entrer depuis la route carrossable, et son remblai est a été complètement arrasé, comme on le constate ci-dessus.
La forêt qui envahi les digues du chemin est en train de le détruire. Que ce soit par les racines qui décèlent les pierres ou la chute d'arbres, déracinés par le poids de la neige ou les dernières tempêtes. La terre et l'humus s'accumulent sur la chaussée qui a presque disparu sous eux.
Les sentiers qui le rejoignent ont gardé une forme très discrète, juste un sillon destiné à passer la crête facilement sans l'abaisser, comme celui de droite, ci-dessus, juste marqué par des feuilles.
Outre sa vocation de route principale, il semble avoir eu de multiples usages ; circulation du bétail, couloir de charriage, chemin pour les luges, et peut-être même d'amenée d'eau.
Les tas de pierres présents ici et là sur les cotés du chemin m'ont beaucoup intrigués; sont-ce des restes d'empierrement ? des reposoirs pour les hottes ?
Les forestiers ont eu beaucoup de travail cet hiver, les tempêtes et le poids de la neige ayant cassé ou déracinés beaucoup d'arbres, surtout dans ces corridors que sont les torrents et les dévaloirs.
Le niveau des bords varient constamment. En approchant de la châtaigneraie, son coté est est à nouveau entamée par un accès vers la route carrossable. La forêt de feuillus mêlée de conifères des hauts laisse la place aux bosquets.
et débouche sur les premiers châtaigniers, d'en haut du Salo.
On a presque rejoint la Croix du Saloz, le torrent traversé plus haut par le chemin réapparaît maintenant. Il est possible de voir de plus près le Torrent du Saloz et la première route carrossable de Euloz ici :
http://www.notrehistoire.ch/photo/view/37637/
La croix du Saloz, suite à la spectaculaire coulée de lave de 2000, à été déplacée un peu à l'est de son emplacement originel, la digue ayant été élevée sur celui-ci .
http://www.notrehistoire.ch/photo/view/37636/
et nous arrivons à la place du Saloz
http://www.notrehistoire.ch/photo/view/39242/
L'état actuel du chemin
J'ai fait une petite recherche à différents endroits pour savoir si l'empierrement était du au hasard ou s'il avait fait l'objet d'une mise en place locale ou générale. Il me semble que celui-ci existerait encore sur presque tout le parcours, depuis l'entrée de la châtaigneraie ( vers 530 m. d'altitude) au village de Planuit( 1125 m. d'altitude ).
Ici, nous avons effectué un déblayage superficiel à plusieurs endroits. La couverture du chemin y semble intermittente sur quelques dizaines de mètres (arrachée par le passage de machines ?)
Tandis que plus bas, vers le Saloz, l' empierrement semble présent partout sous une faible couche de terre.
Le chemin dans la châtaigneraie
Outre le chemin lui-même qui se poursuit à travers la forêt de châtaigner, avec son empierrement bien visible par endroit, il subsiste quelques autres éléments intéressants au Saloz ; des restes de murets, deux anneaux scellés dans une pierre gravée d'une croix, d'autres croix de tailles et formes diverses gravées sur des pierres ou dans des murs, deux citernes, et un vieux châtaigner creux -aux Avasiers- dont j'aimerai bien connaître l'âge,...
…. est au croisement d'autres chemins empierrés de Fully
Par la suite, je me suis rendue compte que plusieurs chemins pédestres de Fully (probablement tous les chemins important non carrossable sur les cartes d'avant 1900) ont la même allure, tout en révélant de façon plus nette qu'ils sont empierrés. On les remarquent bien à Branson, aux Follatères, à Jeur Brûlée. Ils méritent d'être préservés, remis en état et intégrés dans le patrimoine "vivant" du village.
Mai 2012
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