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Manuel de FALLA, L'Amour Sorcier, Orchestre de la Suisse Romande, Ernest ANSERMET, octobre 1955, Victoria-Hall, Genève

octobre, 1955
Decca Records
René Gagnaux

Federico Sopeña écrivait que "[...] si être génial consiste à être original et diférent, L'Amour sorcier est alors l'oeuvre la plus géniale de Falla... Originale et différente est sans doute l'invention latente dans cette pièce qui fut présentée initialement comme une gitanería, composée pour faire briller le talent de cantaora et bailaora de Pastora Imperio, dans un spectacle basé sur un livret de María et Gregorio Martínez Sierra, dont la première fut donnée au Teatro Lara, à Madrid, le 15 avril 1915, sous la direction musicale de José Moreno Ballesteros.

Le compositeur imagina aussitôt l'existence postérieure de cette oeuvre comme pure musique de concert, et il en écrivit alors une version (1915- 1916) dont Arbós donna la première avec son Orchestre symphonique de Madrid dans cette même ville le 28 mars 1916.

La partition, qui connut de nombreuses vicissitudes, versions et révisions, tours et détours, prit finalement la forme d'un ballet, accompagné d'un orchestre de plus grande envergure. C'est ainsi adapté qu'elle fut donc rejouée au Trianon Lyrique à Paris, par la célèbre Antonia Mercé «La Argentina» et le maître Vicente Escudero, le 22 mai 1925, avec Falla lui-même dirigeant l'orchestre. Et cette version de ballet, avec une brève intervention d'un soliste vocal (quoiqu'il existe également une version sans voix), est la plus répandue dans le monde symphonique, éblouissant avec la fulgurance de ses célèbres danses, sa captation aiguë de la magie populaire andalouse, son approche du monde gitan et sa poésie et sensualité indéfnissables. Plus récemment, on récupéra et reconstruisit la version originale de 1915. Les abondantes adaptations instrumentales qui furent réalisées de plusieurs des fragments de L'Amour sorcier par des interprètes désireux de prendre part à un si savoureux gâteau donnent un aperçu des multiples aspects dont on peut jouir et que l'on ovationne de ce chef-d'oeuvre du répertoire espagnol. [...]"

Cité d'un texte de José Luis García del Busto (dans une traduction de Brigitte Jensen) publié dans le livret du CD MIR 219.

L'action se déroule parmi les gitans d'Andalousie, dans une atmosphère de superstitions et de sorcellerie: le fantôme de son ancien amant revient hanter Candela, son spectre surgit chaque fois qu'un autre tente de prendre sa place auprès de la gitane. Voulant aimer librement le jeune Carmelo, Candela parvient à détourner l'attention jalouse du Revenant vers une autre femme, qui se prête à la manoeuvre. La suite d'orchestre évoque les épisodes successifs dans treize numéros s'enchaînant quasiment sans interruption.

Un bref lever-de-rideau - Introducion y escena («Introduction et scène») - avec une petite fanfare aux timbres incisifs introduit "[...] En la cueva - La noche («Dans la cave des gitans - la nuit»): création d'atmosphère, avec de courts motifs aux vents sur les cordes graves. Cancion del amor dolido («Chanson de l'amour douloureux»): première intervention de la voix de mezzo-soprano qui décrit la passion amoureuse de l'héroïne. El aparecido («Apparition du Revenant») et Danza del terror («Danse de la frayeur»), suscitée par cette apparition. El circulo magico («Le cercle magique»): incantation destinée à exorciser le spectre [...]. Romance del Pescador («Romance du pêcheur»): douce mélodie de ton mélancolique. Danza ritual del fuego («Danse rituelle du feu»). Escena («Scène»), formant transition sur le motif de l'Introduction; Danza del juego del amor («Danse du jeu d'amour»), danse lente et sensuelle dont le violon solo trace le thème mélodique; Pantomima («Pantomime»). Cancion del fuego fatuo («Chanson du feu follet»), dans laquelle la voix soliste compare l'amour à un feu follet. Final - Las campanas del amanecer («Finale - les cloches du matin»): ultime et courte intervention du mezzo-soprano, et beaux effets de cloches qui font s'évanouir les sortilèges nocturnes. [...]"

La page la plus spectaculaire, et certainement aussi la plus connue, est la «Danse rituelle du feu» - dansée à minuit par Candelas: "[...] elle fut inspirée à Falla par un chant de forge gitan qui, selon la tradition, devait éloigner les mauvais esprits pendant le travail du métal. Thème donné par le hautbois, repris en tutti, avec des trémolos de cordes (le feu) et la scansion rythmique du piano (le métal frappé). L'orchestre, qui s'en tenait jusqu'alors aux évocations, se fait ici beaucoup plus descriptif (par imitation des bruits de forge), - jusqu'à l'accélération finale, d'une extraordinaire puissance rythmique dans sa frénésie furieuse. [...]" les citations ci-dessus proviennent du Guide de la Musique Symphonique publié sous la direction de François-René Tranchefort.

Sur ce disque publié par «DECCA» en 1956, Ernest ANSERMET dirige son Orchestre de la Suisse Romande.

La soliste est Marina de GABARAIN, contralto. L'enregistrement date d'octobre 1955 et paraît pour la première fois en mai 1956 sur le disque Decca LX 3151 - resp. en octobre 1956 sur le disque London LL 1404.

Bien qu'enregistré en mono et en stéréo (Victor Olof et Gil Went, pour la mono, James Walker et Roy Wallace pour la stéréo: à cette époque du début de la stéréo, les prises de son mono et stéréo étaient certes simultanées, lors des mêmes sessions, mais faites par deux équipes différentes), cette dernière ne fut toutefois publiée qu'en février 1961 sur le disque SXL 2260. Je ne connais pas la raison de cette parution tardive: très certainement d'ordre technique, car la plupart des autres prises de son stéréo de ces sessions d'octobre 1955 n'ont jamais été publiées en stéréo, mais uniquement en mono (La Danse Espagnole de la Vie Brève de De Falla, l'Habanera de Chabrier, Le Gopak (Sorochyntsi) de Mussorgksi). Seuls les enregistrements en stéréo de la Marche Écossaise et du Clair de Lune de Debussy ont été publiés, toutefois très tard, en octobre 1973*(dans le coffret SDDK 396-8 consacré à des oeuvres de Debussy dirigées par Ernest Ansermet)*, donc bien après le décès d'Ernest Ansermet. Il est donc fort possible que ce soit Ernest Ansermet lui-même qui ait posé son veto à la parution en stéréo: si une personne visitant cette page devait en savoir plus, toutes informations m'intéressent -> couriel!

L'enregistrement que vous écoutez...

Manuel de Falla, El Amor Brujo, Marina de Gabarain, Orchestre de la Suisse Romande, Ernest Ansermet, octobre 1955, Victoria Hall, Genève

01. Introduction et scène____________00:43 (-> 00:43)

02. Dans la cave - La nuit____________01:43 (-> 02:26)

03. Chanson de l'amour douloureux_01:31:600 (-> 03:57:600)

04. L'apparition)

05. Danse de la frayeur ______________02:19 (-> 06:16:600)

06. Le cercle magique_______________02:33 (-> 08:49:600)

07. Romance du pêcheur ____________00:25 (-> 09:14:600)

08. Danse rituelle du feu_____________03:51 (-> 13:05:600)

09. Scène_____________________________00:58 (-> 14:03:600)

10. Chanson du feu follet_____________01:38 (-> 15:41:600)

11. Pantomime_______________________04:44 (-> 20:25:600)

12. Danse et chanson du jeu d'amour_02:48:670 (-> 18:27:270)

13. Finale - Les cloches du matin_____01:17 (-> 19:44:270)

Provenance: Decca LX 3151

Recto de la pochette d'une réédition du disque mono

Recto de la pochette du disque stéréo SXL 2260

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René Gagnaux
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12 mai 2017
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