Peter TSCHAIKOWSKI, Concerto no 1, Op. 23, Nikita MAGALOFF, SFSO, Günther WICH, 1969
Peter TSCHAIKOWSKI, Concerto no 1, Op. 23, Nikita MAGALOFF, SFSO, Günther WICH, 1969
Sur la photo de couverture: Günther WICH et Nikita MAGALOFF
Peter Tschaikowski commença de composer ce concerto en 1874, et le termina en février de l'année suivante. Nicolai Rubinstein aurait du en donner la première audition... En automne 1874, lorsque Tschaikowski lui soumet la partition tout juste achevée, le concerto fut très mal reçu par Rubinstein, qui le jugea - entre autres acerbes critiques - comme étant injouable. Ses citiques blessèrent profondément Tschaikowski: "[...] Il en ressortit que mon concerto ne valait rien, qu’il était injouable, que les passages sont plats, maladroits et tellement malcommodes qu’il est impossible de les améliorer, que l’oeuvre en elle-même est mauvaise, que j’ai volé des choses à droite et à gauche, qu’il n’y a que deux ou trois pages qui peuvent être conservées, mais que tout le reste doit être abandonné ou complètement remanié [...]" traduit de sa lettre à Nadejda von Meck, 1878.
Heureusement, Hans von Bülow, autre grand pianiste de l'époque, n'était par contre pas du tout du même avis, et en assura la première audition à Boston le 13 octobre 1875, avec l'orchestre symphonique de cette ville sous la direction de Benjamin Boston Lang. C'est pourquoi le concerto fut dédicacé à Hans von Bülow, en place de Nicolai Rubinstein. Après un accueil triomphal à New York et Saint-Pétersbourg, le concerto connut sa première audition moscovite en 1878 avec... Nikolaï Rubinstein lui-même, qui entre-temps avait totalement changé d'opinion: ce concert devait symboliser sa réconciliation définitive avec le compositeur.
Au cours des années qui suivirent, le concerto ne cessa pas d'être joué en Russie comme aux États-Unis, établissant la renommée du compositeur. L'oeuvre fut revisée pendant l'été 1879, puis en décembre 1888: la majeure partie des différences concerne l’écriture pianistique, qui évolue vers plus de brillance et d’éclat, essentiellement dans le premier mouvement (le compositeur était encore novice dans l’art du concerto, il était bon pianiste, mais n’avait rien d’un prodige du clavier). Ce premier mouvement représente à lui seul presque les trois cinquièmes de l’oeuvre, et a des allures de feu d’artifice pianistique.
"[...] Superbement déclamatoire pour certains, emphatique pour d’autres, son motif initial – qui compte parmi les airs les plus connus de la musique classique – ne laisse personne indifférent. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, il ne constitue pas le premier thème de la classique forme sonate, mais joue un rôle d’introduction; il est présenté sous différents jours, depuis le thème de cordes entrelacé d’un piano massif du début aux accords heurtés du piano juste soutenu de pizzicati qui suivent, pour finir sur une péroraison où se joignent les masses orchestrales et le soliste.
C’est une sorte de choral aux vents qui annonce le véritable thème, une course irrégulière d’octaves pianistiques d’abord légers, inspirés d’un motif populaire ukrainien; à ce galop répondent deux thèmes plus lyriques, aux bois puis aux cordes. Le développement suivant fait la part belle au pianiste, qui se voit réserver plusieurs passages de virtuosité, sans négliger pour autant les pages orchestrales; une évolution fondue mène à une réexposition raccourcie puis à la véritable cadence (que bien des passages quasi solo préfiguraient), rhapsodique à souhait, utilisant volontiers les ressources du registre aigu, avant une coda puissante.
Il y avait parfois dans le premier mouvement quelques accents lisztiens; l’«Andantino» central, lui, prend indubitablement des airs de Chopin, notamment dans le charmant thème de flûte sur «pizzicati» de cordes qui en forme la première partie. L’atmosphère y est champêtre, une impression créée tant par l’utilisation des instruments à vent (flûte puis hautbois) que par le «falsobordone» des cordes en quintes à vide ou les tierces parallèles de la petite danse paysanne. Au centre, un passage «allegro vivace assai», où le piano joue les anguilles tandis que l’orchestre entame le thème joyeux et léger d’une chansonnette d’origine française, selon Modest, le frère du compositeur.
Quant au finale, il est tout bonnement bondissant, avec ses phrases enchaînées, ses ornements enjoués, ses piquants contretemps et ses fanfares orchestrales; un second thème, plus lyrique, vient répondre au premier motif, faisant de ce tableau, comme l’explique André Lischke, une sorte de «scène chorégraphique entre la danse populaire russe et le ballet classique». Il se clôt en apothéose sur le deuxième thème: ce sera aussi le cas du Concerto n° 2 de Rachmaninov et c’est diablement efficace. [...]" cité d'un texte d'Angèle LEROY.
Pour plus de détails, lire par exemple ce «guide d'écoute»
Dans cet enregistrement datant de 1969, Günter WICH dirige le «Südfunk Sinfonieorchester» - rebaptisé en Radio-Sinfonieorchester Stuttgart des SWR en 1975, hélas disparu en 2016 suite à la fusion avec le «SWR Sinfonieorchester Baden-Baden und Freiburg» pour former le nouveau «SWR Symphonieorchester» -, le soliste est Nikita MAGALOFF.
L'enregistrement que vous écoutez...
Peter Tschaikowski, Concerto pour piano no 1 en si bémol mineur, Op. 23, TH 55, Nikita Magaloff, «Südfunk Sinfonieorchester», Günther Wich, 1969
- Allegro non troppo e molto maestoso 19:07 (-> 19:07)
- Andantino semplice 06:17 (-> 25:24)
- Allegro con fuoco 06:41 (-> 32:05)
Provenance: Radiodiffusion, archives SWR
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