J.S. BACH, Concerto No 5, BWV 1050, Edmond DEFRANCESCO, flûte, Andrée WACHSMUTH-LOEW, violon, Edwin FISCHER, piano, OCL, Edwin FISCHER, 1948
J.S. BACH, Concerto No 5, BWV 1050, Edmond DEFRANCESCO, flûte, Andrée WACHSMUTH-LOEW, violon, Edwin FISCHER, piano, OCL, Edwin FISCHER, 1948
Pour une courte présentation, voir cette page de Notre Histoire.
Présentée sur cette page, une splendide perles des archives de la Radio Télévision Suisse RTS provenant d'un concert donné le 25 octobre 1948 par l'Orchestre de Chambre de Lausanne sous la direction d'Edwin FISCHER. Au programme de ce concert:
➣ Johann Sebastian Bach, Concerto en la majeur pour piano et orchestre à cordes
➣ Johann Sebastian Bach, Ricercare à six voix, repris (et arrangé) par Edwin Fischer de l'Offrande musicale
➣ Johann Sebastian Bach, 5e concerto brandebourgeois
➣ Jean-Baptiste Pergolèse, Concertino en fa mineur
Le compte-rendu publié le lendemain dans la „Feuille d'avis de Lausanne“ en page 22, signé „Henri Jd.“, très certainement Henri JATON:
"[...] Edwin Fischer et l'OCL
La musique pure ne saurait être qu'une abstraction, une vue de l'esprit, contraire à la pente naturelle de notre psychologie. Il faudrait plaindre le poête qui ne se griserait que de la magie des mots, ne tenterait aucune description pittoresque ou plastique, insensible qu'il serait aux domaines variés des sensations. En fait les arts se sont toujours interpénétrés et c'est bien plutôt dans la mesure, l'équilibre de celte «collaboration» qu'il faut chercher une perfection.
Mais il y a des périodes impures, dont il convient de sortir. C'est peut-être pourquoi les faiseurs de recettes (gens des plus utiles, nécessaires et dont nous ne saurions médire) ont inventé cette formule de «l'art pur», qui vaut comme antidote, pas plus.
La question se pose. avec Bach. Faut-il l'interpréter, par exemple, linéairement, avec une désespérante égalité de la ligne, une rigueur toute calviniste, voire mécanique? A-t-on le droit au contraire, chez ce continuateur, qui présenta la somme géniale des oontrapuntistes de plusieurs générations mais qui fut aussi le précurseur d'un Honegger ou d'un Schoenherg, a-t-on le droit de le greffer de romantisme? L'une et l'autre de ces altitudes nous paraissent erronées. La musique de Bach doit être animée d'un constant rubato, discret mais faisant valoir les traits et cela d'autant plus qu'à l'orgue et au clavecin la nuance dynamique était restreinte. Celle musique doit être vivante, sans tendre pour cela à un romantisme exagéré.
Mais, à notre époque où, comme on l'a dit, l'éxécutant est devenu un interprète, on ne saurait s'enfermer dans une formule. Ce qui importe, c'est que cet interprète, en tout respect de l'oeuvre, parle lui aussi en poète. Nous irions par ailleurs jusqu'à admettre que l'on nous raconte une petite histoire, même avec Bach. Ce qui ne serait pas si faux puisque le cantor s'était forgé un véritable vocabulaire musical où chaque motif possède une signification propre, littéraire (voyez Albert Schweitzer).
Ce qui compte c'est le «pouvoir» d'une interprétation, singulièrement son pouvoir émotionnel car le moment n'est pas encore venu s'il doit venir jamais, où l'homme-robot, machine à penser, ferait abstraction de l'émotion. En ce domaine, M. Edwin Fischer est un maître.
Comme il se saisit de Bach! Comme, avec génie, il le pétrit, le sculpte, l'anime! Parfois surgit même Beethoven. Ce n'est qu'un éclair. L'arabesque, pure, se dessine merveilleusement équilibrée jusque dans ses échappées les plus audacieuses, qui ne sont là que pour mettre en valeur des ciselures délicates, à moins que ne soient les secondes qui soulignent les premières ou, plus probablement les deux qui s'équilibrent et soient aussi indispensables l'une à l'autre que l'ombre l'est à la lumière.
Un très grand maître. Il s'empare de l'orchestre comme il s'empare de son texte, ou encore comme il le modèle au piano puisqu'il avait choisi ce soir-là (lundi au Théâtre) des oeuvres avec piano obligé, qu'il jouait tout en dirigeant.
Mais quel plaisir ce doit être pour les instrumentistes que de se soumettre à un tel chef, puisque aussi bien il les entraîne (irrésistiblement) à une véritable collaboration. C'est à peine si, un instant, dans le Concerto brandebourgeois en ré majeur, une partie des violons reprend les tutti avec une violence qui tendrait vers la vulgarité. Aussitôt le génie de Fischer s'impose et les conduit à l'expression énergique (et quelle énergie!) mais expressive de beauté (pure, celle-là).
Les moments de joie intense éprouvés par ce concerto, si souvent entendu, toujours plus beau, on les doit beaucoup aussi à Mme WACHSMUTH-LOEW et à M. DEFRANCESCO. Quels artistes et quelle finesse, quelle poésie, qelle mesure rigoureuse dans l'expression! (*)
On se demande parfois si les Lausannois sont conscients de leur privilège? Rares, mêmes dans les grandes capitales, sont des concerts d'une telle perfection, rares sont de tels musiciens ou encore un tel orchestre. Mais, fort heureusement, on peut répondre par l'affirmative: il n'y avait plus une place vacante, ce lundi.
[...]
Succès triomphal, bien entendu. [...]"
(*) Dans son compte-rendu publié ce même 26 octobre dans la Gazette de Lausanne, „Ed.H.“ précise: "[...] À leurs noms de solistes, il faut joindre celui de Paul BURGER, dont le commentaire du mouvement lent, pour effacé qu'il puisse sembler, était d'une rare et sensible pertinence. [...]"
L'oeuvre majeure de ce concert...
Johann Sebastian Bach, Concerto Brandebourgeois No 5 en ré majeur, BWV 1050, Edmond DEFRANCESCO, flûte, Andrée WACHSMUTH-LOEW, violon, Edwin FISCHER, piano, Orchestre de Chambre de Lausanne, Edwin FISCHER, 25 octobre 1948, Théâtre Municipal de Lausanne
1. Allegro...........................................................................11:10 (-> 11:10)
2. Affetuoso - Adagio........................................................07:04 (-> 18:14)
3. Allegro...........................................................................05:34 (-> 23:48)
Provenance: Radiodiffusion, Archives de la Radio Télévision Suisse
Victor DESARZENS enregistra cette oeuvre pour le disque deux ans plus tard à Paris, avec Isabelle NEF au clavecin, et également Edmond DEFRANCESCO, flûte, Andrée WACHSMUTH-LOEW, violon, et son OCL: voir cette page de Notre Histoire.
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