Caisses à savon
En Suisse romande, une dizaine de compétitions villageoises rythme la saison des caisses à savon. Construire un bolide est une activité transgénérationnelle qui permet à de nombreux talents de s'exprimer: génie mécanique, peinture et pilotage. Mais d'où vient au juste ce sport low cost ?
Une caisse convertible
L'origine des caisses à savon est à chercher du côté des États-Unis et plus particulièrement du côté de l'Ohio. Dans les années 1930, un industriel vend et distribue ses savons dans des caisses. Il a l'astucieuse idée de placer dans celles-ci un plan de démontage qui permet de récupérer les planches pour fabriquer une voiturette. Cette solution de fortune rencontre immédiatement le succès.
En Europe, il faut attendre la fin de la Seconde Guerre mondiale pour que le concept se répande. C'est par les bases militaires américaines que l'innovation se propage.
Le hit des années 1950
Ces engins à quatre roues, munis d'un volant et de freins (parfois actionné par des ficelles), propulsés par la seule force de gravité sur des pentes plus ou moins sinueuses font fureur. Si l'esprit de compétition est présent, c'est surtout pour s'amuser que les pilotes, âgés de 5 à 88 ans préparent leurs bolides.
En 1955 à Sion, l'Avenue des Mayennets est prise d'assaut lors de la première course en Valais. Le Nouvelliste rapporte l'effervescence qui gagne la foule et salue l'inventivité des participants:
Bien avant le départ, le public se pressait nombreux pour encourager les jeunes concurrents. Chacun admirait la manière dont nos enfants avaient construit leur bolide.
Comment construire sa voiture ?
Dans les années 1950, la caisse à savon est un jouet étonnamment accessible. Issu de la récupération, il met en oeuvre les aptitudes techniques et artistiques des enfants. L'esprit de camaraderie et d'entraide qui naît de la fabrication des engins est dans l'air du temps et colle à l'esprit scout qui séduit à cette même époque la jeunesse.
La conception des bolides est le résultat d'un travail d'équipe, souvent mené en famille ou avec l'aide du voisinage. Parents, amis ou grands-parents prêtent main forte aux enfants et se trouvent à leur tour embarqués dans l'esprit de la course.
Une aubaine pour la presse
Les journaux et les publicitaires de l'époque ne s'y trompent pas, la caisse à savon à la cote ! Banago, la boisson chocolatée, n'hésite pas à utiliser le prétexte d'une course de caisse à savon pour vendre sa boisson aux enfants.
Du côté de La Sentinelle, journal socialiste, c'est l'esprit de construction qui prime. Un mode d'emploi destiné au jeune publique donne quelques tuyaux pour profiler sa voiture et lui donner une carrosserie digne de ce nom.
Sources
Article Wikipédia "Caisse à savon" (consulté le 8 juin 2023)
Ellen Weigand, "Des générations pour les caisses à savon", in Générations, cahier n°80, 2016 (consulté le 8 juin 2023).
"Fête populaire d'automne en faveur de la construction des Églises", in Le Nouvelliste, 3 octobre 1955 (e-newspaperarchives.ch/?a=d&am..., consulté le 8 juin 2023).
Publicité Banago dans Le Nouvelliste, 20 novembre 1958 (e-newspaperarchives.ch/?a=d&am..., consulté le 8 juin 2023).
"Ouvrier en herbe", in La Sentinelle, 22 août 1959 (URL: e-newspaperarchives.ch/?a=d&am..., consulté le 8 juin 2023).
Chère madame Valérie Clerc, merci pour ce partage d'un sport drôle, bien connu et très apprécié par beaucoup d'entre nous. Il vous faudra toutefois revoir vos trois derniers liens qui aboutissent pour l'instant sur un 404. Merci de les mettre en route et que ça roule !
Amicalement Renata
Chère Renata, la correction a été faite, merci de votre sagacité!