Courrier des lecteurs, paru dans "Le Confédéré", 20 mars 1946

20 mars 1946
A.F.C
Laurent de Weck

"Elle était une petite fille de cinq ans quand je la vis pour la première fois. Elle avait de beaux cheveux noirs, des yeux magnifiques, et tout le monde l'aimait parce qu'elle était déjà très intelligente.

Elle me donnait des bonbons en me racontant de très jolies choses. Dix ans passèrent: je n'entendis plus parler d'elle. Un jour, une amie m'invita à une représentation théâtrale au Pensionnat Saint-Joseph.

La pièce était monotone, je la suivais en pensant à autre chose, quand un nouveau personnage entra en scène. Tout changea alors et la pièce devint intéressante. La fin arriva très vite, je m'adressai à une Soeur pour lui demander si je l'avais bien reconnue, si c'était bien elle, Suzanne Delacoste. La Soeur me répondit froidement que je ne pouvais pas la voir, que c'était l'heure du souper. Je partis, un peu déçue, mais avec une espèce de joie profonde, une certitude.

Suzanne Delacoste avait un talent rare, un jour elle quitterait le costume des pensionnaires et ferait parler d'elle. Et ce fut le silence, dix ans passèrent à nouveau. On ne parlait pas de Suzanne Delacoste. En rentrant de Paris un jour, dans une gare, une force mystérieuse me pousse à acheter une revue: je l'ouvre au hasard, sur une histoire délicieuse, signée Suzanne Delacoste. Quelle surprise et quelle joie j'éprouvais alors!

Et depuis, quel chemin parcouru! Son premier roman - "Les Jardins clos" - est là, devant moi: ma plume est bien incapable de dire la somme de talent que renferme cet ouvrage, si fin, si merveilleux, si plein d'exquise sensibilité.

Suzanne Delacoste, vous avez beaucoup d'amis qui attendent votre prochain livre." A.F.C.

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Laurent de Weck
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12 juin 2012
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