Edmond-Henri Crisinel (1897-1948) est l’un des poètes les plus marquants de Suisse romande. Alectone et texte en prose soulignent le drame de cet homme discret, fragile, qui créa une oeuvre poétique peu abondante mais d’une grande densité. La prose poétique d’Alectone, écrit sur plusieurs années, souligne l’horreur de l’ "univers inhumain" d’un hôpital psychiatrique. Alectone, du nom donné à une patiente dont les cris le tenaient éveillé la nuit, femme réelle et mythique, fille de colère et de compassion, résume la teneur d’une œuvre déroutante mais à la portée universelle. En complément, les autres textes constituent un hommage à son compagnon décédé, des souvenirs d’enfance mais aussi des pages pleines d’humour et de nostalgie.

Né à Faoug le 2 janvier 1897, E.-H. Crisinel fait des études à Lausanne, où il se distingue par sa culture littéraire, musicale et artistique. En 1919, il débute une année de préceptorat à Zurich (1919), mais il est atteint d’une grave dépression qui nécessite une hospitalisation. Après son rétablissement, il détruit ses poésies de jeunesse et commence une longue carrière de journaliste à La Revue de Lausanne, marquée par des périodes de maladie. Ses recueils les plus marquants sont Le Veilleur (1939), Alectone (1944) et Nuit de juin (1945), sans oublier Feuillets du Sagittaire et Le bandeau noir (1949). Interné à la Métairie à Nyon, il échappe à la surveillance de ses gardiens et choisit de se noyer dans le Léman le 25 septembre 1948.