Les malades du sanatorium de Malvilliers

Les malades du sanatorium de Malvilliers

14 octobre 1914
Inconnu
Stéphane Thurnherr

Photographie tirée en format carte postale montrant les malades du sanatorium de Malvilliers, datée et commentée au dos :

« Malvilliers, le 14 - 10 - 14

À ma grande nièce Emma,

Je t’envoie un petit souvenir de mon éternel séjour. Cette photo représente les malades de Malvilliers, sauf le photographe qui est un des nôtres.

Donne bien le bonjour à tous pour moi et je pense que vous êtes bien rentrés lundi.

Comme toujours, je me porte bien et vous embrasse tous.

Ton oncle Ami »

Le sanatorium pour tuberculeux a été créé en septembre 1898 par Carl Russ-Suchard, qui a dirigé l’entreprise Suchard de 1884 à 1924.

Dans le National Suisse du 25 septembre 1898, on trouve une description du sanatorium :

« Comme ce sanatorium, un des premiers établis dans le Jura, est une œuvre d'actualité et du plus haut intérêt pour le canton de Neuchâtel, nous pensons que les quelques renseignements qui suivent seront reçus avec plaisir par les lecteurs du National.

A une attitude de 860 mètres et à quelques pas de la route cantonale reliant Boudevilliers aux Hauts-Geneveys, le Sanatorium de Malvilliers est adossé au pied de la chaîne de Tête-de-Ran, à proximité immédiate d'épaisses forêts de sapins qui le protègent contre les vents du Nord. C'est un bâtiment spacieux de deux étages. Sur le rez-de-chaussée, contenant de nombreuses chambres à coucher de un ou deux lits, la plupart exposées au midi, cuisine, salle de bains et toutes les dépendances nécessaires. Le côté ouest comprend dans toute sa largeur, au rez-de-chaussée la salle à manger, au premier étage, une terrasse, fermée en partie, où les pensionnaires pourront rester couchés exposés à l'action bienfaisante de l'air des forêts. Le chauffage est fait par la vapeur à basse tension, l'éclairage par le gaz acétylène, dont le générateur fonctionne dans une annexe établie, par raison de sécurité, à une vingtaine de mètres du bâtiment principal. L'alimentation en eau est assurée par une source située en contre-bas du Sanatorium, mais élevée par une pompe à air chaud à 30 mètres, dans un grand réservoir permettant la distribution dans toute la maison. Mentionnons encore un promenoir couvert, à la lisière de la forêt, jouissant d'une vue étendue sur le Val-de-Ruz et la chaîne des Alpes. Une vingtaine de pensionnaires pourront trouver asile toute l'année dans le Sanatorium à des prix non encore définitivement établis, mais qui seront à la portée de chacun. Ce nombre est évidemment très restreint, en comparaison de celui des tuberculeux de notre canton qui pourraient avoir recours à ce mode de traitement ; aussi le fondateur n'a-t-il eu en vue que de préparer les voies à l'établissement cantonal proposé par M. le Dr Pettavel, de faire une station d'avant-garde, dont les expériences pourront être utilisées avec succès dans bien des domaines. Ajoutons que le Sanatorium ne pourra recevoir que des hommes et qu'il ouvrira probablement ses portes en octobre prochain. Grâce à l'initiative philanthropique de M. Russ-Suchard et à ses belles installations, nombre de malades qui ne peuvent supporter les frais d'un séjour à Davos, à Leysin ou dans d'autres établissements similaires, trouveront, à proximité de leur famille, l'occasion de faire quelques mois de ce traitement, reconnu actuellement le plus efficace contre la tuberculose, puisqu'il donne en moyenne de 13 à 14 % de guérisons et de 50 à 60 % d'améliorations. »

Le sanatorium sera transformé en maison d’éducation pour enfants retardés en 1929, par la Société neuchâteloise d’utilité publique qui a reçu les bâtiments des descendants de Carl Russ-Suchard (1838-1925).

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