PERSONNALITE GENEVOISE

A St-Luc dans le Valais, l’humoriste Bernard Haller avait peur des souris !

Témoignage de Charly-G. Arbellay, texte et photos.

Un humoriste de talent

Acteur, humoriste, scénariste, homme de théâtre, Bernard Haller (1933-2009), est une personnalité genevoise bourrée de talents mais oubliée. Trop vite oubliée ! Depuis qu’il nous a quittés, le fantaisiste est absent des médias. Le comique a pourtant eu un palmarès incroyable que peu de Romands peuvent inscrire sur une carte de visite. Voyez plutôt : Bernard Haller a joué dans trente longs-métrages et sept courts-métrages. Il a doublé six films dont La Balade des Daltons, puis Les Daltons en cavale avec Rantanplan de la série imaginée par le René Goscinny et Albert Uderzo. L’artiste genevois, c’est encore trente émissions de télévision. Il a joué dans six pièces de théâtre, est devenu scénariste à deux reprises et a assuré un millier de représentations, la plupart à guichets fermés. Connu dans le music-hall français, belge, canadien, n’a-t-il pas eu un énorme succès lors de sa tournée des universités américaines francophones ?

L’arme secrète : refuge en Valais

Bernard Haller avait une arme secrète. Lorsqu’il était démoralisé, lorsque le blues frappait à sa porte, il se réfugiait en Valais. Dans le Val d’Anniviers précisément. Il possédait un chalet en mélèze à St-Luc.

• Bernard Haller devant son chalet de St-Luc.

Avec sa famille, ses enfants et ses amis, il restait un comique même en vacances, interprétant pour eux ses meilleurs sketchs dont le Petit Chaperon Rouge et l’Automate.

• Bernard Haller en compagnie de ses enfants à St-Luc.

Chaque matin, le boulanger de Vissoie, Alcide Epiney lui apportait des baguettes de pain serties de noisettes qu’il adorait.

Ma rencontre avec Bernard Haller

C’est en accompagnant Alcide que j'ai fait sa connaissance le 2 mars 1969. « J’ai emmené avec moi un photographe » lui a annoncé le boulanger Alcide. « Ça tombe bien, je vais justement sculpter un bonhomme de neige avec mes enfants », a répondu Bernard Haller. Et l’artiste de se prêter à toutes les facéties. Puis, il m'a interpellé : « Savez-vous pourquoi mon chalet est construit sur pilotis ?" Puis, avec un accent genevois bien appuyé : « J’ai une trouille… mais une trouille pas possible des souris », et de rire aux éclats.

• Bernard Haller sur un pilotis de son chalet.

« J’aime bien être ici et surprendre les gens. A St-Luc, (1655 à 1839 m/altitude) je domine le monde et je suis inspiré. Certains villageois ont un accent chantonnant comme dans le Sud et les personnes âgées, un français rocailleux, un peu vieille France. C’est épatant ! » Puis il insiste encore :« J’adore mon boulanger ! Il est merveilleux. C’est la première fois que j’entend ce prénom. C’est un grand artiste du pétrin » (rires).

La dernière représentation de Bernard Haller a eu lieu en 1983 à Sierre à la salle de la Sacoche. Il jouait à guichets fermés. Bernard Haller nous manque !

Les photos parlent d’elles-mêmes.

• Alcide Epiney, maître boulanger à Vissoie.

Voir aussi ce document signalé par Michel Savioz :

Baron de Monflacon (1)

1 décembre 1968

ainsi que toute la galerie que la radio télévision suisse romande a consacrée à Bernard Haller à cette page.

Des sketches de Haller sur Internet :

1. L'automate, voir à cette page.
2. Le sermon du pasteur à la cathédrale de Genève, voir à cette page.